Stratégie sectorielle : nos dernières recommandations
Malgré les incertitudes, des perspectives positives pour les marchés actions
Les actions mondiales ont plongé le 10-11 octobre en raison d'une forte hausse des taux américains, des préoccupations commerciales et de la baisse des prévisions de croissance mondiale du FMI. Depuis quelque temps maintenant, les marchés actions sont mis à rude épreuve : 1/ Les tensions commerciales constituent le premier risque pour la croissance économique. 2/ En Europe, le politique (Italie et perspective du «Brexit») pèse sur les indices. 3/ Une remontée plus rapide que prévue de l'inflation pourrait inciter les banques centrales à normaliser leur politique monétaire plus vite. Ceci pourrait conduire à une forte baisse des cours des obligations. 4/Une baisse plus importante que prévue de la croissance économique chinoise, suite à la mise en place de droits de douane massifs par les États-Unis.
Toutefois, nous ne pensons pas qu'il s'agisse de la fin du cycle. La récente hausse des rendements américains correspond à nos attentes. Nous continuons de penser que la plupart des hausses de taux de la Banque centrale américaine sont maintenant derrière nous, car il n'existe pas d'accélération de l'inflation tandis que la croissance économique devrait ralentir en 2019. Nous continuons donc de miser sur les actifs boursiers. Nous identifions en effet un écart important entre bons fondamentaux (résultats solides des sociétés) et la faiblesse des valorisations.
Quelle stratégie sectorielle ?
Nous conservons une stratégie sectorielle en faveur des valeurs cycliques et financières. Nos hypothèses centrales sont qu’une croissance économique soutenue, la baisse du dollar et la hausse des rendements obligataires vont soutenir les actions. La courbe des taux d'intérêt pourrait se pentifier (surtout en Europe). Cette combinaison soutient les valeurs cycliques. Nous sommes actuellement positifs sur les matériaux, l'industrie, l'énergie, la finance et les équipementiers en télécommunication en Europe. Nous estimons qu'à court terme l'appétit pour les secteurs défensifs - comme les biens de consommation de base, les services aux collectivités et les télécoms –s'estompera. Au sein de l’univers défensif, notre préférons le secteur de la santé pour lequel nous voyons un meilleur profil de croissance.
Certains sous-secteurs sont actuellement bon marché pour le moment en Europe, en particulier les semis, les banques, les télécommunications et l'automobile. Au niveau actuel de valorisation, certains d'entre eux offrent des opportunités d’achat, nous avons donc adapté nos recommandations :
- Nous avons relevé de négatif à neutre l’automobile mondiale : Les constructeurs automobiles sont actuellement confrontés à une véritable tempête. Plusieurs évènements ont touchés leurs activités: Régulation de l’émission de CO2, le scandale du diesel, les craintes tarifaires des Etats-Unis et le ralentissement attendu des ventes de voitures. Le secteur est extrêmement bon marché après sa force sous-performance. En Europe, le ratio Cours sur bénéfices est à 6,7. La plupart des entreprises ont réduit leurs perspectives de bénéfices. La dernière en date est BMW qui confirme que l’environnement est difficile pour tous les constructeurs, y compris les premiums. L’environnement restera difficile dans l’industrie automobile: 1/ Le cycle de vente des voitures est arrivé à maturité dans certains pays (Royaume-Uni, USA). 2/ Les émissions de CO2 et de NOx doivent être réduites et une réglementation plus stricte sera une contrainte pour les constructeurs automobiles. 3/ Dans cet environnement, les entreprises auront besoin de se transformer tout en augmentant le volume de véhicules électriques et en réduisant celui des berlines et du diesel. Au cours de l’été, Continental a annoncé un avertissement sur les bénéfices en raison d’un manque de demande pour les modèles berlines. 4/ les tensions commerciales persistent. Néanmoins, nous pensons que beaucoup de ces risques ont été intégrés dans les cours. Les valorisations sont sans doute à un plancher.
Nous avons relevé les semi-conducteurs européens de neutre à positif dans la mesure où il existe une divergence entre fondamentaux (pas si mauvais) et valorisations. L’industrie (-19% par rapport au sommet de juin) a été touchée par les facteurs suivants: 1/ Ralentissement de la demande de smartphones (pression à la baisse sur les prix des DRAM); 2/ Avertissements dans l’industrie automobile (les semis européens sont fortement exposés à l’auto); 3/ Tensions commerciales entre la Chine et USA; 4/ L’automatisation industrielle en Chine a ralenti au cours des derniers mois.
Dans cet environnement, l’industrie a fortement baissé au cours de l’été. Les semis européens se négocient maintenant en dessous de leur moyenne sur 2 ans (P/E à 17x). L’industrie a probablement trop souffert. Nous voyons des éléments rassurants: les ratios commandes/facturation sont encore encourageants, la demande est très diversifiée (auto, smartphone, industriels, IA,…) et l’industrie devrait continuer à croître dans les douze prochains mois (+15%).
Dans l’industrie automobile, l’avertissement de Continental est spécifique à l’entreprise plutôt qu’à l’ensemble de l’industrie. Les semi-conducteurs continueront de bénéficier de la demande dans le secteur automobile, en particulier avec sa transformation (véhicules électriques).
Bien qu’un ralentissement de la croissance soit attendu en 2019, la dynamique semble toujours solide dans l’industrie semi. Nous considérons que le niveau actuel est un point d'entrée attractif, surtout si l'appétit pour le risque des investisseurs pour les actions européennes est de retour dans les prochains mois. Le principal risque est une escalade des tensions commerciales entre les USA et la Chine (impact négatif sur les revenus des produits).
Nous avons également réduit les services aux entreprises (une industrie diversifiée au sein du secteur des produits industriels) de positif à neutre. L'industrie s'est bien comportée au cours des dernières années et semble chère (Cours sur bénéficies à 24 aux Etats-Unis et 18,4 en Europe). Dans le secteur des services aux entreprises, les sociétés intérim ont fait état d'un ralentissement de l'activité. Nous prenons donc nos bénéfices dans ce secteur cyclique. Nous restons toutefois positifs sur les biens d'équipement (et donc sur l'industrie) car les entreprises continueront à bénéficier de la dynamique positive des investissements en fin de cycle.