Marchés actions : L’Obamacare n’est (toujours) pas mort – Acte II
Quelles conséquences pour le secteur des soins de santé ?
Ces dernières semaines, le Sénat américain a étudié une nouvelle mouture du projet de réformes des soins de santé américain, mais le résultat n’est pas à la hauteur des espoirs de D. Trump : le projet n’a tout simplement pas encore été voté. Faute de consensus, la décision a dû être reportée.
Une nouvelle fois, le président Trump est confronté à des difficultés dans ses réformes
C’est la quadrature du cercle pour les autorités américaines : le Président Trump avait promis que cette réforme ne pénaliserait personne tout en permettant d’économiser de l’argent. L’exercice en est rapidement devenu très complexe, même inextricable. Si l’Obamacare ne satisfaisait pas tous les Américains, les réformes proposées sont loin de faire l’unanimité. Divisés sur de nombreux points, les Républicains, pourtant à l’initiative du projet, ont été jusqu’à présent dans l’incapacité de trouver un consensus au sein même de leur parti. Les principales pierres d’achoppement restent la suppression de la couverture santé pour des dizaines de millions d’Américains et son remplacement par un système souvent jugé désavantageux pour une partie de la population. Le projet en devient impopulaire dans le pays. Tandis que certains sénateurs craignent un mécontentement de leurs électeurs à l’approche des élections de mi-mandat en 2018, les Républicains les plus conservateurs trouvent au contraire que les économies réalisées sont insuffisantes.
Le Sénat doit en débattre à nouveau ces prochains jours et pourrait voter la semaine du 17 juillet. Au-delà de cette adoption éventuelle, les deux assemblées législatives – la Chambre des Représentants avait voté son propre projet plus tôt cette année – devront trouver un compromis entre les deux projets. Rien n’est donc gagné.
Quelles sont les conséquences pour le secteur des soins de santé ? [Lire notre précédente publication]
A ce stade, les constats pour le secteur des soins de santé sont les suivants :
Les réformes ont finalement un impact direct limité sur l’industrie pharmaceutique. Les facteurs cruciaux sont ailleurs pour les grands groupes : innovation dans de nouveaux produits, croissance des marchés, réglementations des médicaments, R&D, évolution des taux de change,… Les perspectives de croissance bénéficiaire et de chiffre d’affaires ne seront donc pas modifiées par les analystes en fonction des résultats du vote du Congrès.
Les effets nets de la réforme pourraient même être positifs pour les entreprises pharmaceutiques. Si une réforme fiscale est effectivement mise en place à l’issue du débat sur la santé, les entreprises pharmaceutiques pourraient bénéficier de baisses d’impôts.
Les hôpitaux et les assurances-maladies exposées au plan d’aide Medicaid sont en revanche directement concernés par la réforme. La perspective d’une réduction de la couverture maladie de nombreux Américains a un effet négatif sur leur volume d’activités. Sur les marchés boursiers, les cours de ces entreprises ont dernièrement profité de l’absence d’accord entre les sénateurs. Ils risquent donc d’être volatils durant les prochaines semaines, évoluant en fonction des chances du vote de la réforme santé.
Les prix élevés des médicaments sont souvent pointés par les responsables politiques. Pendant la campagne présidentielle, D. Trump n’a pas dérogé à cette règle. La réglementation sur les prix des médicaments est donc un facteur décisif pour l’industrie pharmaceutique. Tant que les autorités n’abordent pas la question des prix des médicaments – comme ces derniers mois – les entreprises peuvent continuer à profiter d’un environnement favorable. La Maison Blanche prépare toutefois un dossier sur ce point. Elle pourrait assouplir la réglementation dans l’industrie afin de faciliter l’approbation des médicaments et donc inciter à la baisse des prix. A ce stade, les versions préliminaires connues ne seraient pas trop pénalisantes pour les groupes pharmaceutiques.
Depuis peu, les performances relatives du secteur des soins de santé sont moins bonnes. Avec la remontée des taux d’intérêt, le secteur est sanctionné par une rotation sectorielle principalement en faveur des banques.
L’enjeu de la transformation du système d’assurance maladie américain dépasse le seul secteur des soins de santé. Sa réussite conditionne en effet la capacité du gouvernement américain à mettre en place d’autres projets, notamment celui d’une grande réforme fiscale. Sans les économies inhérentes à la réduction des plans d’aide (le projet de réforme devrait réduire significativement le déficit budgétaire fédéral), le gouvernement possèdera une plus faible marge de manœuvre pour ses prochaines mesures. L’absence de réforme de l’assurance-maladie est donc moins un souci pour l’industrie pharmaceutique que pour le Président Trump lui-même…