#Stratégie d'investissement — 17.10.2019

Perspectives mensuelles sur les devises d'octobre 2019

Guy Ertz

Premiers signes de stabilisation en termes d'aversion pour le risque

Un possible accord partiel entre les Etats-Unis et la Chine suggère une amélioration des relations entre les deux pays. Les probabilités d'un Brexit sans accord ont chuté ces dernières semaines. Les monnaies japonaise et suisse ont sous-performé, les actions ont rebondi et le dollar américain est resté résistant. Toutefois, les tensions commerciales devraient persister dans les mois à venir.

Dollar américain (USD)

L'environnement mondial n'a pas aidé l'euro à se redresser. Les craintes d'un ralentissement de la croissance mondiale et l'absence d’avancée majeure dans les négociations commerciales ont alimenté l’aversion au risque. En outre, les données économiques continuent de soutenir la forte dynamique américaine alors qu'il n'y a aucun signe de reprise de la croissance de la zone euro. Le paysage politique européen semble légèrement s'améliorer car les risques d'un Brexit sans accord ont diminué. A court terme, le dollar devrait rester soutenu par des incertitudes persistantes. Celles-ci pèsent sur la croissance mondiale et minent le sentiment des investisseurs. Ainsi, nous maintenons notre cible à 1,12 dans un horizon de trois mois. A moyen-terme, la politique monétaire devrait être le principal facteur. L'ajustement de milieu de cycle de la Fed devrait faire baisser l'écart de taux en défaveur du dollar. Une appréciation du dollar reste peu probable car il reste fort par rapport à la juste valeur à long terme (parité de pouvoir d'achat). Dans ce contexte, nous prévoyons que la paire EUR/USD se négociera autour de 1,14 au cours des 12 prochains mois.

Le yen japonais (JPY)

En septembre, le yen s'est affaibli alors que l’USD / JPY a retracé la majeure partie de la baisse enregistrée en août, en raison d'un appétit plus faible pour les actifs sûrs. Toutefois, l'environnement mondial reste globalement favorable au yen. Les révisions à la baisse de la croissance mondiale, l'aggravation des tensions commerciales et l'assouplissement accru de la politique monétaire des banques centrales donnent à penser que l’aversion au risque ne faiblira pas. Cela confirme notre vision d'un yen fort. En ce qui concerne la politique monétaire, nous pensons qu'il sera difficile pour la BoJ d'empêcher le yen de se renforcer tandis que les autres banques centrales du G10 ont davantage de marge de manœuvre à leur disposition pour assouplir la politique monétaire. Il est important de surveiller les tensions entre le Japon et la Corée du Sud, alors que les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine ont déjà affaibli l'économie mondiale.  Dans l'ensemble, l'appétit limité pour le risque devrait continuer de soutenir le yen. Par conséquent, nous voyons l’USD/JPY se négocier autour de 106 au cours des 3 et 12 prochains mois.

Le franc suisse (CHF)

La récente tendance haussière du franc suisse a été stoppée en septembre. Tandis que les économies périphériques de la zone euro jouissent de rendements historiquement bas, poussant l'écart de rendement dans les pays périphérique à la baisse, le franc suisse reste résistant. Ceci suggère qu'à court terme, le CHF restera soutenu par l'environnement mondial incertain, l'affaiblissement de l'économie de la zone euro et dans une moindre mesure, l'incertitude politique, matérialisée par la hausse de l'indice européen d'incertitude de politique économique. Le dernier PMI (enquête de conjoncture) manufacturier de la zone euro s'est détérioré. Dans ce contexte, nous maintenons notre objectif de 1,10 à 3 mois. court terme, nous nous attendons à ce que l’appétit pour le risque demeure modéré, car nous ne prévoyons pas de percée imminente sur le plan commercial. Ainsi, nous voyons le CHF continuer de bénéficier de l’aversion au risque. Nous maintenons l'EURCHF à 1,12 sur les 12 prochains mois.

La couronne suédoise (SEK)

La couronne suédoise s'est renforcée en septembre, parallèlement au discours rassurant de la banque centrale. Des fondamentaux solides soutiennent l'économie nationale. Toutefois, conjointement à l'affaiblissement de la zone euro, des signes de ralentissement se sont matérialisés, illustrés par la chute du PMI. Cela devrait plafonner le potentiel d'appréciation de la SEK. Nous conservons notre cible à 10,70 (valeur de 1 euro) pour les 3 prochains mois. Sur le plan monétaire, le gouverneur de la banque centrale a laissé les taux d'intérêt inchangés lors de la dernière réunion du comité tout en restant partisan d’une politique monétaire stricte, ce qui suggère qu'une hausse de taux pourrait suivre. Par conséquent, la divergence de la politique monétaire semble s'être accentuée depuis que la BCE a lancé un nouveau programme d'assouplissement. Cela devrait être favorable à la SEK. De plus, le différentiel de croissance devrait rester en faveur de la monnaie scandinave. Dans l'ensemble, le cours de la SEK ne semble pas conforme à ses fondamentaux. Par conséquent, nous continuons de voir la SEK se renforcer à court terme et nous nous attendons à ce que l'EUR/SEK atteigne notre objectif de 10,20 à 12 mois.

La couronne norvégienne (NOK)

La faible valorisation de la couronne norvégienne ne reflète pas la vigueur de l'économie. Le différentiel de croissance avec la zone euro est plus favorable car l'activité norvégienne reste résistante indépendamment de l’environnement externe défavorable. La divergence de politique monétaire avec la BCE soutient la NOK. Récemment, la banque centrale a relevé les taux d'intérêt pour la quatrième fois en une année tandis que la plupart des banques centrales assouplissent leur politique monétaire. Les attentes d'un nouvel assouplissement de la Fed et de la BCE pourraient s'avérer positives pour la couronne. Elle pourrait bientôt être la devise ayant le rendement le plus élevé parmi les pays développés. Dans l'ensemble, le déclin graduel de la NOK à des niveaux historiquement bas n'a pas été corrélé avec les fondamentaux et s'explique par les craintes du marché concernant la croissance mondiale. Nous prévoyons un renforcement du NOK alimenté par les écarts de croissance et de taux d'intérêt avec la zone euro. L'EURNOK devrait atteindre 9,60 à 3 mois et 9,40 au cours des 12 prochains mois.