Sell in May and go away?
Grâce au support des banques centrales et aux espoirs de redémarrage de l’économie, les actions américaines ont terminé leur meilleur mois depuis 1987.

Mais le premier jour de mai s’est achevé sur un recul du S&P 500 de 2,8% ce qui a fait disparaître les gains de la semaine. Beaucoup de places européennes étant fermées le 1er mai, le Stoxx Europe 600 n’en a pas subi l’influence, clôturant la semaine écourtée sur une hausse de 2,37%.
Nouvelles tensions américano-chinoises et guidance des entreprises en baisse
Vendredi, le moral des investisseurs américains a été doublement impacté par les messages des dirigeants d’Amazon et d’Apple et par de nouvelles menaces du président Trump de relever les tarifs douaniers sur les importations en provenance de Chine.
Amazon a averti qu’elle pourrait enregistrer une perte opérationnelle au deuxième trimestre du fait de la hausse du coût de recrutement de nouveaux travailleurs et de leur protection contre le virus. Quant à Apple, elle n’a tout simplement pas voulu faire de prévisions.
Le Nasdaq a reculé de 3,2% après une hausse de 19% en avril, ce qui relativise un peu les choses. Les jours précédents, les résultats d’Alphabet, Microsoft, Qualcomm et Tesla avaient surpris positivement. La forte hausse d’avril pourrait encore susciter des prises de bénéfices mais il est probable que les géants de la technologie garderont leurs attraits étant donné la solidité de leurs bilans, leur moindre vulnérabilité au virus et leurs perspectives de croissance.
Les banques centrales sont toujours actives
La Banque du Japon a encore réussi à surprendre les marchés en quadruplant ses achats de papiers commerciaux et d’obligation d’entreprises. La Fed n’a rien annoncé de neuf mais s’est dite prête à agir encore plus fort. La BCE a étendu son programme de prêts aux banques à des taux allant jusqu’à -1% et pourrait, elle aussi, augmenter son programme d’achats d’obligations. Elle a également laissé la porte ouverte aux achats d’obligations des « anges déchus », ces entreprises qui ont perdu récemment leur notation « investment grade ».
Depuis la mi-mars, les effets de l’action des banques centrales ont été significatifs. Le calme est revenu sur le marché des obligations d’entreprises et pas seulement celles de bonne qualité. Les entreprises américaines ont vendu en avril pour presque 32 milliards de dollars d’obligations spéculatives (junk bonds). C’est le plus gros mois de levée de capitaux dans ce segment de marché en 3 ans.
Remontée du pétrole
Les prix du baril de brut sont remontés à 19,8 USD pour le WTI et 26,4 USD pour le Brent. La volatilité des prix reste très élevée mais une hausse des stocks américains moindre que prévue, des annonces de diminution de production et les signes de redémarrage en Europe ont redonné de l’espoir aux traders.
Sell in May and go away?
Mai est traditionnellement un mois difficile. Les actions européennes ont chuté en mai quatre fois au cours des cinq dernières années. Les chiffres de l'économie et des entreprises ont été particulièrement faibles ces dernières semaines et le resteront pendant un certain temps. Les marchés sont-ils remontés trop vite et trop fort ?
La réapparition de propos agressifs vis-à-vis de la Chine de la part du président Trump (bien que minimisés par le secrétaire d’État au Trésor Steven Mnuchin) est particulièrement inopportun dans un contexte fragilisé par les craintes d’une seconde vague de contamination et de dégringolade des bénéfices. Il y a donc place pour une certaine désillusion.
La hausse n’a été portée que par un petit nombre de valeurs, principalement les géants de la technologie et de la communication, ce qui est un signe de faiblesse.
L’indice VIX qui mesure la volatilité prise en compte dans le prix des options est encore très élevé (supérieur à 30). Les investisseurs restent donc prêts à payer des prix élevés pour s’assurer via les options. L’expérience montre que lorsque le VIX est supérieur à 30, la volatilité reste élevée dans les trois mois qui suivent.
Les investisseurs resteront donc ballotés entre bonnes et mauvaises nouvelles, entre les espoirs liés aux déconfinements progressifs et aux impressionnants efforts des banques centrales et des gouvernements et les craintes de seconde vague de contamination et de reprise trop lente.
Les niveaux de valorisations actuels restant attrayants dans une perspective de 2-3 ans, notre stratégie reste de tirer parti des faiblesses pour compléter les positions en privilégiant les gagnants de l’après corona.