#Stratégie d'investissement — 03.06.2016

L'or: rien d'autre qu'une phase de correction temporaire

Roger Keller

Le contexte

En décembre dernier, l'or a atteint son niveau le plus bas depuis début 2010, à 1051 USD. Début janvier, il a amorcé un rebond soudain, l'amenant à environ 1250 USD pendant les premiers jours de mars, dopé par ce qui s'est avéré être le deuxième meilleur trimestre de l'histoire en terme de demande.

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Les craintes croissantes quant à la santé de l'économie mondiale


La hausse des tensions en matière de crédit, se traduisant par exemple par un élargissement des spreads de haut rendement en dollars américains de 750 à 900 points de base. 


L'affaiblissement du billet vert en raison du report par la Réserve fédérale du relèvement des taux, sur fond d'évolutions perturbantes en dehors des États-Unis, et notamment en Chine, où les autorités ont été contraintes d'intervenir pour défendre la devise


Par ailleurs, les autres grandes banques centrales se sont senties obligées d'assouplir davantage leurs politiques monétaires déjà très accommodantes. La Banque du Japon a ainsi surpris les investisseurs en adoptant des taux négatifs sur certaines liquidités excédentaires détenues par les banques commerciales. 

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UNE CONSOLIDATION SAINE A DEBUTE

Le prix de l'or a commencé à céder du terrain début mai, un mouvement essentiellement lié au compte-rendu de la réunion d'avril du FOMC et aux commentaires de plusieurs membres de la Fed concernant l'éventualité de hausses des taux en 2016. Les déclarations de Janet Yellen, la présidente de la Fed, vendredi dernier ont abondé dans le même sens. Elle estime que la récente embellie de l'économie américaine justifiera probablement une nouvelle hausse des taux « dans les prochains mois ».

Cette période représentera vraisemblablement une phase de consolidation pour l'or, mais pas davantage, car le contexte économique devrait finalement obliger la Réserve fédérale à faire preuve de prudence dans la mise en œuvre de sa politique de durcissement monétaire. Selon nous, il n'y aura qu'un seul relèvement des taux en 2016, vers la fin de l’année

UNE TENDANCE FONDAMENTALEMENT HAUSSIERE

L'environnement économique reste morose d'après les indicateurs avancés comme les indices PMI flash récemment publiés. Aux Etats-Unis, l'indice PMI manufacturier flash a reculé à 50,5, s'établissant légèrement au-dessus de la barre des 50 qui sépare l'expansion de la contraction, soit son niveau le plus bas depuis septembre 2009. L'indice PMI des services s'est quant à lui replié de 52,8 à 51,2.

Dans la zone euro, l'indice PMI composite flash a chuté à son plus bas depuis janvier 2015 et au Japon, l'indice PMI manufacturier a renoué avec son plus faible niveau depuis décembre 2012, date de lancement des Abenomics. L'indicateur allemand du sentiment des investisseurs (ZEW) va dans le même sens.

NOS PROJECTIONS

Ces indicateurs sont en ligne avec notre opinion, selon laquelle les perspectives mondiales sont moroses, ce qui maintient les taux réels à un niveau bas. En d'autres termes, le coût d'opportunité associé à la détention d'or restera marginal, ce qui soutiendra une tendance fondamentalement positive pour le cours du métal jaune. En effet, la médiocrité des perspectives économiques cycliques témoigne d'importants problèmes structurels, liés notamment au désendettement ou à la démographie.

D'un point de vue technique, cette position est soutenue par le récent revirement à la hausse de la moyenne mobile sur 200 jours, et ce pour la première fois depuis début 2012.

Les perspectives offre/demande sont également favorables à cette évolution : l'offre baisse de 3% cette année, tandis que la demande des banques centrales et des investisseurs augmente, compensant largement le manque de dynamique des demandes du secteur de la joaillerie.

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L'OR PERMET DE DIVERSIFIER LES PORTEFEUILLES ET PEUT SERVIR DE COUVERTURE DE RISQUES

Dans un environnement de croissance anémique dans lequel : les obligations sont onéreuses, le cours des actions dépend de la confirmation des attentes positives des investisseurs, la dette a continué d'augmenter, les risques politiques et géopolitiques se multiplient.

Les actifs offrant une diversification sont les bienvenus au sein des portefeuilles. L'or remplit ce critère, grâce à sa faible corrélation avec d'autres actifs (à l'exception du dollar américain, bien que cette relation soit instable), il offrirait une bonne couverture de risques en cas d'évolutions macroéconomiques défavorables.

Notre hypothèse de base prévoit que le prix de l'or fluctuera dans une fourchette comprise entre 1150 et 1400 USD pendant les 12 prochains mois, se limitant d'abord à la partie basse avant de remonter progressivement.