Marchés actions : le point sur nos préférences régionales
A ce stade avancé du marché haussier, gardons-nous notre préférence pour les titres pro-cycliques ? Découvrez les raisons pour lesquelles nous continuons de privilégier la zone euro et le Japon, et pourquoi la Suisse présente, selon nous, un potentiel haussier presque aussi important.
Les actions américaines peuvent encore gagner du terrain, mais dans des proportions limitées, en raison du niveau des valorisations. Notre positionnement sur ce marché est toujours neutre
Les actions américaines sont de toute évidence très onéreuses en termes absolus, que l’on se base sur les ratios cours/bénéfices, cours/valeur comptable ou cours/chiffre d’affaires. Par rapport aux obligations, la situation est moins inquiétante, mais il est vrai que les marchés de taux sont très chers. Les actions américaines conservent néanmoins un potentiel haussier grâce à la croissance continue des bénéfices, en particulier si les Etats-Unis finissent par voter des réductions d’impôts. Celles-ci pourraient en effet doper de sept points de pourcentage les bénéfices des entreprises du S&P500. Cependant, plus aucune contribution ne pourra venir de l’expansion des marges, qui avoisinent des records historiques. De même, les rachats d’actions ne fourniront plus d’impulsion majeure, compte tenu de la dégradation des bilans. Les relèvements de taux de la Fed vont poser problème. En revanche, l’affaiblissement du dollar pourrait étayer les résultats des entreprises.
Les actions de la zone euro présentent un potentiel haussier supérieur à la moyenne. Nous conservons une opinion positive
Le thème du « rattrapage » des bénéfices a mis du temps à prendre forme, mais il est bel et bien en place depuis mi-2016. Le levier opérationnel des entreprises est élevé, et le levier financier peut être exploité davantage. Les rachats d’actions donneront un élan supplémentaire aux résultats. De plus, les valeurs financières (qui représentent 21% de l’indice Euro Stoxx) profiteront de la légère hausse des rendements obligataires. Enfin, les conditions de liquidité devraient rester très favorables, dans la mesure où la BCE ne compte pas relever ses taux avant 2019. Les niveaux absolus des valorisations, proches de leur moyenne à long terme, sont encourageants. Le principal facteur négatif a trait à une appréciation excessive de l’euro : celle-ci pourrait en effet coûter 3 points de pourcentage aux estimations de bénéfices. Un impact à prendre toutefois avec des pincettes, dès lors qu'il a par le passé été largement compensé par les effets positifs de l’expansion économique sur les bénéfices des entreprises. Et la croissance devrait demeurer supérieure à son potentiel, principalement grâce au dynamisme de la demande intérieure.
Le Japon peut encore surperformer : nous conservons une opinion positive
Les fondamentaux demeurent très bien orientés. Premièrement, la croissance devrait rester supérieure à son potentiel, soutenue par la confiance au beau fixe des ménages et des entreprises, et par les perspectives de maintien d'une politique monétaire accommodante. Ces conditions devraient favoriser la poursuite d’une solide croissance bénéficiaire, laquelle est également soutenue par l’attention grandissante que portent les entreprises aux intérêts de leurs actionnaires et qui leur a permis d’augmenter leurs bénéfices en 2017 malgré la tendance latérale du yen. La poursuite de l’expansion des bénéfices, la possibilité d’accroissement des ratios de distribution, le fort potentiel de rachats d’actions et le léger repli attendu sur le front du yen, couplés à des valorisations attrayantes, devraient se traduire par des entrées de capitaux en faveur des actions japonaises (notamment de la part des investisseurs étrangers, qui sont toujours sous-exposés à ce marché).
Nous sommes neutres sur le Royaume-Uni, où le potentiel de croissance des bénéfices est inférieur à la moyenne
Les perspectives économiques sont assombries par les incertitudes entourant le Brexit, tant sur le plan de la consommation que des dépenses d'investissement. Par conséquent, les perspectives de bénéfices sont relativement modestes. Les valorisations reflètent déjà ces incertitudes importantes et resteront probablement sous pression, car le chemin du Brexit s’annonce long et tortueux. Autre raison de privilégier la neutralité vis-à-vis des actions britanniques : ce marché présente un bêta modéré, dû à sa structure défensive.
Suisse : un potentiel haussier presque aussi bon que celui de l’UE et du Japon. Nous conservons un positionnement neutre
La Suisse fait partie des marchés dont les perspectives de croissance bénéficiaire sont les plus prometteuses. Cela s'explique en partie par la dépréciation de 5% du franc suisse en termes pondérés des échanges commerciaux au cours des derniers mois. Néanmoins, la principale raison tient au fait que les entreprises suisses sont largement tributaires de la santé de l'économie mondiale, actuellement vigoureuse. Si les valorisations n’y étaient pas aussi onéreuses, la Suisse ferait partie de nos marchés favoris. Cependant, par rapport au reste du monde, son PER est au plus haut depuis au moins 1990 et son ratio cours/valeur comptable affiche une prime de 20% par rapport à l’indice MSCI World AC, qui se trouve dans la partie supérieure de la fourchette des vingt-cinq dernières années. Les performances des actions du pays seront donc probablement plus faibles que celles du Japon et de l’UE, mais il y a de grandes chances pour qu’elles soient au moins aussi bonnes que celles des Etats-Unis.
Marchés émergents : des fondamentaux solides, mais certains facteurs négatifs à court terme invitent à un positionnement neutre
La croissance des économies émergentes devrait s'avérer au moins deux fois supérieure à celle des pays développés dans un avenir proche : ces conditions permettront vraisemblablement aux entreprises des pays émergents d'égaler, voire de dépasser, leurs homologues des pays développés en termes d’expansion des bénéfices, d'autant plus que la tendance des marges et de la rentabilité des fonds propres est bien orientée. La rentabilité des fonds propres devrait s’améliorer non seulement dans l’informatique, les matériaux et l'énergie, mais également dans les secteurs des biens de consommation courante et de l’industrie. Les valorisations sont raisonnables, en particulier si l’on considère la progression substantielle du secteur technologique au sein de l’indice. Néanmoins, nous identifions les obstacles suivants à court terme : la hausse attendue du dollar et des rendements obligataires, ainsi que l’incertitude entourant l’ampleur du ralentissement de l’activité en Chine. Celui-ci devrait se révéler au final assez limité, raison pour laquelle nous maintenons notre préférence pour l’Asie hors Japon (Chine et Inde en particulier) parmi les actions émergentes.