#Articles — 08.12.2020

Le rallye sur le thème des vaccins ralentit

Patrick Casselman, Senior Equity Specialist

Après l’élan imprimé aux bourses en novembre, le rallye sur le thème des vaccins s’est poursuivi en sourdine la semaine dernière.

BNP Paribas Wealth Management

Nouveaux records pour les bourses américaines…

Tandis que les bourses européennes ont clôturé la semaine sur de modestes gains (Stoxx Europe 600: +0,2%), les marchés américains sont, quant à eux, parvenus à signer de nouveaux records (S&P500: +1,7%). En Europe, ce sont les secteurs cycliques qui se sont montrés performants, tandis qu’aux Etats-Unis, on retrouvait  surtout parmi les gagnants le complexe technologique et les soins de santé, en marge de l’énergie. Les actions du secteur de l’énergie ont suivi pour leur part la remontée du prix du pétrole qui s’était amorcée dans le sillage de l’accord atteint par les pays de l’OPEP+ en vue d’augmenter à nouveau les volumes de production à un rythme plus lent. Les prix de la plupart des métaux ont grimpé également sous l’effet du regain d’optimisme conjoncturel engendré par les vaccins.

Les marchés obligataires ont eux aussi laissé entrevoir des évolutions marquantes ces dernières semaines: si les taux d’intérêt sont retombés encore plus bas en Europe du Sud, le taux américain à 10 ans a progressé jusqu’à atteindre 0,97%, son niveau le plus élevé depuis le mois de mars et près du double de son plancher de 0,5% du mois d’août. On y verra le résultat de la perspective d’une reprise économique qu’ouvre le lancement imminent des vaccins, ainsi que de la politique plus inflationniste attendue de la part de Joe Biden. Cela dit, l’USD a battu en retraite en dépit de cet avantage plus marqué sur le plan des taux d’intérêt. De fait, en marge du différentiel d’intérêt, l’écart en termes d’inflation entre les Etats-Unis et l’Europe pourrait se creuser également. Et lorsque le marché est davantage enclin au risque, il a moins tendance à se tourner vers des valeurs refuges comme le dollar.      

…mais malheureusement aussi pour les statistiques de la pandémie aux Etats-Unis

 

Tandis que l’Europe s’éloigne clairement du pic de la seconde vague de la pandémie de coronavirus et assouplit progressivement les mesures de confinement, les chiffres des nouvelles contaminations, des hospitalisations et des décès atteignent des records aux Etats-Unis. S’agit-il d’un effet secondaire de Thanksgiving? Dans l’intervalle, les vaccinations ont été initiées en Russie et au Royaume-Uni. Les Etats-Unis leur emboîteront le pas prochainement et l’Europe suivra en début d’année. Mais de toute façon, il se pourrait qu’il faille attendre jusqu’après l’été de 2021 avant qu’une frange suffisante de la population ait été vaccinée.

Statistiques économiques mitigées

L’effet de la seconde vague de la pandémie était clairement perceptible en novembre s’il faut en juger par le recul abrupt (à 41,7 points) accusé par le PMI européen du secteur des services. L’indicateur de confiance de l’industrie, en revanche, a relativement tenu bon (53,8 points). Aux Etats-Unis, par contre, la confiance des entrepreneurs semble jusqu’ici à peine affectée par la résurgence du virus. Les indicateurs ISM n’ont que légèrement diminué et affichent toujours des niveaux historiquement élevés (57,5 points pour l’industrie et 55,9 points pour les services). La confiance des consommateurs et la création d’emploi souffrent davantage. Bien que de nouveaux emplois aient encore été créés en novembre, les 245.000 unités rapportées étaient bien loin des 460.000 nouveaux emplois attendus et des 610.000 créés le mois précédent. Malgré cela, la création d’emploi s’est révélée suffisante pour faire encore baisser le chômage, qui est retombé à 6,7%. Du fait de l’accélération de la pandémie et des nouveaux confinements décrétés dans certains Etats, on peut s’attendre à voir dans les prochains mois la relance du marché de l’emploi marquer une pause, voire ralentir.

Entretemps, l’économie chinoise tourne à plein régime, comme en témoigne la poursuite de la progression des PMI: 56,4 points pour l’industrie et même 57,8 points pour les services.  


Toujours pas de percées sur les fronts politiques

Jusqu’ici, les marchés ont choisi d’ignorer l’impasse politique dans laquelle se trouvent à la fois les négociations sur le Brexit, le programme d’incitants américain et la ratification du fonds de relance européen. L’accord commercial entre le Royaume-Uni et l’Europe se heurte toujours à d’importantes divergences d’opinions quant à l’égalité des entreprises (en excluant par exemple toute concurrence déloyale due à la législation sociale trop souple au Royaume-Uni), au règlement des litiges et à la pêche. La date butoir initiale du 15 octobre est déjà passée depuis longtemps, mais les négociateurs vont encore jouer les prolongations cette semaine. La semaine de la dernière chance, dit-on… mais il y a peu de chances qu’un accord puisse encore être approuvé d’ici le 1er janvier, de sorte qu’il vaut mieux se préparer à entamer 2021 sur un Brexit "dur", ne serait-ce que temporairement jusqu’à la conclusion éventuelle d’accords partiels.

Une nouvelle semaine passionnante en perspective

Bien que le compte à rebours à l’approche de Noël ait déjà commencé, les investisseurs auront encore droit à un programme particulièrement chargé cette semaine. Les négociations sur le Brexit entrent une fois de plus dans leur semaine de la dernière chance, tandis que l’on espère que le nouveau sommet européen se soldera par un accord sur le budget à long terme et le fonds de relance. Jeudi, la BCE tiendra sa dernière réunion de l’année. Christine Lagarde a promis des incitants monétaires additionnels, de sorte que nous sommes curieux de voir quel nouveau lapin elle sortira de son chapeau cette fois-ci – à moins qu’elle ne se borne à rajouter une couche de ce qui existait déjà… Aux Etats-Unis, l’attention reste concentrée sur le nouveau pic de la pandémie et sur les négociations au sujet du prochain programme d’incitants. Cela dit, les deux camps politiques doivent aussi d’urgence trouver un accord sur le financement des administrations, sans quoi les Etats-Unis risquent un "government shutdown" à partir du 11 décembre. Reste à voir si les marchés parviendront encore à garder leur calme dans un tel cas de figure…