Rallye estival et rotation sectorielle
En dépit de quelques prises de bénéfices vers la fin, les bourses étaient en pleine forme la semaine dernière.

Vers le milieu de la semaine dernière, le rallye estival s’est accéléré grâce à la diminution du nombre de contaminations au coronavirus aux Etats-Unis et à des signaux clairs indiquant une reprise de l’économie: hausse de la confiance des entrepreneurs, de la production industrielle, des ventes automobiles, de la consommation, etc. Les investisseurs espèrent aussi toujours des vaccins et de nouveaux incitants de la part des autorités américaines. Devant l’absence d’un accord à ce sujet, cependant, le doute les a envahis vers la fin de la semaine. De plus, les mesures de quarantaine de plus en plus nombreuses décrétées entre les pays d’Europe sont là pour nous rappeler que la pandémie continue à faire rage. Tentative de record pour le S&P500 Pour ainsi dire chaque jour, le S&P500 a tenté de battre son record de février mais a à chaque fois fini la session juste en deçà. En glissement hebdomadaire, le S&P500 a grimpé de 0,6%. Quoi qu’il en soit, une différence remarquable était perceptible entre le gain de 1,8% engrangé par le Dow Jones, composé des secteurs plus traditionnels, et le Nasdaq qui représente les valeurs en plein essor mais qui a clôturé la semaine à un niveau inchangé après quelques jours de correction. Rotation sectorielle des actions de croissance vers les actions de valeur cycliques Bien que les bourses européennes aient laissé entrevoir vendredi une correction marquée, le Stoxx Europe 600 pouvait encore se targuer d’un gain de 1,2% au total de la semaine. Pour les bourses d’Europe du Sud, les gains atteignaient même près de 3%, tout comme pour la plupart des marchés-actions asiatiques. Parmi les secteurs, nous remarquons dernièrement un net mouvement de rattrapage de la part des secteurs cycliques aux valorisations bon marché, comme les producteurs automobiles, les banques, l’énergie, etc. Les secteurs qui venaient de connaître une vigoureuse progression – technologie, soins de santé… – ont quant à eux été la cible de prises de bénéfices. Sursaut des taux obligataires Après avoir stagné pendant des semaines aux alentours de leur récent plancher (0,5% pour le taux américain à dix ans et -0,5% pour son pendant allemand), les taux obligataires ont enfin laissé entrevoir la semaine dernière un net sursaut qu’on ne leur avait plus connu depuis longtemps. Le taux allemand est devenu un peu moins négatif (-0,4%) et le taux américain a atteint 0,7%. Cela reste peu, mais il s’agit néanmoins d’une progression frappante que l’on pourrait mettre en relation avec les signaux indiquant une reprise de l’économie, mais peut-être aussi avec les attentes en hausse à l’égard de l’inflation. Bien qu’il faille s’attendre à ce que l’inflation reste faible dans la conjoncture difficile que nous connaissons actuellement – caractérisée par une sous-exploitation de la capacité et un taux de chômage élevé –, les incitants monétaires et budgétaires colossaux sont susceptibles d’engendrer avec un certain retard une envolée de l’inflation. Tant la Chine que les Etats-Unis ont déjà publié la semaine dernière des taux d’inflation supérieurs aux prévisions pour le mois de juillet. L’augmentation des prix des ventes au détail par rapport à leur niveau d’avant la crise du coronavirus est pour sa part due avant tout aux promotions moins fréquentes et à la concurrence sur les prix dans le contexte commercial paralysé par le coronavirus. Correction de l’or Sur les marchés des matières premières, la plupart des métaux industriels et les prix de l’énergie ont grimpé sous l’effet de l’optimisme conjoncturel et de la diminution des stocks. Les métaux précieux comme l’or et l’argent ont par contre été la cible de soudaines prises de bénéfices après leur ascension vertigineuse des semaines précédentes. Il se peut que la hausse des taux d’intérêt y soit pour quelque chose également. Impasse politique Aux Etats-Unis, les Républicains et les Démocrates ne sont toujours pas parvenus à s’accorder sur un nouveau programme d’incitants. Même après la décision unilatérale du président Trump de prolonger les aides d’urgence en faveur des chômeurs, des étudiants et des locataires, le marché n’avait pas abandonné l’espoir d’un accord plus global. Et voilà que le président du Sénat vient à présent de laisser entendre que cet accord pourrait ne pas voir le jour – ou en tout cas pas avant la fin des vacances parlementaires (le 9 septembre). L’évaluation intermédiaire de l’accord commercial de phase 1 entre les Etats-Unis et la Chine qui était planifiée pour le 15 août a également été reportée. Aucune raison n’a été mentionnée mais il se pourrait que la Chine doive d’abord rattraper son retard sur les importations de produits agricoles et énergétiques américains. Entretemps, Donald Trump continue à faire monter les tensions avec la Chine en menaçant de boycotter les applications chinoises TikTok et WeChat. A l’égard de l’Europe et du Canada également, il se montre implacable au sujet des barrières douanières. Sans doute faut-il voir dans cette intransigeance une stratégie électorale. Après la désignation de Kamala Harris en tant que colistière de Joe Biden et avec la convention démocrate qui se déroulera cette semaine, il est d’ailleurs probable que l’attention se reporte encore davantage sur la bataille électorale.
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