#ISR — 15.10.2020

L’avion plus durable grâce au train ?

Fragilisé par la crise du coronavirus, le secteur aéronautique fait face à d’immenses défis. La rationalisation des coûts environnemental et économique passera par la mixité des transports.

Sommaire

  • La crise du coronavirus a durement frappé le secteur de l’aviation, déjà fragile
  • Les constructeurs aéronautiques veulent réduire leurs émissions de 50%
  • Mais en pratique, les émissions de CO2 du secteur continuent d’augmenter
  • Faute de solutions à moyen terme, l’heure est à la mixité avec le train
  • Impact environnemental, retombées sociales et coût économique doivent être les priorités

Le 4 mars 2020, dix jours avant le début du confinement, Flybe était contrainte de mettre un terme à ses vols. La première compagnie aérienne régionale britannique était victime des difficultés structurelles du secteur aggravées par la pandémie. Au plus fort de la crise, l’activité s’est contractée de 90%. Secteur éminemment cyclique, l’aviation est aussi responsable de 6% du forçage radiatif positif. C’est-à-dire des facteurs perturbant l’équilibre énergétique de la Terre et causant son réchauffement. Les processus d’innovation sont de plus particulièrement longs. L’aviation pourra-t-elle se réinventer à temps ? À quoi ressemblera l’avion de demain ?

Hausse des émissions

En 2019, les sept principaux constructeurs aéronautiques se sont engagés à réduire leurs émissions de CO2 de 50% entre 2005 et 2050. Cet engagement reste largement insuffisant. Le secteur est en effet un des rares dont les émissions continuent d’augmenter. Dans son rapport sur les enjeux durables de l’aviation paru en mai dernier, l’ONG The Shift Project faisait deux constats. Primo, le secteur continue de croître sur un modèle à forte intensité carbone. Secundo, la marge de progrès technique des avions est désormais très faible. Face à ces constats, The Shift Project propose plusieurs solutions dont la recherche en efficacité énergétique. Elle a déjà permis de ralentir la progression des émissions ces dernières années.

Pour atteindre ses objectifs environnementaux, le secteur étudie les énergies alternatives comme l’électricité, l’hydrogène et les biocarburants.

Des solutions trop lointaines

Pour atteindre ses objectifs environnementaux, le secteur étudie les énergies alternatives (électricité, hydrogène, biocarburants). Il s’intéresse aussi aux mécanismes de compensation. Le programme CORSIA a pour but de plafonner les émissions nettes du secteur à leur niveau de 2020.

Mais aucune de ces solutions ne permet encore au secteur d’assurer sa viabilité environnementale et économique. Les premiers avions verts ne sont attendus qu’à partir de 2050.

Pour de nombreuses ONG, l’heure est donc à la mixité. L’avion et les chemins de fer pourraient être réunis au sein des aéroports, transformés en pôles de mobilité. Plusieurs pays, dont la France, envisagent ainsi d’interdire les vols intérieurs si le trajet en train dure moins de 4h30.

Le secteur emploie 400.000 personnes en Europe, mais bon nombre de compagnies aériennes ont fondé leur modèle sur le dumping social.

Pratiques sociales et environnementales

Une autre spécificité du secteur aérien est son empreinte sociale. Il emploie 400.000 personnes en Europe. Bon nombre de compagnies aériennes ont toutefois fondé leur modèle sur le dumping social. Elles ont contribué au développement d’un tourisme de masse qui ne reflète ni son coût économique ni son coût environnemental réels. Par ailleurs, l’avion ne reste accessible, dans le meilleur des cas, qu’à moins de 20% de la population mondiale. Rationnaliser les coûts environnemental et économique réels des voyages, et mieux les intégrer à la question de la mobilité. Telles sont les priorités du secteur pour les années à venir.

 

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