Prise de bénéfices sur les valeurs de croissance, l’or à un niveau record
Les marchés actions ont dû céder un peu de terrain sur une base hebdomadaire, la bonne nouvelle de l’accord européen de la relance ayant été éclipsée par la recrudescence à la fois de la pandémie de coronavirus et des tensions politiques entre la Chine et les Etats-Unis.

Le S&P500 n’a baissé que légèrement (-0,3%), mais la correction était un peu plus marquée pour le Nasdaq (-1,5%), le Stoxx Europe 600 et la bourse de Hong Kong. Les valeurs de croissance qui avaient déjà signé une belle progression, comme celles des secteurs de la technologie et des soins de santé, ont tout particulièrement été la cible de prises de bénéfices. L’accord trouvé au sujet du fonds européen de la relance s’est traduit par un raffermissement de l’euro par rapport au dollar et un repli des taux d’intérêt des obligations d’Europe du Sud. L’affaiblissement du dollar et la montée des tensions géopolitiques, à leur tour, ont provoqué une envolée des prix des métaux précieux comme l’or et l’argent.
L’accord sur le fonds européen de la relance…
La semaine avait pourtant bien commencé en s’ouvrant sur un accord politique au sujet du budget européen des 7 prochaines années (1074 milliards EUR) et du fonds européen de la relance de 750 milliards EUR. Les pays partisans de l’austérité (les Pays-Bas, la Suède, le Danemark et l’Autriche) ont certes négocié et obtenu une réduction du montant des subventions (390 milliards EUR au lieu de 500 milliards EUR) qui seraient accordées aux pays lourdement touchés par la pandémie de coronavirus (principalement les pays d’Europe du Sud), mais cet accord n’en demeure pas moins une percée historique. Au total, le programme d’incitants représente en effet pas moins de 4,7% du PIB, sans compter qu’il ouvre la voie à l’émission conjointe d’euro-obligations et, partant, à une véritable solidarité européenne.
Ces euro-obligations devraient finalement être remboursées avec les produits de nouvelles taxes européennes comme une digitaxe (sur le chiffre d’affaires des géants de l’internet), des taxes environnementales sur le plastique ou encore une taxe sur les émissions de CO2 pour l’acier importé. Au niveau de l’affectation des ressources également, une part substantielle sera consacrée aux investissements écologiques, par exemple en faveur de la transition énergétique. A noter cependant que le fonds de la relance doit encore être approuvé par les différents parlements nationaux.
… et d’autres nouvelles encourageantes…
L’indicateur PMI reflétant la confiance des entrepreneurs européens a grimpé davantage que prévu en juillet, passant de 48,5 à 54,8 points. Il atteint ainsi, pour la première fois depuis longtemps, un niveau nettement supérieur au seuil de 50 points, ce qui indique une reprise méritoire par rapport aux niveaux d’activité particulièrement bas d’avril et mai. Aux Etats-Unis, la progression de cet indice des directeurs d’achat était un peu moins convaincante: de 48 à 50 points.
Du côté des résultats des entreprises, les publications ont jusqu’ici dépassé les attentes. En Europe, des entreprises comme Philips, Daimler, STM et Unilever ont notamment pulvérisé les prévisions grâce à un rétablissement rapide au mois de juin, à certains segments qui sont parvenus à profiter des traitements du coronavirus ou du confinement, ainsi qu’à des économies fructueuses sur les coûts. Des déceptions sont toutefois à déplorer également, entre autres de la part d’Intel et de Netflix. Et en dépit d’une révision à la hausse, le bénéfice moyen par action devrait tout de même chuter au deuxième trimestre de 43% aux Etats-Unis et de 49% en Europe.
Au sujet du vaccin également, les nouvelles encourageantes continuent d’affluer. Après Moderna la semaine précédente, c’était à présent au tour d’AstraZeneca et de Pfizer d’annoncer le lancement de leur dernière phase de test après des résultats intermédiaires encourageants.
… éclipsées par le retour en force du virus et les tensions géopolitiques
La légère correction que les marchés des actions ont tout de même fini par laisser entrevoir était principalement à attribuer à la recrudescence de la pandémie dans plusieurs pays, une situation qui est susceptible de compliquer la reprise au second semestre. La confiance des consommateurs s’en trouve déjà mise à mal aux Etats-Unis, où le nombre de demandes hebdomadaires d’allocations chômage est reparti à la hausse. Les Républicains et les Démocrates ne sont toujours pas parvenus à s’accorder sur le contenu concret du prochain programme d’incitants, et à défaut d’accord diverses allocations et réductions d’impôts temporaires arriveront à échéance à la fin du mois.
Comme si cela ne suffisait pas, voilà que la guerre froide entre les Etats-Unis et la Chine revient sur le devant de la scène, elle aussi. Pas tant au sujet des barrières douanières, cette fois, mais plutôt au sujet du pouvoir exercé sur Hong Kong et d’accusations d’usurpation de la propriété intellectuelle. C’est sur la base de ce dernier argument que les autorités américaines ont décidé de fermer le consulat chinois à Houston, ce à quoi la Chine a répliqué en ordonnant la fermeture d’un consulat américain dans la ville de Chengdu. Donald Trump envisage également de limiter l’accès des entreprises chinoises au marché des capitaux américain. Ces mesures à l’égard de la Chine font apparemment partie intégrante de la campagne électorale américaine et pourraient dès lors persister jusqu’au scrutin proprement dit en novembre. Les négociations dans le cadre du Brexit (au sujet d’un nouvel accord commercial entre le Royaume-Uni et l’Union européenne) ne coulent pas de source non plus et pourraient encore nous réserver un automne houleux.
Le dollar s’affaiblit, l’or atteint un record
Sous l’effet d’une part de l’accord intervenu au sujet du fonds européen de la relance et d’autre part de l’affaiblissement des indicateurs économiques américains, le dollar a accusé un net recul par rapport à l’euro et à la plupart des autres devises. En contrepartie, les prix des métaux précieux augmentent. Le prix de l’or a dans l’intervalle atteint 1900 USD et égale ainsi son record de 2011. Cela dit, c’est surtout le prix de l’argent qui signe ces dernières semaines un vigoureux mouvement de rattrapage. Les injections de liquidités des banques centrales et les taux d’intérêtréels négatifs stimulent la demande d’actifs réels, sans compter que le retour en force de la pandémie et des risques géopolitiques engendre une fuite vers les valeurs refuges comme les métaux précieux.
La semaine qui s’ouvre aujourd’hui marquera un point d’orgue dans la saison des résultats du deuxième trimestre, avec notamment les mises à jour de quelques grosses pointures de la technologie comme Apple, Amazon, Alphabet et Facebook. Ces chiffres seront-ils à la hauteur de la progression déjà substantielle signée par les cours, ou allons-nous assister à une réaction "sell on the news" comme ce fut le cas récemment pour Tesla ? Pour le reste, nous guettons avec impatience la publication des PIB du deuxième trimestre, qui révéleront sans aucun doute la contraction trimestrielle la plus marquée depuis de nombreuses décennies…