#Investissements — 22.07.2016

Les stratégies « Event Driven » : tout vient à point à qui sait attendre

Gilles Flament & Michael Baughan

Suite à notre introduction aux stratégies d’investissement alternatif, nous vous proposons de découvrir quelques stratégies spécifiques qui se regroupent sous l’ombrelle des stratégies « Event Driven ».

J’aime   cuisiner ! J’apprécie également la haute cuisine qui représente, selon moi, l’inatteignable, le summum. J’en perçois alors le prix comme le reflet de la qualité du savoir-faire et de l’expérience du Chef.

Comme ces grands chefs, les gérants « Event Driven » ont différents domaines d’expertises, mais ils se rejoignent tous autour d’une même idée : en combinant les meilleurs ingrédients et en respectant les bons temps de cuisson, le résultat visuel et gustatif final sera bien meilleur que  la simple juxtaposition des ingrédients initiaux.

Dans les stratégies « Event Driven », comme dans la cuisine, « tout vient à point à qui sait attendre ».  Le temps de préparation est ici le synonyme de la liquidité.

Au sein des stratégies « Event Driven », on peut associer la stratégie d’arbitrage de fusions / acquisitions à un mode de cuisson traditionnel pour créer une expérience d’investissement intéressante : les gérants utilisent leurs talents pour investir dans des sociétés qui soit, poursuivent une stratégie expansionniste, soit, se consolident à travers des fusions / acquisitions.  Avec un temps de cuisson plus court, ou au moins, bien défini, ces gérants veillent attentivement à ce que les deux principaux ingrédients se marient bien dans les temps.

Les gérants de « Situations Spéciales » trouvent leur inspiration dans les produits de saison.  Ils agissent en effet exclusivement aux annonces (appelés « catalyseurs ») des sociétés cotées pour investir. Cela peut être un arbitrage entre deux sociétés dont une serait susceptible de se restructurer dans un avenir proche, la privatisation d’un service publique, une opération de scission dans un conglomérat … dans tous les cas les gérants cherchent les bons ingrédients qui pourraient créer de la valeur pour les actionnaires à long-terme.

Pour les plus patients d’entre nous, les stratégies « Distressed » (des sociétés déjà en grande difficulté) nécessitent une préparation longue et de la patience pour bien préserver les parfums et s’assurer de la réussite finale du plat. Les spécialistes de cette stratégie ont des expertises bien précises pour comprendre et maitriser les risques associés.

D’autres gérants alternatifs préfèrent adopter une approche pragmatique en badigeonnant leurs idées d’investissement en échangeant régulièrement avec les es comités exécutifs ou les autres actionnaires afin  d’améliorer la valeur pour l’actionnaire à travers des stratégies de redressement à long terme.  « Activistes », ces gérants investissent en général à un horizon plus long terme, mais peuvent également opter pour des stratégies plus dynamiques et de plus court terme

Event-driven : les risques et les opportunités se trouvent dans le choix d’ingrédients

L’incertitude politique, une réglementation juridique fluctuante, et une faible croissance économique sont  des risques à considérer lorsque l’on choisit les  stratégies « Event Driven ».  Plus  le temps de cuisson est long, plus ses risques spécifiques pourraient influencer le résultat.  il faut en outre mesurer le risque  que l’opération soit abandonnée en cours de route, par exemple, à cause d’une incompatibilité des deux principaux ingrédients, parce que trop de cuisiniers gâtent la sauce (la rencontre de deux équipes de haute direction), ou même parce que les ingrédients ont dépassés leur date de péremption (déterminée par l’autorité de la concurrence).  Tout chef rigoureux doit éviter les brûlures, cela fait partie intégrante de son processus de gestion des risques.

D’autre part, les stratégies « Event Driven » ont un comportement moins corrélé aux stratégies d’investissements traditionnels (et notamment, par rapport aux marchés actions) car elles concentrent, par définition, sur des évènements spécifiques ayant potentiellement un impact sur le prix futur de l’action d’une entreprise. En termes d’opportunités, il existe deux types de scenarii favorables pour les activités de fusions / acquisitions : des entreprises peu endettées qui détiennent des réserves financières importantes couplé d’un retour d’une croissance économique positive et stable sur le moyen terme, et d’autres évènements d’expansion ou  de consolidation dans les industries respectivement en forte croissance ou en déclin structurel.

 

Bon appétit ! Et à la prochaine…

« La cuisine, c’est beaucoup plus que des recettes. »  Alain Chapel (1937-1990)   

 

Quelques définitions

L'arbitrage de fusions et d’acquisitions est une stratégie dans laquelle les actions de deux sociétés en cours de fusion sont simultanément achetés et vendus pour créer un bénéfice. L'en raison de l'incertitude qu'une opération de fusion ne pourrait pas conclure dans les temps ou du tout, l’action de la société cible est typiquement vendu à un prix réduit par rapport au prix futur de la société combinée après l’opération de fusion.

Un activiste est un investisseur opportuniste qui essaye d'effectuer d’importants changements dans une société en accumulant une position significative dans les actions de la société.  Une société peut devenir un cible pour l'activiste si elle est mal gérée, si elle a une structure de coûts excessives, s’elle pourrait être dirigée de manière plus rentable sous forme d’une entreprise privée, si elle semble détenir des niveaux de liquidités excessives dans son bilan (non exploités), si les paiements de dividendes ne répondent pas aux attentes, ou tout autre problème que l'investisseur activiste croit pouvoir résoudre pour rendre la société plus rentable.

Investir dans des valeurs « distressed » sous-entendre acheter la dette (par exemple) des sociétés qui éprouvent les difficultés à court terme de trésorerie, de l'incapacité à rembourser des dettes à long terme, ou d’une autre problématique lié aux fonds de roulement.  Dans certains cas, les investisseurs peuvent établir des positions dans une société qui est dans la démarche de déclaration de la faillite, pour in fine échanger la dette ancienne pour de nouvelles actions si la société est restructurée.