#Stratégie d'investissement — 14.05.2018

Nous abaissons les valeurs pétrolières de positif à neutre.

Guillaume Duchesne

Nous recommandons de sécuriser les gains après la bonne performance des actions du secteur de l’énergie.

De solides performances des valeurs pétrolières

Sur les marchés boursiers, les valeurs pétrolières se sont distinguées par une bonne performance. Elles ont surperformé de 5% au cours du dernier mois en Europe et de 8% aux États-Unis.

Une explication évidente est l'évolution récente des prix du pétrole. Le Brent est actuellement à 75 USD par baril contre 45 USD il y a un an. Les incertitudes géopolitiques, l'accord entre l'OPEP et la Russie pour limiter leur production et l'accélération de la demande de pétrole dans un contexte de croissance économique mondiale solide ont soutenu les prix du pétrole, et ce malgré l'augmentation de la production américaine de pétrole de schiste.
 

Les investisseurs se concentrent sur les politiques de distribution

La nouvelle vigueur du pétrole a été une excellente nouvelle pour les majors pétrolières. La hausse des prix du pétrole et la hausse de la production ont eu un effet positif sur les bénéfices des sociétés au premier trimestre de 2018. Les activités « amont » ont progressé et compensent la croissance modeste des activités dites « aval ». Les flux de trésorerie couvrent désormais les dividendes et les dépenses d'investissement. Le dividende n'est plus à risque et il y a une pression croissante sur les entreprises pour qu'elles reprennent les rachats d'actions.

Il y a trois ans, lorsque les prix du pétrole étaient à des niveaux beaucoup plus bas, la plupart des compagnies pétrolières ont pris des mesures de restructuration importantes. Elles ont contrôlé leurs coûts d'exploitation, réduit leurs dépenses d'investissement et amélioré leur efficacité capitalistique. Grâce à ces efforts, les compagnies pétrolières peuvent aujourd’hui pleinement profiter de la remontée des prix du pétrole.


Nous réduisons l'énergie (globale) de positive à neutre.

À très court terme, les actions du secteur de l'énergie devraient continuer à réagir positivement aux nouvelles géopolitiques. Les prix du pétrole ont été soutenus par la craintes de sanctions du gouvernement américain à l'encontre de l'Iran.

Le 8 mai, le Président Trump a décidé de mettre fin à l'accord nucléaire iranien et a également déclaré que les États-Unis rétabliraient toutes les sanctions abandonnées lors des accords de 2015. Les alliés américains auraient 180 jours pour revoir leurs échanges avec l'Iran. L'impact de ces sanctions pourrait toutefois être moins sévère que les précédentes, car les États-Unis agissent unilatéralement. Certains pays (Chine, Inde) pourraient s'opposer aux sanctions américaines. L'Arabie saoudite s'est par ailleurs engagée à œuvrer à la stabilisation du marché pétrolier. Le prix du pétrole a atteint 76 USD/baril après la nouvelle du retrait des États-Unis. Nous considérons donc que nous sommes probablement proches du sommet des incertitudes géopolitiques.

De plus, la position spéculative nette à long terme plus élevée laisse le prix du brut à court terme vulnérable. Dans une perspective à plus long terme, des craintes d'offre excédentaire pourraient réapparaître car la production américaine devrait dépasser 11 millions/jour au début de 2019, devançant la Russie en tant que premier producteur de pétrole. En conséquence, nous nous attendons à ce que le prix du Brent reste entre 65-75 USD/baril.

Actuellement, les valeurs pétrolières européennes sont à des niveaux plus élevés que leur record de 2015. Bien que les pétrolières américaines aient moins bien performé jusqu'à présent, elles sont proches de leur niveau de 2016. Les compagnies pétrolières sont techniquement dans des conditions de sur-achat.

Dans le dernier sondage BofA-ML auprès des gestionnaires de fonds, le positionnement du secteur a continué de s'améliorer de façon significative. Après plusieurs années de prudence dans le secteur, les gestionnaires de portefeuille annoncent maintenant qu'ils sont surpondérés dans le secteur de l'énergie (indicateur dit «contrarian»). Leur secteur de prédilection reste cependant la technologie.

Bien que les valeurs pétrolières ne soient pas encore chères, elles sont moins attrayantes aujourd'hui. Le ratio cours sur flux de trésorerie relatif des pétrolières a atteint 70% en Europe (contre 60% en juin 2017), soit son niveau le plus élevé en quatre ans. Le secteur reflète quelque peu l'amélioration des fondamentaux des entreprises.

Dans ce contexte, nous recommandons de sécuriser les profits et de réduire l’énergie (mondiale) de positif à neutre.