#Stratégie d'investissement — 07.01.2016

TURBULENCES SUR LES MARCHES ACTIONS DUES AUX REDUCTIONS SUCCESSIVES DE LA PARITE DU YUAN

Roger Keller

Un début d’année turbulent dans une logique assez floue. La tendance des marchés actions est-elle en train de se renverser?

Les bourses chutent. Les rendements obligataires reculent. Le prix du pétrole retrouve des points bas de 2004. La recherche de valeurs refuges s’observe sur les marchés des changes et de l’or. Le dénominateur commun derrière ces divers mouvements se trouve en Chine, avec une succession de réductions de la parité journalière du yuan. Les conditions restent en place pour que les marchés actions délivrent des performances positives en 2016 malgré un début d’année chaotique.


La conjonction de différents facteurs engendre le pire début d’année dont on puisse se rappeler

  • Les turbulences ont commencé avec une accélération soudaine de la dépréciation du yuan sur les marchés offshore. Il a perdu 2% depuis le 4 janvier. Le même jour, diverses statistiques économiques ont été publiées. Les chiffres officiels se sont révélés satisfaisants, en particulier l’indicateur avancé PMI non-manufacturier qui a progressé à 54,4, soit vers son niveau le plus élevé depuis 16 mois. En revanche, le PMI calculé par le secteur privé a déçu. Sa valeur composite est passée sous le niveau de 50, atteignant 49,4 contre 50,5 le mois précédent.

  • La nervosité des investisseurs est alimentée par l’adoption, depuis août dernier, d’un nouveau régime de change basé sur le niveau de clôture de la veille et la volonté de resserrer l’écart entre les cours sur les marchés offshore et onshore.

  • L’activation de coupe-circuits le jour même de leur introduction n’a servi qu’à alimenter le flux d’ordres vendeurs. En même temps, les investisseurs ont commencé à anticiper la fin, dès le 8 janvier, des interdictions de ventes de grosses positions par des détenteurs de parts importantes.

  • La hausse des tensions géopolitiques au Moyen Orient et le test d’une bombe à hydrogène par la Corée du Nord ont contribué à augmenter le stress des marchés.
     

Une logique floue règne
 

  • D’une part, les investisseurs souhaitent que les autorités laissent le soin aux marchés de déterminer les niveaux d’équilibre. D’autre part, ils se révèlent perturbés par le fait que les autorités n’interviennent pas de manière plus convaincante pour défendre la devise ou tout du moins pour en ralentir la glissade. La crainte est que les autorités soient devenues plus tolérantes envers une dépréciation de la devise en raison d’une conjoncture domestique qui se révélerait plus détériorée que précédemment envisagé
  • Cela constituerait effectivement une situation préoccupante, entre autres pour ses implications négatives pour d’autres pays, pas seulement dans la sphère émergente. Nous ne pensons pas que la situation soit si mauvaise. En premier lieu, l’impact positif des précédentes baisses de taux et des autres mesures stimulatives devrait devenir plus visible. Deuxièmement, les autorités conservent encore de grandes marges de manœuvre pour limiter les risques sur la croissance économique. Nous continuons de penser  qu’un atterrissage en douceur est le scénario le plus probable.

     

Les fondamentaux devraient progressivement reprendre le dessus.

  • Le message des indicateurs avancés, tels que ceux de l’OCDE ou celui provenant des sondages auprès des directeurs d’achat (PMI), est que l’économie mondiale devrait rester sur les rails de la croissance. Le rythme d’expansion ne peut atteindre entièrement son potentiel en raison des forts vents contraires provenant des besoins de désendettement et du vieillissement de la population mondiale. Ce qui compte avant tout, c’est que l’économie mondiale continue à croître. Cela permet aux ventes d’être bien orientées, aux bénéfices de progresser et aux cours boursiers de monter. L’amélioration des fondamentaux devrait aussi permettre au prix du pétrole de rebondir alors qu’il vient de descendre à son niveau le plus bas depuis 12 ans.

  • Nous n’anticipons pas de forte hausse des bourses en 2016 puisque le principal moteur de la hausse devrait être la dynamique bénéficiaire, qui est attendue à un chiffre. D’où l’importance pour les investisseurs de se focaliser sur la performance totale, c’est-à-dire que l’importance des dividendes ne doit pas être sous-estimée.

  • En raison de la lenteur de l’évolution des fondamentaux, le parcours devrait rester chaotique.