#Articles — 11.02.2020

Trop vite, trop tôt ?

Xavier TIMMERMANS, Senior Investment Strategy, PRB

Bien que la pandémie du coronavirus soit loin d’être maîtrisée, la peur a fait place à l’espoir sur les marchés financiers.

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Les actions américaines et européennes ont regagné leur plus hauts de début janvier. Le S&P 500 et le Nasdaq ont même enregistré de nouveaux records historiques. Sur la semaine, le S&P 500 s’est apprécié de 3,2% et le Stoxx Europe 600 de 3,3%. Les rendements des obligations du Trésor US sont légèrement remontés mais sont loin de retrouver leur niveau d’avant la crise sanitaire. Il en va de même pour les matières premières, notamment le pétrole dont les prix sont restés très bas.  

 

Est-ce bien raisonnable ?

Vendredi les principaux indices boursiers ont cédé à nouveau un peu de terrain alors que les investisseurs tentent toujours d’évaluer l’impact du coronavirus. Malgré cela, le rebond de la semaine dernière est remarquable par son ampleur et son timing qui intervient beaucoup plus tôt que lors des pandémies précédentes.

 

Ce regain de confiance résulte d’un ensemble d’éléments : après deux semaines de mise en quarantaine massives (la durée d’incubation du virus) et d’interdiction de voyager, on devrait voir dans les prochains jours les premiers résultats, les chiffres officiels montrent que le nombre de nouveaux cas de contamination progresse déjà moins vite, la propagation hors de la Chine ne semble pas s’accélérer et diverses sources ont annoncé des progrès dans la recherche de traitements et de vaccins, même si l’OMS s’est montrée plus circonspecte à ce sujet.

 

Les marchés ont également été encouragés par les injections de liquidités de la banque centrale chinoise dans le système financier. Il est question de baisse de taux prochainement. La Chine a également réduit de moitié les droits de douanes sur une partie des importations de produits américains. La Russie a baissé ses taux directeurs vendredi, suivant ainsi le Brésil, la Thaïlande et les Philippines. Singapour et le Mexique pourraient suivre cette semaine.

 

S’il est raisonnable de penser que l’impact du virus sera temporaire et qu’un effet de rattrapage pourrait avoir lieu ensuite, il n’empêche que cet impact sera important et que la durée de la crise sanitaire reste inconnue.

 

L’ISM et le rapport de l’emploi US surprennent positivement

Aux États-Unis, l’économie se porte bien. Après le rebond de l’ISM manufacturier de 47,8 à 50,9, l’ISM des services s’est amélioré à 55,5 (un chiffre supérieur à 50 signifie croissance attendue).

 

225.000 emplois ont été créés en janvier. C’est plus que les 165.000 attendus et les 147.000 créés en décembre.  La tendance reste robuste avec une moyenne de 211.000 sur les trois derniers mois. Le taux de chômage est remonté de 3,5% à 3,6% grâce à un taux de participation plus élevé (des personnes qui n’étaient ni au chômage ni demandeur d’emploi rejoignent le marché du travail). Les salaires horaires moyens ont progressé de 3,1% sur 1 an.

 

En Europe, la récession dans l’industrie se poursuit 

La production industrielle en Allemagne (-6,8% sur 1 an) et en France a été en-dessous des attentes. Les commandes à l’industrie allemande ont chuté et l’ISM manufacturier de la zone euro reste en zone de contraction (47,9). Le contraste entre la santé de l’Europe et les États-Unis a poussé le dollar à la hausse.

 

En conclusion

Les deux crises majeures de ce début d’année, les vives tensions entre USA et Iran et la crise sanitaire du coronavirus, mettent en évidence la résilience des actions. Il n’y a pas eu de prises de profits massives malgré leurs belles performances en 2019. Cela traduit une certaine confiance dans les actions pour 2020. Cela prouve également qu’il y a encore beaucoup de liquidités en réserve, prêtes à être investies au moindre repli.

 

C’est surprenant car les valorisations ne sont pas bon marché. Ce dernier point est cependant à nuancer car la surévaluation des actions est surtout concentrée dans le secteur technologique-communication aux États-Unis. C’est là qu’il pourrait y avoir une vulnérabilité. Mais jusqu’à présent, les résultats des valeurs technologiques au sens large au quatrième trimestre ont été à la hauteur des attentes élevées des analystes. Il n’y a donc pas de soucis de ce côté dans l’immédiat.

 

La pandémie du coronavirus est loin d’être maîtrisée et les signes de moindre progression doivent être confirmés sur une plus longue période. Les marchés ont peut-être rebondi un peu vite et la peur peut resurgir. Cela signifie que la volatilité devrait rester élevée. Mais dans l’état actuel des informations disponibles, nous ne changeons pas de conclusion : mieux vaut profiter des creux pour compléter les positions en actions que faire l’inverse.