Les investisseurs boudent les banques sur les marchés actions
Pourquoi restons-nous confiants dans le secteur ?
La saison bénéficiaire a commencé aux États-Unis, elle est à ce stade peu avancée. Seulement 7% des sociétés de l’indice S&P500 ont publié leurs résultats. Mais elle laisse déjà transparaitre une information : les investisseurs se désintéressent des valeurs bancaires. Tandis qu’une sous-performance du secteur est cohérente en phase de baisse ou de forte volatilité, il est étonnant que celui-ci soit à la peine avec des marchés qui reprennent timidement des couleurs. Cette désaffection est d’autant plus surprenante que plusieurs banques américaines ont annoncé récemment des résultats trimestriels au-dessus des attentes. Leur activité est bonne au T1 18, la profitabilité au rendez-vous et leurs marges d’intérêt sont stables, voire en progression… Et pourtant, les investisseurs boudent les valeurs bancaires. Ils préfèrent se tourner vers les pétrolières portées par la remontée des prix du pétrole ou plus récemment revenir sur des valeurs de croissance comme la technologie. La sous-performance des banques serait-elle une pure affaire de rotation sectorielle ou bien leurs fondamentaux seraient-ils finalement devenus moins bons ?
L’évolution des taux d’intérêt est sans doute une des sources principales des difficultés actuelles du secteur. Des deux côtés de l’Atlantique, le taux d’intérêt à 10 ans n’a cessé de baisser depuis plusieurs semaines. Le Bund, taux de référence allemand, est passé de 0,77% (un plus haut en deux ans) en février à 0,5% début avril et le taux à 10 ans américain de 2,95% à 2,70% sur la même période. Avec cette réévaluation des perspectives de taux, les investisseurs ont effectué des arbitrages sectoriels, passant des financières à des thématiques plus défensives (énergie, pour le moment).
Nous restons toutefois confiants dans le secteur bancaire. Malgré une réglementation plus stricte, une transformation de l’activité (changement de comportement des clients) et une concurrence accrue (désintermédiation du marché avec l’émergence des fintechs), la performance des banques américaines et européennes sera, selon nous, à nouveau soutenue par :
1) Une remontée des taux d’intérêt. Dans un contexte de croissance solide et du retour des pressions inflationnistes, nous prévoyons que les taux d’intérêt se normaliseront progressivement sous l’action des banques centrales. Le rendement des obligations à 10 ans atteindra 1,25 % en Allemagne et 3,25% aux Etats-Unis d’ici 12 mois, selon nous. Une courbe des taux plus pentue aura un effet positif sur les marges d’intérêt des banques. La Banque centrale européenne estime qu’une pentification de la courbe des taux de 200 points dans la zone euro permettrait une amélioration des revenus d’intérêt des banques de 10% sur trois ans.
2) Un environnement économique toujours porteur. Le vote de la réforme fiscale aux États-Unis en décembre dernier a offert plus de visibilité pour les banques et a alimenté un relèvement important des estimations bénéficiaires sur les trois derniers mois. En Europe, les conditions économiques sont favorables et la croissance du crédit dans la zone euro est solide. La rentabilité des fonds propres des banques européennes a augmenté de 8% à 9% sur les trois derniers mois et de 10% à 11% aux Etats-Unis.
3) Des valorisations raisonnables. Le secteur se négocie toujours à des niveaux relativement attrayants. Le ratio cours sur valeur comptable est toujours inférieur à 1. Dès lors, la progression de la rentabilité des fonds propres ainsi que des dividendes pourraient soutenir un regain d’appétit pour ce secteur peu cher et correctement capitalisé.
4) Un risque politique maitrisée. En Europe, le risque politique a diminué depuis les élections françaises. La situation politique en Italie est toujours source de préoccupations, mais nous notons que les spreads italiens ne se sont pas élargis. Les fondamentaux économiques du pays continuent par ailleurs à s'améliorer. Les créances douteuses représentent à présent moins 9% du total des prêts (contre 11% il y a quelques mois).
En conclusion, les marchés actions doivent actuellement surmonter plusieurs facteurs de risque qui dépassent la simple analyse fondamentale des marchés. La situation géopolitique, les craintes d’une guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine ainsi que les imbroglios politiques américains peuvent potentiellement continuer à perturber les marchés boursiers à court terme. Toutefois, nous pensons que l’environnement économique et financier reste porteur pour les actions et que les valeurs bancaires seront les principaux bénéficiaires d’un scénario reflationniste toujours valide.