#Stratégie d'investissement — 02.11.2017

Banque d’Angleterre: des taux plus hauts

Edouard Desbonnets

Bien que le contexte économique soit difficile et incertain, la Banque d’Angleterre a choisi de hausser les taux pour combattre l’inflation.

Toile de fond

Les membres de la Banque d’Angleterre avaient multiplié les signaux pour prévenir le marché qu’une hausse des taux « pourrait être appropriée dans les prochains mois » car l’inflation dépassait la cible. Elle a en effet atteint 3% en glissement annuel en septembre, soit sa plus forte hausse depuis plus de cinq ans et dépasse actuellement de 1% la cible. Par conséquent, la plupart des acteurs de marché avaient déjà intégré une hausse des taux d'intérêt en novembre.

Cependant, la situation économique en Angleterre est ambiguë. Certes, les dernières données ont montré que l'économie britannique a progressé plus vite que prévu au troisième trimestre et que le taux de chômage est tombé à son niveau le plus bas depuis 42 ans, à 4,3%. Mais d'un autre côté, le marché du travail bien que dynamique, a montré des signes de détérioration, les prévisions d'emploi se sont réduites et le nombre de travailleurs indépendants et à temps partiel a augmenté. De plus, même si le salaire nominal a surpris à la hausse dernièrement, le salaire réel, lui, continue de baisser, ce qui a déjà pesé sur les ventes au détail de septembre et aura inévitablement une incidence négative sur la croissance. En outre, le niveau d'incertitude autour du Brexit est probablement à son plus haut niveau. Apparemment les discussions piétinent et le parti conservateur ne semble pas faire preuve d'unité.

D'où le choix difficile de la Banque d’Angleterre: monter les taux pour répondre à l'accélération de l'inflation ou les laisser inchangés en prévision de lendemains difficiles?
 

La décision

La Banque d’Angleterre a voté pour un relèvement des taux de 25pb à 0,50% par un vote de sept en faveur et deux contre et a déclaré qu’elle s’attend à une augmentation très lente des taux sur les trois prochaines années. Elle a également décidé de maintenir le programme de rachats d’actifs à 435 milliards de livres. La principale raison invoquée pour cette hausse de taux est de faire revenir l’inflation à un niveau proche de sa cible de 2%. Le Brexit demeure pour Carney le principal risque pour la croissance.

Nous ne pensons pas que cette hausse de taux indique le début d'un cycle de resserrement monétaire. Il faudrait d’abord avoir plus de clarté sur le Brexit, et aussi plus de preuves que l’accélération de l’inflation soit auto-entretenue par la hausse des salaires. Nous n’anticipons pas de nouvelle hausse de taux en 2018.
 

Les premières réactions de marché

Cette décision était bien anticipée par les investisseurs mais ils ne s’attendaient pas à autant de prudence dans le discours du banquier central. Ainsi, la livre s’est dépréciée de plus de 1% contre le dollar et contre l’euro, à 1,31 et 0,89 respectivement. Les rendements obligataires ont chutés. Le rendement à deux ans a baissé de 6pb à 0,43% et le rendement du Gilt à 10 ans a perdu 5pb à 1,29%. Le marché actions anglais profite de la baisse de la devise pour gagner 0,7%.