Secteurs : Temps de réduire la voilure !
De positive à neutre à court terme sur les actions globales
Nous sommes récemment passés neutres sur les actions mondiales. Les bourses sont proches d’une zone de résistance importante. Une poursuite de la hausse nécessite une amélioration des fondamentaux. Or, l’environnement macroéconomique s’est détérioré et les prévisions bénéficiaires des entreprises ont été révisées à la baisse. Des signes d’amélioration mettront un peu de temps à venir. Dans ce contexte, les marchés seront, à court terme, plus vulnérables, faute de catalyseurs. Nous gardons néanmoins une vue favorable à moyen terme. Grâce à la stabilisation de l’environnement économique et des pressions géopolitiques, les bénéfices vont continuer à croître en 2019. Ce potentiel devrait se concrétiser d’ici le milieu de l’année.
Nous réduisons nos positions, non pas selon une approche géographique, mais plutôt en fonction du comportement récent des industries/secteurs. Plusieurs d’entre eux/elles sont aujourd'hui proches, voire au-dessus de leur moyenne mobile de 200 jours. Nous visons en premier lieu les secteurs pro-cycliques. Nos arguments sont essentiellement techniques et liés aux valorisations.
Nous modifions les positions des secteurs/industries suivant(e)s:
Les Matériaux globaux (mines, acier,….) sont abaissés à neutre. En Europe, le secteur a fortement rebondi, tiré notamment par les minières. A moyen terme, nous pensons que l’industrie minière pourrait être soutenue par une reprise de l’économie chinoise grâce notamment aux effets des stimuli mis en place par les autorités publiques qui tentent depuis plusieurs mois de contrôler le ralentissement de l’économie par des mesures fiscales et monétaires. En attendant, les données économiques chinoises sont toujours faibles et l’absence de catalyseurs attendus à court terme ainsi que le rebond sur les moyennes mobiles de 200 jours nous incitent à réduire notre exposition sur le secteur des minières. Ces dernières s’échangent aujourd’hui à des niveaux de valorisation relativement élevés en comparaison des autres secteurs.
L’industrie de l’acier a rebondi fortement aux Etats-Unis contrairement aux valeurs européennes qui ont été plus modestes dans leur mouvement haussier. En Europe, les enjeux pour le secteur sont liés à l’impact du conflit sino-américain (réorientation des échanges d’acier vers l’Europe), l’évolution de la demande finale (Chine, notamment) et de l’effet négatif de la hausse récente du minerai de fer (effet de la rupture d’un barrage au Brésil) sur les marges de profit qui sont généralement sous pression en fin de cycle (prix de vente bas, hausse des coûts). Même si la sidérurgie (européenne) n’est pas actuellement à sa moyenne mobile de 200 jours, nous abaissons également l’industrie à neutre.
La chimie (qui n’a pas rejoint sa moyenne mobile de 200 jours) est également abaissée à neutre. Nous considérons qu’elle manque de catalyseurs à court terme, notamment côté demande. La Chine et l’automobile constituent un risque pour l’industrie. Malgré l’effet positif de la baisse du prix du pétrole sur les marges, le profit warning de DowDuPont et quelques résultats décevants ont pénalisé le secteur. Les entreprises restent prudentes dans leurs prévisions pour le deuxième trimestre 2019. Le second semestre 2019 pourrait en revanche être meilleur.
Les semi-conducteurs en Europe passent à neutre. Nous avons racheté l’industrie au cours du quatrième trimestre 2018 alors que le secteur était fortement sous pression dans un contexte extremement compliqué (guerre commerciale sino-américaine, transformation du secteur automobile, crainte sur le cycle de vente, inquiétude sur la chaine de valeur d’Apple). Aujourd’hui, le secteur a rebondi fortement avec l’espoir d’un compromis commercial entre la Chine et les Etats-Unis et il profite d’une des plus fortes hausses sectorielles dans le rally de début d’année. Les résultats des entreprises, bien que rassurants, restent fragiles dans un contexte économique de ralentissement. Les stocks sont élevés. Dans leurs communications, les entreprises du secteur restent prudentes pour le 1S19 (croissance faible), mais sont plus optimistes pour 2S19. Le secteur restera fortement tributaire de l’issue des négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. Le secteur est actuellement sur ses moyennes mobiles de 200 jours. A ces niveaux, par prudence, nous préférons prendre nos bénéfices.
Les Industriels aux Etats-Unis sont abaissés à neutre. Le secteur a rebondi fortement ces dernières semaines. L’Europe en revanche est en retard du fait d’une plus forte exposition à la demande mondiale (Chine, auto, semi). Aux Etats-Unis, la croissance économique est restée solide. En 2018, elle a atteint près de 3% grâce notamment aux réductions d’impôts décidés par le Président Trump. Dans un tel environnement, les ventes dans le secteur de l’industrie ont été soutenues et le secteur a surperformé, aidé par ailleurs par des taux bas et le déploiement des investissements des entreprises en fin de cycle.
Sans envisager une fin immédiate du cycle, le momentum du secteur pourrait être moins favorable à court terme. La croissance économique américaine devrait s’établir en 2019 à 2,1%. Les indicateurs économiques avancés sont en détérioration aux Etats-Unis, impliquant une croissance organique des industriels moins favorable qu’en 2018. Par ailleurs, le secteur a dépassé, aux Etats-Unis, ses moyennes mobiles de 200 jours.
Nous passons de neutre à négatif sur la distribution alimentaire. L’industrie souffre depuis plusieurs années d’un environnement compliqué (déflation, concurrence accrue, croissance faible, marges étroites). Néanmoins, l’industrie européenne a été portée par des restructurations, fusions et une progression de l’inflation alimentaire ces derniers trimestres. Les contrôles de coût et synergie ont permis une surperformance de l’industrie. En février 2019, l’indice européen a touché des plus hauts en trois ans. La distribution alimentaire s’échange aujourd’hui avec une prime. Le potentiel de progression nous semble à ce stade limité. Nous prenons nos bénéfices.
Nous passons à l’achat sur les REITS (hors Grande-Bretagne). L’industrie est avantagée par le maintien des taux à un niveau bas et de hauts dividendes. Dans un contexte d’incertitudes, les investisseurs portent un intérêt plus grand à ce type de valeurs. Nous évitons les valeurs exposées au Royaume-Uni compte tenu du risque Brexit (impact sur les bureaux londoniens).