#Market Strategy — 09.11.2016

Élection de Donald Trump : plus de volatilité à court terme

Guy Ertz

Donald Trump a remporté les élections présidentielles américaines. A 9 heures 30 ce matin, heure de Paris, Mr. Trump menait avec 288 grands électeurs le soutenant contre 215 pour Hillary Clinton. (Sources CNN)

  • Donald Trump remporte les élections présidentielles américaines.
  • La victoire de M. Trump se traduit dans un premier temps par une augmentation des incertitudes : baisse des taux d’intérêts, du dollar et des actions.
  • Après une hausse initiale des incertitudes, les investisseurs vont surement considérer que les réformes fiscales (baisse des taux d’imposition), couplées avec une augmentation des dépenses d’infrastructures devraient stimuler l’activité économique. Ceci supporte notre opinion positive à moyen terme pour les marchés actions mondiaux.
  • Les révisions haussières d’anticipation concernant les taux directeurs de la Fed devraient soutenir le dollar.
  • Nous maintenons notre anticipation de remontée des rendements obligataires au-delà d’une période initiale de volatilité.
  • Nous voyons une  étape initiale de volatilité les premiers  jours/semaines mais nous suggérons de ne pas vendre dans la panique. D’après l’évolution des marchés, nous anticipons des opportunités surtout pour les actifs en dollar.
     

L’élection des sénateurs et des représentants :

Les Américains devaient voter pour renouveler un tiers des sièges du Sénat (34) et la totalité de la Chambre des représentants (435 sièges). Avant le scrutin, les Républicains étaient majoritaires au Sénat aves 54% des sièges.

Concernant la Chambre des représentants, les Républicains étaient également majoritaires avec une marge plus confortable (246 sièges contre 186 pour les Démocrates). Les détails ne sont pas encore connus. Il semble toutefois que les deux chambres devraient rester majoritairement Républicaines.

L’impact initial sur l’économie et les marchés financiers :

L’impact initial de la victoire de M. Trump est une augmentation des incertitudes comme le démontrent les principaux indicateurs financiers (voir la section suivante). Cela pourrait impacter l’activité économique à court terme. Nous pensons qu’après quelques semaines ou quelques mois, les opérateurs de marchés réaliseront que M. Trump n’a pas l’intention d’augmenter le déficit budgétaire de manière insoutenable et que les marges de manœuvre du président sont de toute façon limitées par la constitution américaine. Son intention de stimuler la croissance économique en utilisant le levier de la consommation domestique va surement contrebalancer les effets négatifs sur le commerce extérieur.

L’activité économique devrait progressivement surprendre positivement et l’inflation devrait suivre la même tendance. Cela devrait finalement permettre à la Fed de remonter ses taux plus rapidement que les anticipations de marché ne le laissent supposer. Nous pensons que le résultat du scrutin n’aura pas d’impact majeur par rapport à notre scénario de base sur ce sujet précis.

L’impact économique pour les principaux partenaires commerciaux sera progressif et certainement plus marqué sur certaines économies émergentes spécifiques. Globalement, les perspectives concernant la croissance économique mondiale et des économies émergentes devraient être révisées à la baisse. Bien que le dollar puisse se déprécier à court terme, son statut de valeur refuge pendant les périodes de stress devrait limiter la baisse (probablement autour de -5% selon nous).

L’amélioration progressive de la croissance économique américaine et la remontée des taux de la Fed devraient soutenir le dollar via des anticipations favorables à une augmentation du différentiel de taux.

Une cible à 12 mois aux alentours de 1.08 nous semble toujours réaliste. Les taux américains devraient également suivre une dynamique similaire.

La hausse initiale des valeurs refuges (obligations souveraines américaines) sera sûrement suivie par une période de consolidation sur les actifs obligataires.

Une baisse temporaire du taux 10 ans vers 1.60% est plausible. Notre cible à 2.00% pour la fin de l’année 2017 est toujours d’actualité. Le Bund Allemand devrait suivre la même évolution. Les obligations émergentes pourraient corriger étant donné les effets négatifs sur le commerce mondial mais également en fonction des décisions de la Fed dans son cycle de normalisation des taux.

La réaction initiale du marché action devrait être une correction importante, de l’ordre de 10%, les investisseurs parlant d’un évènement assimilable à un « cygne noir ». Cette réaction se traduirait par l’intégration d’une prime de risque substantielle, relative à l’incertitude politique,  dans les valorisations (compression des ratios P/E). Pour prendre une base de comparaison, le S&P 500 a perdu 5.3% dans les deux jours suivant l’annonce du Brexit en juin dernier, en ligne avec la chute du FTSE100 (5.6%) alors que la zone euro abandonnait 11%. (cette correction avait commencé après le résultat du scrutin, cette fois-ci les marchés ont commencé à corriger avant que le résultat ne soit connu).

Les marchés actions des pays dont la devise constitue une valeur refuge devraient être touchés plus durement, à l’image du Japon ou de la Suisse (~12%), tout comme les pays émergents (~15%) à cause du risque de  protectionnisme.

Le marché de la zone euro devrait corriger plus fortement que le marché américain (~12%) à cause de l’appréciation de l’euro et de son caractère pro-cyclique. Dans un second temps, mais avec un délai plus important que dans le cas du Brexit étant donné que M. Trump ne prendra pas ses fonctions avant janvier, les investisseurs vont surement considérer que les réformes fiscales (baisse du taux d’imposition), couplées avec une augmentation des dépenses d’infrastructures devraient stimuler l’activité économique.

De plus, si M. Trump venait à tempérer sa rhétorique protectionniste, alors les marchés actions auraient une marge de manœuvre suffisante pour une reprise substantielle.  Dans ces conditions, le dollar devrait lui aussi se reprendre suite à sa dépréciation modérée, étant donné les impacts sur la croissance et le différentiel de taux, sans pour autant impacter négativement les marchés européens et japonais : ceux-ci devraient bénéficier de leur caractère pro-cyclique et du retour de l’appétit pour le risque.

Sur une consolidation majeure des marchés actions mondiaux, nous pourrions donc augmenter l’opinion sur les marchés actions américains à positive, grâce aux impacts bénéfiques d’un dollar modérément plus faible (face aux devises des autres pays développés), et du stimulus fiscal sur les anticipations des résultats des entreprises. Dans un second temps, selon l’amplitude de l’impact sur les devises émergentes et sur le degré de protectionnisme de la nouvelle administration Trump, nous pourrions également augmenter les marchés actions des économies émergentes, en gardant une préférence marquée pour l’Asie.

En résumé, nous voyons une  étape initiale de volatilité les premiers  jours/semaines mais nous suggérons de ne pas vendre dans la panique. D’après l’évolution des marchés, nous anticipons des opportunités surtout pour les actifs en dollar.

La réaction initiale des marchés :

Le dollar a chuté alors que les devises défensives, à l’image du yen ou du franc suisse, se sont appréciées.  Le prix de l’or a également augmenté fortement.

Nous avons observé une violente correction sur les marchés actions, particulièrement aux Etats-Unis.

Les rendements obligataires se sont légèrement détendus à travers le monde. A 8 heures ce matin, le taux américains à 10 ans a chuté à 1,80% tout comme le Bund Allemand qui a atteint 0,19%. Cette dynamique baissière a également impacté les prix du pétrole. Le Nikkei a chuté de près de 5%.

Avant les résultats, la probabilité pour une hausse des taux directeurs de la Fed en Décembre a chuté ce matin à moins de 50%.

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