Perspectives mensuelles sur les devises Avril 2019
Les incertitudes politiques soutiennent le dollar américain et le franc suisse

Dollar américain (USD)
En mars, l'euro s'est légèrement déprécié par rapport au dollar américain qui a continué de bénéficier d'un environnement favorable en raison de son statut défensif et de son attrait pour les stratégies de " carry trade " (les investisseurs empruntant dans des devises à taux d’intérêt faibles pour investir dans des devises à taux élevés). Sur le plan politique, le sommet de l'UE du 10 avril a conduit à une nouvelle extension du Brexit. La nouvelle date limite est le 31 octobre. Le Royaume-Uni devra donc participer aux élections européennes. Theresa May a suggéré que sa date butoir pour quitter l'UE est toujours le 22 mai. L'incertitude s'en est trouvée réduite, puisqu'un Brexit sans accord n’est à priori plus un sujet jusque fin octobre. Nous maintenons notre objectif à 3 mois sur l'EURUSD à 1,16 (valeur de 1 euro). Nous avons révisé nos prévisions de la Fed et de la BCE. L'écart de rendement des obligations d’Etat ne devrait pas augmenter et ne devrait donc plus soutenir le dollar à la hausse. En outre, l'accroissement du déficit public américain et le rebond prévu de la Chine, qui devrait soutenir la dynamique européenne, seraient favorables à l'EURUSD au cours des mois à venir. De plus, le dollar américain demeure cher par rapport à sa valeur d’équilibre. Nous maintenons notre prévision pour l'EURUSD à 1,22 sur un horizon de 12 mois.
Le franc suisse (CHF)
La BCE est devenue plus prudente. Ceci est lié à une économie plus faible et aux préoccupations politiques dans la zone euro. Le franc suisse a augmenté et a atteint son plus haut niveau depuis fin 2017. L'agitation croissante concernant la lutte de pouvoir entre le Royaume-Uni et l'Union européenne a alimenté les inquiétudes des investisseurs et a été favorable à la devise suisse. L'amélioration de l'économie européenne prendra du temps. Nous maintenons donc notre objectif de 3 mois à 1,13. A moyen terme, les politiques monétaires devraient rester globalement sur la même trajectoire et les taux devraient rester inchangés cette année, les deux banques centrales ayant adopté une orientation plus prudente. Par conséquent, nous ne prévoyons pas d'incidence importante sur le taux de change. Toutefois, même si nous attendons toujours un Brexit coordonné, les récentes révisions à la baisse de la croissance de la zone euro nous ont amenées à être plus prudents quant au potentiel d'appréciation de l'euro contre le franc suisse. Nous réduisons nos anticipations sur 12 mois de 1,22 à 1,18 (valeur de 1 euro).
La devise japonaise (JPY)
Le yen japonais a continué de s'affaiblir par rapport au dollar américain. Nous attendons un accord commercial entre les États-Unis et la Chine dans les semaines à venir et un flux d'informations plus positif en provenance de Chine. Par conséquent, nous maintenons notre objectif de 3 mois à 110 (valeur de 1 dollar). A plus long terme, nous prévoyons que la tendance à la baisse de l'exposition japonaise aux actifs américains se poursuivra, compte tenu du ralentissement prévu de l'économie américaine. Par conséquent, nous pensons que le yen a un potentiel de hausse. Nous maintenons notre prévision sur 12 mois pour le yen à 106.

Source : BNP Paribas Wealth Management
Le dollar canadien (CAD)
Après un fort rebond plus tôt cette année, parallèlement à la hausse du prix du pétrole, le dollar canadien a récemment été pénalisé par un ralentissement de l'activité intérieure et un environnement mondial plus vulnérable. En outre, les récentes informations concernant le scandale de corruption a aggravé la crise politique et doivent être surveillées en attendant la tenue des élections législatives. Toutefois, certains signes encourageants ont été observés, comme la reprise récente de la croissance des salaires et la croissance économique en mars qui a dépassé les attentes. En outre, l'accord probable entre les États-Unis et la Chine devrait réduire les tensions commerciales et soutenir le CAD. Nous maintenons donc notre objectif de 3 mois à 1,30 (valeur de 1 dollar). Le discours plus prudent de la banque centrale a créé de l'incertitude quant au rythme de la hausse future des taux. Compte tenu de nos révisions à la baisse pour la croissance mondiale et de l'incertitude concernant la ratification du nouvel ALENA, nous voyons moins de potentiel haussier pour la CAD. Nous avons révisé à la baisse notre objectif sur 12 mois de 1,26 à 1,28. Nous nous attendons toujours à un CAD plus fort.
Le dollar australien (AUD)
La vigueur du dollar américain, conjuguée à l'incertitude de l'environnement extérieur, a empêché le dollar australien de s'apprécier. L'accord entre les États-Unis et la Chine est toujours en suspens. L'affaiblissement de la dynamique illustré par la croissance décevante du dernier trimestre doit être suivi de près. De plus, comme l'activité australienne dépend des importations chinoises, les derniers signaux positifs de reprise devraient soutenir l'Australie. Par conséquent, nous pensons que le AUDUSD fluctuera autour des niveaux actuels. Nous anticipons un AUD/USD à 0,72 (valeur de 1 AUD) à 3 mois. À court terme, nous pensons toujours que le dollar australien peut encore s'apprécier. Toutefois, nous prévoyons un potentiel d'appréciation inférieur à celui du mois dernier en raison du récent passage d'une politique monétaire restrictive à une politique monétaire neutre étant donné un potentiel de hausse plus modéré de l'économie australienne, déjà affaibli par la tendance négative des prix immobiliers. Par conséquent, nous avons révisé à la baisse notre objectif sur 12 mois pour l'AUDUSD de 0,78 à 0,74, mais nous prévoyons toujours un AUD plus fort contre le dollar.
Le dollar néo-zélandais (NZD).
L'incertitude mondiale autour le commerce mondial et la faiblesse des dépenses intérieures ont entraîné une performance relativement décevante du dollar néo-zélandais. La banque centrale a suggéré que l'équilibre des risques s'est détérioré. Ceci a été négatif pour le kiwi. Toutefois, le flux d'informations positif récent sur un accord commercial probable, combiné à des prix soutenus des produits laitiers, devraient soutenir le NZD à court terme. Nous continuons à penser que le NZD/USD devrait se négocier autour de 0,68 en 3 mois. A moyen terme, nous pensons que l'inflation se rapprochera de la cible de la banque centrale. De plus, grâce à des fondamentaux solides, nous prévoyons que l'écart de rendement obligataire devrait jouer en faveur du NZD d'ici la fin de l'année alors que l'économie américaine devrait ralentir. D'autre part, la reprise probable de la dynamique chinoise dans le courant de l'année soutiendrait aussi l'économie néo-zélandaise. Par conséquent, nous anticipons une hausse modérée de la monnaie, l'objectif sur 12 mois étant de 0,70 (valeur de 1 NZD).