Le chèque de l’état est au courrier
Plan de relance budgétaire américaine, 4ème phase
L'événement : Mercredi 10 mars, la Chambre des représentants américaine a adopté le projet de loi de relance budgétaire supplémentaire de 1900 milliards USD de l'administration Biden.
Ce dernier plan comprend une nouvelle série de paiements directs soumis à des conditions de moyens pouvant atteindre 1400 USD pour la plupart des adultes américains, un supplément hebdomadaire pouvant atteindre 300 USD d'allocations de chômage fédérales, une autre tranche de 350 Milliards USD d'aide aux gouvernements régionaux et locaux ainsi qu’une expansion des crédits d'impôts pour les enfants.
Historique : Ce dernier plan de dépenses fait suite aux premiers programmes de dépenses du gouvernement américain adoptés en mars et avril 2020, lorsque le gouvernement américain a adopté trois principaux plans de secours (dont le CARES Act) et un plan supplémentaire totalisant près de 2800 milliards USD.
La loi CARES prévoyait un versement ponctuel direct en espèces de 1200 $ par personne, plus 500 $ par enfant, une extension des allocations de chômage aux personnes licenciées, aux travailleurs en temps partiel et aux indépendants jusqu'au 31 décembre 2020 et 600 USD supplémentaires d’allocation de chômage par semaine jusqu'au 31 juillet 2020.
En décembre 2020, le Congrès américain a adopté un projet de loi de relance et de secours de 900 milliard d'USD joint au principal projet de loi de budget, dont un chèque direct de 600 USD par personne pour les adultes gagnant jusqu'à 75’000 USD par an.
Effets sur la croissance : Avant même l'adoption de ce dernier projet de loi de relance budgétaire américain, BNP Paribas Wealth Management tablait sur un taux de croissance robuste de 4,2 % du PIB américain pour 2021, tandis que les prévisions du consensus évoluaient progressivement jusqu'à 5 %, selon Bloomberg. Nos prévisions économiques mondiales sont en cours de révision, principalement aux États-Unis, mais aussi pour les principaux partenaires commerciaux susceptibles d'être revus à la hausse.
Notons qu'avec l'adoption de ce projet de loi, l'OCDE prévoit désormais une croissance du PIB américain de 6,5 % cette année (une énorme révision à la hausse par rapport à leur prévision de 3,2 % en décembre 2020), ce qui porte la croissance du PIB mondial à 5,6 %.
Selon l'OCDE :
« Les importantes mesures de relance budgétaire aux États-Unis, ainsi qu'une vaccination plus rapide, pourraient doper la croissance du PIB américain de plus de 3 points de pourcentage cette année, avec des retombées positives sur la demande chez les principaux partenaires commerciaux. »
L'effet de l'inflation ? Cela pourrait avoir à terme un effet à la hausse sur les taux d'inflation américains. Il faut garder à l'esprit que le point de départ reste relativement bas. La mesure globale privilégiée par la Réserve fédérale de l'inflation américaine, le déflateur des dépenses de consommation privées, est à seulement 1,5 %. Cela reste très en deçà de l'objectif de 2 % d'inflation en moyenne à moyen terme de la Fed. Un niveau que l'on n'a plus vu aux Etats-Unis depuis fin 2018.
En outre, il est peu probable que l'inflation des salaires pose problème à court terme, compte tenu du manque de pénurie de main d'œuvre dans l'économie américaine. Ceci est mis en évidence par le taux de chômage plus large U-6 (inclus les travailleurs découragés). Il est de 11,1 %, le plus haut niveau depuis le début de l'année 2015 et encore presque deux fois plus élevé qu'avant la crise (voir graphique 1). Un indicateur à suivre est l'enquête de la NFIB (National Federation of Independent Business) et notamment pour les « emplois difficiles à pourvoir », ainsi que des statistiques sur le nombre de personnes travaillant à temps partiel mais voulant travailler à temps plein. Les nouvelles demandes d'allocations chômage sont également essentielles car elles sont disponibles chaque semaine.
L'inflation fait également partie du mandat de la Réserve fédérale et influence grandement les taux à long terme. Nous regarderons les anticipations d'inflation des consommateurs (enquête de l'Université du Michigan) car une forte hausse impacte les négociations salariales et peut avoir une composante auto-réalisatrice. Les dernières données montrent toujours une hausse relativement modérée.
Conclusions du marché : Outre la forte baisse des taux d'infection et d'hospitalisation du Covid-19 aux États-Unis, ces dépenses publiques supplémentaires, conjuguées à une réouverture rapide de l'économie américaine, de la consommation et des services, devraient doper les services aux consommateurs et notamment la distribution, le tourisme et les loisirs. L'élément déclencheur clé sera l'évolution de la confiance des consommateurs. Elle est toujours à la traîne et un fort rebond serait le signe que les taux d'épargne pourraient finalement baisser, accélérant les effets multiplicateurs (voir graphique 2).
A ce stade, nous maintenons notre prévision de rendement inchangée à 1,40 %. Nous supposons que la Réserve fédérale réduira fortement les anticipations du marché quant à la date de la prochaine hausse des taux.
Toutefois, le paiement direct supplémentaire de 1400 USD aux ménages à revenus faibles et moyens pourrait également alimenter les flux d'investisseurs particuliers vers les actions américaines « prisées », notamment Big Tech (les FAANG), « Special Purpose Acquisition Vehicles » et les valeurs affichant des scores de sentiment social élevés (provenant de sites Internet tels que Twitter, Reddit, TikTok et Facebook), comme l'indique l'indice buzz NextGen AI US Sentiment Leaders.
Ce nouveau plan de relance budgétaire devrait être un catalyseur global positif pour les secteurs cycliques de la consommation et liés à l'investissement aux États-Unis, mais aussi pour les entreprises internationales liées à la consommation américaine, comme les fabricants asiatiques de biens de consommation, les entreprises de semi-conducteurs et les sociétés européennes de fournitures pour le bâtiment.