#Podcast — 03.03.2020

Que faire de cette correction boursière ?

Philippe GIJSELS, Chief Investment Advisor, Belgique

Avec un certain retard, l’angoisse engendrée par le coronavirus a fait chuter les bourses.

BNP Paribas Wealth Management

La semaine dernière, il est clairement apparu que les contaminations ne resteraient pas cantonnées en Chine. Entretemps, les contaminations continuent à se multiplier à différents endroits du monde, et notamment aux Etats-Unis. Les bourses du monde entier sont donc en proie à une correction, trahissant des pertes de plus de 10%. La vitesse du repli, en particulier, confère à l’évolution actuelle des allures de crise.

IMPACT SUR L’ECONOMIE MONDIALE

Les pouvoirs publics et les entreprises se préoccupent pour l’instant davantage de la santé publique que de l’économie, et à juste titre. Les mesures de précaution qui sont prises sont souvent radicales, revêtant notamment la forme de mises en quarantaine. Or, ce sont précisément ces actions qui ont des retombées sur les chaînes de production. Nombre d’entreprises, dont Microsoft, Apple et BASF, ont déjà mis en garde contre l’impact négatif à attendre pour le chiffre d’affaires et le bénéfice. Il ne fait donc aucun doute que les répercussions pour la croissance de l’économie mondiale se feront encore sentir dans les prochaines semaines et les prochains mois.

 

LA PANIQUE EN BOURSE INDUIT SOUVENT UNE OPPORTUNITE D’ACHAT

La volatilité qui règne sur les marchés financiers est probablement appelée à persister pendant un certain temps encore. Cependant, les corrections provoquées par un choc – comme l’épidémie du SRAS en 2003, la guerre du Golfe ou les attentats du 11 septembre – se sont souvent révélées être des opportunités d’achat, indépendamment de toute la souffrance humaine que nous ne pouvons que déplorer.

C’est comme si le monde était pris dans une spirale négative. Et comme souvent, l’angoisse et l’incertitude ambiantes sont dans une telle situation d’importants catalyseurs négatifs. On peut raisonnablement s’attendre à ce que la reprise de l’économie mondiale et des marchés financiers soit tout aussi spectaculaire que le repli auquel nous assistons pour l’instant – raison pour laquelle on parle souvent d’une remontée en "V".

LES ACHATS PROGRESSIFS SONT DE MISE

Difficile de dire, cependant, où se situe le point le plus bas du "V", autrement dit à quel moment la remontée va s’amorcer. Certains indicateurs comme le VIX (qui mesure la volatilité sur le marché des options, autrement dit le montant que les investisseurs sont disposés  à payer pour sécuriser leur portefeuille) révèlent d’ores et déjà un énorme pessimisme. Nous observons aussi ces derniers jours une capitulation manifeste revêtant la forme d’une tendance à tout vendre – y compris les actions pharmaceutiques et biotechnologiques et les valeurs refuges comme l’or - sans trop se poser de questions. D’ordinaire, on observe plutôt ce genre de comportements vers la fin d’un repli, et non au début. Et bien sûr, les marchés ont l’habitude d’exagérer. Pour cette raison, la constitution progressive de positions est souvent la meilleure stratégie dans un tel contexte.

Les actions de valeur qui étaient déjà relativement bon marché avant la correction ont encore chuté, tandis que nombre d’actions à dividendes voient leur rendement augmenter encore sous l’effet de la baisse des cours. Quant aux actions de croissance qui affichaient autrefois des valorisations plutôt exigeantes, elles cotent à présent à des cours de 10 à 15% inférieurs. Une combinaison des différents groupes nous semble dès lors indiquée.

LES BANQUES CENTRALES A LA RESCOUSSE ?

Pour résumer, la situation est en ce moment empreinte d’une énorme incertitude et les dépêches alarmantes fusent de toutes parts. Cependant, cette vague finira par passer, comme toutes les autres avant elle, et tout le monde réalisera probablement d’ici quelques mois qu’il s’agissait dans la perspective des marchés d’une belle opportunité d’achat. Les pouvoirs publics et les banques centrales ne vont d’ailleurs pas assister passivement au déclin de l’économie mondiale et des marchés financiers. De leur part, nous pouvons nous attendre dans les semaines et les jours à venir à des catalyseurs positifs pour le marché. Comme toujours, l’angoisse est mauvaise conseillère… mais il va de soi que nous continuerons à suivre la situation de très près.