#Entrepreneurs — 18.04.2017

Serialpreneurs : les secrets d'une stratégie multi-secteurs

Les entrepreneurs en série se montrent particulièrement désireux d’apporter une contribution significative à la société. Découvrez pourquoi ils considèrent qu’opérer sur des secteurs d’activité différents accroît leurs chances de parvenir à cet objectif.

Si les bienfaits du principe de diversification ne sont plus à démontrer en matière de gestion d’actifs, de nombreux entrepreneurs sont également convaincus qu’intervenir dans un  éventail étendu de secteurs est le meilleur moyen de réussir, tant en termes de bénéfices que d’impact sociétal.

Daniel Gómez Iñiguez n’avait que 17 ans lorsqu’il a cofondé Solben, devenu le premier producteur de biodiesel au Mexique. À 26 ans, cet ingénieur chimiste, qui en est aujourd’hui actionnaire majoritaire, a créé son propre fonds d’investissements et possède des participations dans neuf sociétés.

« Ce sont des projets très différents. Je me suis rendu compte qu’en m’appuyant sur des stratégies parallèles, je pouvais réaliser des choses incroyables, qui surprennent autant les consommateurs que les marchés », confie Gómez Iñiguez.

« J'aime cette liberté de pouvoir résoudre n’importe quels problèmes à mesure qu’ils se présentent. C’est pour cette raison que j’interviens dans autant de domaines différents – l’énergie, la gastronomie, la politique, les réseaux sociaux et l'émancipation des femmes. »

C’est en s’entourant des meilleures équipes dirigeantes que le jeune entrepreneur mexicain, basé à Monterrey (Mexique), a pu s'investir de façon aussi diversifiée. « Il faut placer ses collaborateurs les plus doués et les plus performants aux ressources humaines, poursuit-il. Je me considère comme un très bon chasseur de têtes – il est essentiel de recruter les bonnes personnes afin de donner corps à mes visions. »

« Je ne m’occupe pas beaucoup du côté opérationnel mais je veille à mettre en place des structures de gouvernance suffisamment solides pour que mes entreprises puissent tourner toutes seules. Je consacre l’essentiel de mon temps à organiser l’encadrement et la structure financière. »

Sa stratégie cadre parfaitement avec les conclusions du rapport « Entrepreneur 2017 » de BNP Paribas Wealth Management qui a interrogé 2 650 entrepreneurs « Élite » dans le monde, dont 800 « Serialpreneurs » – des entrepreneurs ayant cofondé en moyenne 7,5 entreprises.

Comme le révèle le rapport, ces entrepreneurs en série gèrent leurs entreprises à la manière d’un portefeuille d’actifs. Ils contrôlent généralement leurs intérêts en tant que membres actifs au niveau du conseil d’administration, au lieu d’intervenir dans le management de l’entreprise.

 

De l’entrepreneur en série à l’entrepreneur en parallèle

« Un bon réseau d’influence : voilà la clé de la réussite », assure pour sa part Kamran Elahian, un entrepreneur basé en Californie qui, à 62 ans, a créé dix entreprises de la tech dont la valeur boursière cumulée atteint aujourd’hui plus de 8 milliards de dollars.

« Lorsque vous vous lancez et que personne ne vous connaît, vous devez mettre toute votre énergie à faire décoller votre première entreprise. Puis, quand celle-ci a réussi, les choses deviennent un peu plus faciles pour la deuxième. J’ai commencé comme entrepreneur individuel, puis j’ai évolué vers l’entrepreneuriat en série et je suis aujourd’hui entrepreneur en parallèle. »

Il a ensuite créé une société de capital-risque, Global Catalyst Partners, qui investit dans des jeunes pousses aux États-Unis, au Japon, en Inde, en Israël et à Singapour, ainsi qu’une fondation privée, la Global Catalyst Foundation.

« J’ai compris que je n’avais pas besoin de tout contrôler verticalement et de constituer des armées d’employés ; nous pouvions responsabiliser nos équipes par le biais d’Internet et des technologies de la communication », ajoute Kamran Elahian.

La probabilité qu'un entrepreneur devienne un Serialpreneur dépend souvent de la façon dont se sont développées ses premières sociétés. « Certains ont réussi du premier coup – je pense à Steve Jobs, Bill Gates et Mark Zuckerberg. Ils n’ont pas éprouvé le besoin de poursuivre l’aventure au-delà de leur première entreprise », souligne Sramana Mitra, présidente et fondatrice de l’incubateur et accélérateur virtuel californien One Million by One Million (1M/1M), sa quatrième start-up dans une carrière entrepreneuriale qui a débuté en 1994.

« Je pense que, lorsque l’on cherche à impulser un changement sociétal, cela n'est pas tant une question de nombre que de qui on est » conclut-elle.

800

« Serialpreneurs » parmi les 2 650 entrepreneurs « Élite » interrogés par BNP Paribas Wealth Management dans le cadre de son rapport 2017