Semaine sainte
La semaine sainte avant Pâques aura été une semaine faste pour les bourses.

Les bourses américaines et européennes ont signé leur bond hebdomadaire le plus marqué depuis des décennies: +12% pour le S&P500 et +8,6% pour l’EuroStoxx50. On y verra principalement l’effet de l’atténuation de la courbe des contaminations au covid-19, l’espoir d’un assouplissement prochain des mesures de confinement et de l’accord de limitation de la production de pétrole atteint par l’OPEP+. Les secteurs qui avaient été précédemment les plus sévèrement sanctionnés sont aussi ceux qui se sont rétablis avec le plus de vigueur: le tourisme, l’industrie automobile, la construction, etc. Le secteur de l’énergie est par contre resté quelque peu à la traîne du fait que le prix du pétrole avait déjà été anticipé sur un accord de l’OPEP+ la semaine précédente.
La remontée des bourses est presque à mi-chemin
Le S&P500 a progressé de 25% entre son plancher du 23 mars et le 10 avril, renouant ainsi avec un niveau de 17% inférieur à son record du 19 février. L’EuroStoxx50 s’est rétabli de 21% depuis son plancher, mais est encore à 25% de son record de février.
D’un point de vue technique, une remontée de cette amplitude suffirait déjà à parler d’un nouveau marché haussier, ce qui sous-entendrait que nous venons de connaître le marché baissier le plus court de toute l’histoire – à peine un mois. La remontée boursière des 3 dernières semaines suit jusqu’ici le modèle en "V" que nous avions espéré. Aux Etats-Unis, elle est environ à mi-chemin, tandis qu’en Europe, un tiers des pertes antérieures ont été rattrapées.
Nous espérons que les marchés parviendront dans les semaines à venir à tirer profit de la reprise graduelle de l’activité économique. Cependant, nous doutons que les bourses puissent signer dans un avenir proche une remontée totale qui les conduirait à de nouveaux records.
Le coronavirus a peut-être atteint son pic…
Dans l’intervalle, on dénombre déjà à l’échelle mondiale près de 2 millions de contaminations au covid-19. Cependant, le nombre de nouvelles contaminations est en baisse dans la plupart des pays, y compris les plus touchés comme l’Italie et l’Espagne. Même aux Etats-Unis, le pic aurait été atteint. Des pays comme l’Autriche et le Danemark ont déjà entrepris d’assouplir progressivement les mesures de confinement et même en Espagne, le secteur de la construction et nombre d’usines reprennent leurs activités.
… mais le retour à la normale prendra plus de temps
Il devient cependant clair que nous devrons tenir compte du covid-19 jusqu’à la fin 2020 (ou jusqu’à ce qu’un vaccin soit trouvé). Il se pourrait que l’on assiste à des recrudescences du nombre de contaminations après l’assouplissement graduel des mesures de confinement dans le courant du mois de mai. En Chine, une augmentation du nombre de nouvelles contaminations est d’ailleurs perceptible ces derniers jours.
Certains secteurs dans lesquels la distanciation sociale est difficile à appliquer resteront donc paralysés pendant plus longtemps. Nous pensons notamment au tourisme, à l’Horeca, aux cinémas, aux événements, etc. De plus, la crainte d’une contamination et la perte de revenus freineront encore les ardeurs du consommateur dans un premier temps, au même titre que les investissements des entreprises. Pour cette raison, nous ne nous attendons pas à une remontée en "V" pour la reprise économique qui s’amorcera à partir du troisième trimestre, et nous pensons qu’il faudra plutôt quelques années avant de pouvoir renouer avec le niveau d’activité de 2019.
Quelques percées politiques encourageantes
Une vague de négociations de la deuxième chance a permis à l’OPEP et à la Russie d’atteindre, en collaboration avec les Etats-Unis et quelques pays non membres de l’OPEP, un accord prévoyant de réduire la production pétrolière de 9,7 millions de barils par jour en mai et juin et de 7,7 millions de barils par jour pour le reste de l’année. Cela ne suffira certes pas à compenser entièrement l’actuel repli de la demande, mais c’est en tout cas un pas dans la bonne direction.
Les ministres des finances de l’Eurogroupe ont eux aussi fini par tomber d’accord sur un plan d’urgence de 540 milliards EUR. Un aspect important réside dans le fait que les Etats membres pourront contracter des emprunts auprès du MES sans être soumis à la traditionnelle condition les obligeant à un plan d’assainissement immédiat de leurs finances publiques.
La banque centrale américaine a porté ses facilités de prêts à 2.300 milliards USD, entre autres pour les PME, les Etats et les communes.
Sur le front électoral, Bernie Sanders a jeté l’éponge, de sorte que ce sera le candidat plus modéré Joe Biden qui se mesurera en novembre à Donald Trump pour le camp démocrate. Et soit dit en passant, les chances de réélection de Donald Trump ont tout de même été mises à mal par le récent krach boursier, la récession économique et l’explosion du chômage…
Cette semaine, les chiffres concrets de l’impact du coronavirus
Au programme de cette semaine figurent des réunions virtuelles d’importantes instances politiques, comme le FMI, la Banque mondiale et le G20.
Vendredi, nous guetterons avec impatience la publication des statistiques économiques de la Chine pour le premier trimestre, qui sera notre première pierre de touche concrète pour évaluer l’impact de la pandémie sur l’économie.
La nouvelle saison des résultats débutera également cette semaine, avec les banques américaines en première ligne. Bien que le confinement n’ait été décrété qu’à la mi-mars, les analystes ont d’ores et déjà revu sérieusement à la baisse leurs perspectives bénéficiaires pour le premier trimestre, tablant sur un repli de 10%. Quant au deuxième trimestre, il sera sans doute encore pire et suivi d’un rétablissement à partir du troisième trimestre. Reste à voir jusqu’où les entreprises s’aventureront à déjà formuler des prévisions plus concrètes pour le prochain trimestre ou pour toute l’année…