Philanthropie: A La Recherche d’Impact
Les outils d’investissement et les stratégies de la nouvelle génération.
Les stratégies et outils d'investissement adoptés par les fondations familiales, dans lesquelles les millennials jouent un rôle de plus en plus actif, démontrent que l'approche philanthropique a changé. Les fondations familiales placent souvent la majeure partie de leurs capitaux dans des investissements conventionnels tels que l'immobilier, les actions, les obligations et les fonds communs de placement pour générer des rendements visant à pérenniser les dons et à soutenir leurs activités de subvention.
Cependant, les millennials s'intéressent de plus en plus à l’utilisation d’outils de financement innovants et de modèles de marché pour générer un impact. Ils recherchent des outils numériques reposant sur le traitement des données qui leur permettent de soutenir les initiatives et les entrepreneurs sociaux dans des régions éloignées du monde pour induire des changements sociaux réels.
L'intérêt pour les dons simples en tant que principal outil philanthropique diminue chez les groupes d'âge plus jeunes, selon une étude de Blackbaud, fournisseur de logiciels et de services de collecte de fonds auprès d'organisations à but non lucratif. Selon l'enquête, 48 % des donateurs plus âgés et 45 % des baby-boomers ont déclaré que les dons financiers avaient fait la plus grande différence contre seulement 36 % de la génération X et 25 % de la génération Y. « Nous les trouvons plus engagés dans la philanthropie à risque, les entreprises sociales et les investissements à impact social », explique M. Vaccaro (PDG, CerPhi). « Ils s'intéressent à des modèles qui s’auto-alimentent à long terme. »
Les avantages pour les fondations familiales sont également plus larges. « L'investissement à impact peut aider à combler le fossé générationnel au sein des familles, car il permet aux jeunes membres de la famille de poursuivre des objectifs sains, et le besoin de le faire de manière rentable peut soulager les craintes des générations précédentes que les jeunes gaspillent l’argent durement gagné », précise M. Bishop (rédacteur en chef de The Economist Group). Ces changements interviennent dans un contexte marqué par l’essor du secteur d'investissement à impact qui brouille de plus en plus les frontières entre la philanthropie et l'investissement.
Certains millennials engagés dans leurs fondations familiales jouent un rôle moteur.
Mme Jacobs, qui dirige la Fondation Jacobs en Suisse, a fait quelques incursions dans l'investissement à impact, en allouant 2,5 millions de francs suisses (2,5 millions USD au taux de change actuel) à trois investissements à impact en 2016, avec l'intention d'investir un total de 6 millions de francs suisses d'ici à 2020 dans la finance à impact, notamment en placements en actions et en prêts. Parmi ces investissements figurent notamment la création et la gestion d'un fonds à impact sur l'éducation, le capital de démarrage d'un portefeuille d'entreprises d’EdTech et un financement pour les institutions de microfinance afin que celles-ci élargissent leur portefeuille de produits éducatifs, le tout au profit de la Côte d'Ivoire.
Aux États-Unis, Mme Cordes (vice-présidente de la Cordes Foundation) travaille à transformer tous les investissements de la fondation en investissements à impact. Howard Warren Buffett, petit-fils de Warren E. Buffett, 33 ans, est directeur exécutif de la fondation familiale, The Howard G Buffett Foundation, et défend l'investissement à caractère social.
Même en Chine, où l'investissement à impact n’en n’est qu’à ses prémices, M. Cunningham (directeur de l’Ash Center China Programs et de l’Asia Energy and Sustainability Initiative, Harvard Kennedy School) voit un intérêt croissant chez les jeunes générations à utiliser de nouveaux outils financiers pour défendre de bonnes causes, d'autant que cette génération s'implique davantage dans les transactions commerciales internationales. « Les millennials maitrisent mieux les instruments financiers et sont beaucoup plus au faite des mécanismes, des outils et des régimes juridiques internationaux tels que les fiducies, les family offices et les fonds notés par les donateurs », affirme-t-il. « On assiste à la montée de personnes entre la fin de la vingtaine jusqu’au au début de la quarantaine commencer à s'engager à l’aide de produits d'investissement à impact, car la Chine construit ces produits dans le pays ».
Retrouvez le rapport sur la Philanthropie Individuelle 2017 de BNP Paribas Wealth Management, mené par The Economist Intelligence Unit, et qui décrypte les motivations de la génération Y.