Les marchés actions sont-ils surévalués ?

Les actions internationales ne sont que peu inférieures à leurs pics de février L'indice MSCI AC World est actuellement inférieur de seulement 2 % au pic atteint en février 2020, avant la crise du Covid-19. Après une consolidation en juin, il a poursuivi son ascension en juillet. De nombreux investisseurs ont commencé à s'inquiéter et cherchent maintenant à savoir si les valorisations sont devenues tendues et si les marchés boursiers sont vulnérables. Nous essayerons ici de répondre à certaines questions fréquemment posées concernant les marchés boursiers.
Le développement de vaccins pourrait-il surprendre à la hausse ? Sur plus de 250 candidats au vaccin dans le monde, 25 sont entrés dans des essais cliniques humains et 5 d'entre eux ont déjà des résultats prometteurs dans les essais de Phase I et II, selon un rapport de recherche de McKinsey. Les experts ont convenu que les vaccins contre le COVID-19 seraient probablement disponibles pour une utilisation sur des populations spécifiques entre le T4 2020 et le T1 2021. Grâce à des financements sans précédent et à des plateformes technologiques plus avancées, un grand nombre de vaccins est en cours d’intronisation, ce qui révèle des efforts de développement accélérés (historiquement, il fallait au moins 4 ans pour développer un vaccin). Les taux d'attrition historiques suggèrent également que ces nombreux efforts pourraient générer plus de 7 vaccins approuvés dans les prochaines années. Les fabricants de vaccins ont annoncé qu’ils ont les capacités cumulées suffisantes pour produire jusqu'à 1 milliards de doses d'ici fin 2020 et 9 milliards de doses d'ici fin 2021 (et dépasser ainsi les besoins des 7,8 milliards d'habitants de la planète).
Lorsque les premiers signes d’un vaccin viable émergeront, les analystes devraient revoir à la hausse leurs prévisions de croissance économique et de bénéfices des entreprises. Compte tenu des espoirs et des attentes concernant un éventuel vaccin dans les mois à venir, le marché actions pourrait rester résilient et nous pourrions ne pas assister à une correction significative tant que cette bonne nouvelle ne sera pas réalisée (c'est-à-dire que le vaccin sera mis au point avec succès - « acheter les rumeurs, vendre les nouvelles »).
Une bulle Tech déjà vue ? Les Big 5 (Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet, Facebook *) du S&P 500 (en poids dans l'indice) ont gagné 58 % contre seulement 1 % pour le reste du S&P 500 au cours des 12 derniers mois. Il ne fait aucun doute que la concentration des actions du Big 5 a porté la valorisation globale du PE prévisionnel de l'indice à 22x, atteignant presque le pic de 25x en mars 2000, avant l'éclatement de la bulle technologique. Les valorisations élevées sont-elles justifiées ? Doit-t-on s'inquiéter d’un retour d’une bulle technologique ?
Comparé aux 5 premières entreprises lors de la bulle technologique en 2000 (PE forward 47x), les Big 5 aujourd'hui, qui se négocient actuellement à 34x, ne sont pas trop tendus. La marge nette du Big 5 est de 18 %, supérieure aux 11 % des 5 premières entreprises en 2000. De plus, les géants du Big 5 sont en position de trésorerie nette, par rapport aux 5 premières entreprises en 2000, qui avait un endettement net rapporté à l'EBITDA de 2 % pendant la période de bulle technologique.
Actuellement, les différents indicateurs financiers (sur 12 mois glissants) des Big 5 sont supérieurs au reste du S&P500, comme le montre le tableau ci-dessous. Par rapport aux standards historiques, l'écart de croissance des ventes entre le Big 5 et l'ensemble du marché est important. Ils disposent également de bilans sains et d'une trésorerie nette positive (dette nette négative par rapport à l'EBITDA).
Source : S & P, Factset, Thomson Financial, Credit Suisse, BNP Paribas WM, données au 1er août 2020
Pour le T2, le bénéfice par action (BPA) des Big 5 a progressé de 19 % contre -34 % pour l'indice global. Les méga-caps ont montré leur capacité à générer une croissance solide de leurs bénéfices alors que le reste du marché pâtit de l'impact négatif du COVID-19. En termes de rentabilité des capitaux propres, la technologie américaine, en général, est proche de 30 %, ce qui est nettement plus élevé que les autres régions du monde (23 %).
La solidité des fondamentaux explique les performances supérieures des méga-caps technologiques américaines et la hausse des multiples. L'écart de performance et de valorisation pourrait encore se creuser. Ces sociétés bénéficient d'un environnement de rendements faibles et de l’attractivité croissante de thèmes comme l'utilisation de la 5G, l’Inteligence Artificielle et le Cloud. Néanmoins, les résultats des élections américaines pourraient affecter leurs performances. En cas d’une victoire démocrate, elles seraient confrontées à des risques d'augmentation de la fiscalité et de régulation technologique.
* A titre d'illustration uniquement et ne représente aucune recommandation d'investissement.
Les liquidités abondantes soutiennent-elles les valorisations élevées ?
La politique monétaire ultra-accommodante et l'abondance de liquidités soutiennent la hausse des valorisations, mais elles doivent aussi être justifiées par de bons résultats à plus long terme. Pour les résultats du T2, les entreprises américaines et européennes ont dépassé les prévisions de BPA du consensus de +22,3 % et +7,4 % respectivement. Par conséquent, les estimations de bénéfices pour 2020 ont été ajustées à la hausse dans la plupart des secteurs aux États-Unis. Ces prévisions se sont ainsi fortement améliorées dans les secteurs de la consommation cyclique et de la santé. La poursuite de l'ouverture des économies et de de la politique monétaire accommodante, de nouvelles mesures de relance budgétaire et de potentielles nouvelles positives concernant les vaccins contre le COVID pourraient entraîner une nouvelle révision à la hausse des prévisions de bénéfices pour 2020 et 2021, ainsi que des multiples de PE potentiellement plus raisonnables (avec une hausse des bénéfices - le dénominateur du ratio P/E).
La dynamique boursière peut-elle se maintenir après un rebond de 48 % en 5 mois ? Le tableau présente les performances historiques sur 1, 3, 6 et 12 mois du S&P 500, après qu’il ait connu son plus fort rallye sur 50 jours. Les résultats semblent indiquer que les grands rebonds passés ont entraîné une poursuite de la vigueur du marché actions américain.
Source : Recherche LPL, Factset, BNP Paribas WM, données au 31 juillet 2020
Compte tenu des signes de plus en plus nombreux concernant le développement d’un vaccin contre le COVID et le rebond de l'activité économique, nous pourrions assister à une rotation des valeurs de croissance onéreuses vers des valeurs « value ». Les actions « value » ont surperformé lors des phases de reprise après les récessions de 2003 et 2009. La rotation vers la valeur pourrait voir son rebond durer plus longtemps.
En conclusion, le développement de vaccins, la solidité de la liquidité et l'amélioration des bénéfices sont les catalyseurs positifs pour le marché actions. Toutefois, dans le même temps, le COVID, les élections américaines et les tensions géopolitiques demeurent les principaux risques que les investisseurs devront surveiller. C'est pourquoi nous continuons de recommander une stratégie « barbell » - pour rester investi avec une exposition aux actifs risqués et continuer de les acheter, d'une part, et pour nous couvrir avec des stratégies défensives comme l'or, les actions à dividende et les obligations d'entreprises de qualité, d'autre part.
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