Quel est l’impact du coronavirus?
Les marchés commencent à tenir compte des lourdes retombées du coronavirus sur l’économie.

Depuis leur record du 17/01/20, les bourses américaines et européennes ont laissé entrevoir une correction de respectivement 3% et 4%. Les bourses chinoises, fermées la semaine dernière à l’occasion du Nouvel An chinois, ne subissent qu’à présent pleinement l’impact et ont chuté de 12% depuis leur record. L’incertitude qui plane sur l’économie a eu des retombées encore plus profondes sur les prix du pétrole et des matières premières et s’est traduite par un nouveau recul marqué des taux obligataires. Dans certains pays européens centraux, le taux à dix ans a replongé en terrain négatif et aux Etats-Unis, il s’est retranché sous les taux à court terme. Pour rappel, une telle courbe inversée est d’ordinaire un signe que les marchés s’attendent à une récession.
Une épidémie à la propagation rapide
La propagation du coronavirus a connu une accélération la semaine dernière. Le nombre de contaminations enregistrées est passé de 800 à plus de 18.000, et le nombre de décès, de 20 à 360. Le coronavirus se propage ainsi plus rapidement que le virus du SRAS en 2003, mais le taux de mortalité est heureusement inférieur. A l’époque, le SRAS avait fait 800 morts sur 8000 personnes contaminées.
Des mesures de quarantaine radicales
Pour garder le contrôle de la propagation du virus, les autorités chinoises ont pris des mesures draconiennes. La province de Hubei a été placée en quarantaine et la vie publique y est pour ainsi dire paralysée. Dans le reste de la Chine également, l’activité économique est entravée par la limitation de la circulation des personnes et des biens. Nombre de compagnies aériennes occidentales ont provisoirement suspendu leurs vols en provenance et à destination de la Chine, et plusieurs entreprises ferment temporairement leurs usines chinoises et rapatrient une partie de leur personnel. Dans la plupart des régions touchées, les travailleurs sont priés de ne pas se rendre à leur travail et de rester chez eux jusqu’à nouvel ordre. Les Chinois annulent les voyages qu’ils projetaient et les ventes au détail ont trahi un repli pour la semaine cruciale du Nouvel An chinois.
Certaines entreprises occidentales subiront elles aussi un impact négatif, à commencer par celles qui vendent ou produisent également en Chine. L’approvisionnement en provenance de Chine pourrait également être interrompu. D’autres entreprises seront pour leur part uniquement confrontées aux conséquences indirectes de l’épidémie, dont la baisse des prix de nombreux biens/matières premières sur les marchés internationaux (pétrole, cuivre…). Les secteurs les plus touchés sont à ce titre les transports, le tourisme, les articles de luxe, l’automobile, l’électronique, l’énergie et les matériaux.
L’impact sur l’économie chinoise est énorme…
A en croire les scientifiques, l’épidémie de coronavirus atteindra son pic d’ici environ deux semaines, pour ensuite être progressivement endiguée. On travaille en ce moment d’arrache-pied sur la mise au point de vaccins, que l’on espère pouvoir commencer à administrer d’ici quelques semaines. Les mesures de précaution disruptives auront donc sans doute encore cours pendant un mois ou deux et s’assortiront par conséquent d'un impact très important pour la croissance économique chinoise. Il se pourrait que cette croissance retombe entièrement au point mort au premier trimestre et laisse apercevoir un ralentissement sur la totalité de 2020, pour ne plus s’élever qu’à environ 5% au lieu des 6% attendus. Ces effets disruptifs ne sont toutefois que passagers et seront encore en partie compensés au cours des trimestres qui suivront. La Chine prépare d’ailleurs déjà de nouveaux incitants économiques, et la banque centrale a d’ores et déjà injecté des liquidités dans le système. Il est probable que nous assistions encore au lancement d’incitants fiscaux, de subventions ou de nouveaux projets d’investissement d’envergure.
… mais ne sera que temporaire
L’impact sur l’économie et les marchés financiers peut être comparé à celui que l’on avait observé lors de l’épidémie du SRAS en 2003. A l’époque, l’impact sur l’économie avait été énorme lors de l’apparition du virus, mais celle-ci avait rapidement repris du poil de la bête une fois l’épidémie sous contrôle. Il est vrai que l’économie chinoise ne représentait que 4% de l’économie mondiale en 2003, contre 17% aujourd’hui. De plus, les Chinois voyagent beaucoup plus et leur interaction avec le reste du monde est bien plus intense qu'auparavant. Les consommateurs chinois représentent même un tiers du marché mondial des articles de luxe. Pour certaines matières premières, la Chine est à l’origine de près de la moitié de la consommation mondiale. Sachant cela, la réaction négative des prix de nombre de matières premières est compréhensible. Toutefois, cet effet ne sera que temporaire. En 2003, l’épidémie du SRAS avait en quelques mois fait chuter la bourse chinoise de 18% et les bourses occidentales d’environ 15%, mais la remontée avait été rapide. Sous l’influence de TINA, les marchés font preuve depuis l’année dernière d’une grande indulgence et la moindre correction suffit à attirer à nouveau les chasseurs de bonnes affaires. Les deux corrections boursières de l’année dernière (en mai et en août sous l’influence de l’aggravation du conflit commercial) se sont limitées à -6% et ont été compensées sur l’espace d’un mois et demi.
La correction est normale et offre donc une opportunité d’achat
Certes, la correction actuelle est intervenue à un moment où le sentiment des investisseurs était particulièrement optimiste et où les marchés actions avaient atteint un niveau suracheté dans le sillage de la vigoureuse ascension qui s’était amorcée en août 2019. Le marché avait besoin d’une pause ou d’une période de consolidation pour digérer cette forte hausse, et le coronavirus lui en offre à présent le catalyseur. Ce n’est que cette semaine que nous pourrons juger de la véritable ampleur de la réaction des bourses chinoises après leur semaine de fermeture pour le Nouvel An chinois. En plus du pic de l’épidémie de coronavirus qui est sans doute encore à venir, aussi les marchés occidentaux peuvent corriger encore un peu plus. Au vu du caractère passager de cette incertitude et la relance économique qui s’en suivra probablement, nous profiterions de cette correction en l’interprétant comme une nouvelle opportunité d’achat. En raison des taux d’intérêt extrêmement bas et les perspectives de croissance bénéficiaire tout de même encore prometteuses pour 2020, les actions restent en effet notre classe d’actifs favorite.