Marchés actions : fondamentaux haussiers mais facteurs techniques neutres à court terme
Fin octobre, l’indice MSCI World All Countries est en hausse de 17% en dollars, porté entre autres par le recul de 7% du billet vert en termes pondérés des échanges commerciaux.
La majeure partie de cette progression est à mettre à l'actif de l’accroissement des bénéfices. A quoi faut-il s'attendre ?
Que faire ? Nous conservons un positionnement neutre à court terme.
Les conditions décrites ci-dessus ne peuvent pas durer éternellement. Arrivera un moment où la volatilité devra forcément s’accroître.
Quels pourraient en être les catalyseurs ? Aucun grand facteur ne représente une menace sérieuse pour les cours ; les marchés sont plutôt en manque de raisons qui permettraient d’assainir les conditions techniques de surachat.
Ces facteurs pourraient avoir trait au retrait progressif de l'assouplissement quantitatif (« QE ») qui laisserait la place à un resserrement quantitatif (« QT »), à la montée des tensions inflationnistes qui pèsent sur les prix des obligations ou encore à des déceptions sur le front de la reflation, pour n’en citer que quelques-unes. Parmi les autres raisons qui laissent entrevoir une consolidation, mentionnons la sélectivité accrue ou les divergences négatives telles que la proportion de titres se négociant au-dessus de leur moyenne mobile sur 200 jours.
Maintien d'une position haussière à moyen terme.
Trois grands facteurs nous incitent à rester haussiers. Il s’agit de la croissance des bénéfices, de la lenteur de la normalisation des politiques monétaires et des valorisations.
S’agissant de la croissance du BPA, la synchronisation de l'expansion économique mondiale (sous l’effet de la consommation, des dépenses d'investissement et du commerce) devrait favoriser une hausse des bénéfices proche de 10%.
Ces perspectives sont confortées par l’accélération de l’inflation des prix à la production (IPP), qui implique la restauration d'un certain pouvoir de fixation des prix. Le deuxième facteur est lié au rythme très progressif de la normalisation des politiques des banques centrales, ce qui empêchera toute remontée brutale des rendements. Cette situation sera favorable aux actions, a fortiori dans un contexte où les taux d'intérêt réels sont loin de représenter une menace ; aux Etats-Unis, il faudrait qu’ils atteignent au moins 1,8% (alors qu’ils sont aujourd'hui négatifs) pour faire véritablement obstacle à la hausse des actions.
Enfin, le troisième facteur a trait aux valorisations, qui ne se situent pas à des niveaux extrêmes, mais bien légèrement supérieurs à leur moyenne à long terme, une situation favorable en regard des prix extrêmement élevés des obligations et des performances au mieux dérisoires générées par les liquidités. Par ailleurs, les valorisations bénéficient d'un soutien solide, à savoir la grande visibilité actuelle des perspectives économiques et des bénéfices qui se traduit par une faible dispersion des estimations.
Du jamais vu !
Les marchés actions signent un parcours réellement impressionnant cette année, non parce qu’ils sont en hausse, une évolution toute naturelle au vu des fondamentaux, mais bien parce que cette progression a été très fluide et n’a pas déraillé face aux obstacles occasionnels qui se sont dressés sur sa route (doutes entourant la reflation, problèmes géopolitiques, perspectives de normalisation des politiques monétaires, valorisations élevées, complaisance des investisseurs, etc.). Ils ne s'étaient plus maintenus au-dessus de la moyenne mobile sur 50 jours pendant aussi longtemps depuis 2003. Jamais (du moins depuis 1914) l’indice Standard & Poors 500 n’avait subi si peu de pertes en un an que cela n'a été le cas en 2017. En plus de 40 ans, jamais autant de semaines ne se sont écoulées (70) sans qu'une perte hebdomadaire supérieure à 2% ne soit enregistrée. Les investisseurs font preuve de complaisance, le VIX s'établissant à 31 reprises en dessous de 10 cette année, contre 40 fois depuis 1990. Et la liste des singularités en cette phase haussière est encore longue.