La mort d’un général : quel impact ?
La deuxième séance boursière de 2020 a déjà subi les effets d’une brusque remontée des inquiétudes géopolitiques.

L’exécution du plus important général iranien par un drone américain en Irak fait craindre une escalade des tensions dans cette région stratégique pour le pétrole. Assez logiquement, les bourses ont accusé le coup, les prix du pétrole ont bondi et les valeurs refuges comme l’or, les obligations du Trésor US, le franc suisse et le yen ont progressé.
L’année 2019 s’est terminée en fanfare dans l’espoir d’un rebond de la croissance aidé par la baisse des taux d’intérêt et l’apaisement des tensions commerciales entre Chinois et Américains. Avec une progression entre 20 et 30%, les indices boursiers ont incorporé beaucoup de bonnes nouvelles qui doivent encore se matérialiser sous forme de progression des bénéfices. L’aggravation des tensions avec l’Iran remet-elle tout cela en cause ?
Quel impact sur le pétrole ?
Vu l’importance du général Qassem Soleimani, considéré comme le second homme le plus puissant d’Iran, ce pays ne va pas rester sans riposter. Un embrasement de la région serait catastrophique pour les prix pétroliers car près d’un sixième de la production mondiale de brut provient de cette région. Une guerre généralisée ou le blocage du détroit d’Ormuz par où passe un tiers du transport maritime de pétrole n’est cependant pas le scénario le plus probable car les Iraniens ne sont pas suicidaires.
Des ripostes ciblées sont plus probables et pourraient prendre quelque temps comme cela s’est déjà observé dans le passé. Mais l’incertitude et les rhétoriques belliqueuses devraient peser sur les marchés et maintenir une prime de risque sur les prix du pétrole.
La hausse des prix du brut pourrait-elle être très forte ? C’est peu probable, sauf embrasement généralisé de la région, car le marché est en surplus important. A tel point que l’OPEC et les pays alliés ont été contraint en décembre d’accroître leurs restrictions de production à 2,1 millions de barils par jour. L’Arabie Saoudite, alliée des États-Unis et en conflit avec l’Iran, ne resterait sans doute pas sourde aux demandes du Président américain si celui-ci venait à se plaindre de prix trop élevés. En outre, si les prix du pétrole restaient élevés, les investissements dans le pétrole de schiste américain repartiraient de plus belle, ce qui immanquablement ferait baisser les prix à horizon de quelques mois. Il n’empêche qu’une hausse de 5 dollars par baril sur une consommation de presque 100 millions de barils par jours, représenterait une taxe sur les consommateurs de 183 milliards par an, soit 0,1% du PIB mondial.
ISM manufacturier décevant
L’enthousiasme de la première journée de l’année a été également refroidi par la publication aux États-Unis d’un ISM manufacturier à 47,2 contre 49 attendu. Rappelons, qu’un chiffre en dessous de 50 signifie que les directeurs des achats s’attendent à un ralentissement de l’activité. Ceci concerne l’industrie, on verra mardi pour les services dont le poids est beaucoup plus important dans l’économie.
Au programme cette semaine Cette semaine de reprise sera riche en chiffres susceptibles de fait bouger les marchés : mardi ISM non-manufacturier aux USA, mercredi inflation en zone euro (les chiffres nationaux montrent une progression des prix plus forte que prévu), jeudi production industrielle en Allemagne, vendredi rapport de l’emploi américain. Le retour en force de l’incertitude géopolitique devrait peser sur les cours boursiers à court terme.
Étant donné les hausses de fin d’année, une période de correction serait assez normale. Sera-t-elle de grande ampleur ? Cela n’est pas évident tant que le contexte économique reste ce qu’il est et ne se détériore pas plus significativement. Les zones de supports importants des indices boursiers se situent entre 5 et 7% sous les niveaux actuels et pourraient constituer des points d’entrée toutes choses restant égales par ailleurs.