Les taux d’intérêt : un risque maitrisable ?
Les taux d’intérêt et les rendements obligataires ont évolué dans un canal baissier depuis la crise financière, jusqu’à récemment. Les observateurs tablent désormais sur un rebond de l’inflation et de la croissance économique. Dès lors, il est fort à parier que les banques centrales normaliseront leurs politiques monétaires. Certaines banques centrales (la Fed, par exemple) pourraient même relever leurs taux directeurs. Les rendements obligataires devraient poursuivre leur progression. De fait, les investisseurs en obligations classiques courent le risque de voir la hausse des rendements pousser à la baisse la valeur des obligations en circulation. Nous proposons plusieurs solutions qui permettent de profiter de la hausse des taux d’intérêt et des rendements obligataires.

États-Unis
La politique de Donald Trump devrait soutenir l’inflation. En effet, sa politique se caractérise principalement par la mise en œuvre d’un vaste programme de relance budgétaire, de réductions d’impôt et par l’adoption de mesures protectionnistes. Ce programme, dont le corollaire est un creusement du déficit, devrait entraîner une hausse de l’inflation anticipée et des rendements obligataires. Le marché a déjà commencé à réagir par anticipation. Le rendement des bons du Trésor américain, qui ressortait à 1,80% avant l’élection de Donald Trump, a bondi de près de 40 points de base dans les jours qui ont suivi son élection. Parallèlement, les prévisions d’inflation, qui ressortaient à 2,15%, ont été rehaussées d’environ 30 points de base.
Nous pensons que ces hausses se poursuivront, car la hausse des prix de l’énergie, le dynamisme du marché de l’emploi et les discussions potentiellement houleuses sur les accords commerciaux concourent à soutenir l’inflation.
Nous pensons que la Fed réagira en durcissant sa politique. Nous prévoyons deux hausses de taux en 2017 et trois en 2018, donc le taux des fonds fédéraux devrait s’établir à 2,00% fin 2018. La Fed ayant revu ses projections en décembre, ce niveau est maintenant légèrement inférieur à l’estimation médiane des membres du FOMC (2,125%). Le taux final pourrait atteindre 2,5% en 2019.
Nous avons ajusté nos prévisions de taux compte tenu de la nouvelle conjoncture économique et d’un durcissement de la politique monétaire de la Fed. À horizon 12 mois, nous tablons sur un rendement de 2,75% pour les bons du Trésor à dix ans et de 1,70% pour les bons du Trésor à deux ans.
Les investisseurs en obligations classiques courent le risque de voir la hausse des rendements pousser à la baisse la valeur des obligations en circulation. Nous proposons plusieurs solutions qui permettent de profiter de la hausse des taux d’intérêt et des rendements obligataires aux États-Unis.
Nous recommandons aux investisseurs de souscrire des obligations à taux variable, des prêts à effet de levier, des obligations à haut rendement assorties de maturités courtes, des obligations synthétiques indexées sur les taux courts (« credit-linked notes » ou « CLN » en anglais) et certains Newcits.
- Les obligations à taux variable sont des instruments qui offrent une protection contre les hausses de taux d’intérêt. Ils offrent généralement un coupon trimestriel dont le taux est égal au taux Libor à trois mois (0,99% actuellement), majoré d’une prime de risque. Ainsi, le coupon d’une obligation à taux variable augmente lorsque les taux courts montent. La prime de risque dépend de la note de crédit de l’émetteur.
- Les gérants de Newcits ont la flexibilité d’avoir des stratégies long/short. Dans ce contexte, nous privilégions les stratégies macroéconomiques pouvant investir dans un large éventail de classes d’actifs (matières premières, devises, taux d’intérêt, etc.).
Zone euro et Royaume-Uni
Dans la zone euro et au Royaume-Uni, les rendements et les prévisions d’inflation ont fortement augmenté suite à l’élection présidentielle américaine. Les Bunds à dix ans et les Gilts à dix ans ont augmenté de 20 points de base dans les jours qui ont suivi l’élection de Donald Trump. Parallèlement, les prévisions d’inflation pour la zone euro et pour le Royaume-Uni progressaient de 13 points de base. L’inflation anticipée dans la zone euro a atteint 1,70%, un point haut depuis le début de l’année. Ce taux est toutefois trop faible pour inciter la BCE à réorienter sa politique monétaire.
Nous pensons que la BCE laissera ses taux inchangés en 2017 et qu’elle poursuivra la réduction de son programme d’achat d’actifs maintenant que le risque de déflation s’est atténué.
Nous pensons donc que les rendements allemands pourraient encore augmenter. Nous avons rehaussé notre prévision de rendement pour le Bund à dix ans et tablons désormais sur un taux de 0,75% d’ici 12 mois.
En ce qui concerne le Royaume-Uni, nous pensons que la Banque d’Angleterre maintiendra son taux directeur et poursuivra son programme d’achat d’actifs tels quels dans les prochains mois. Nous tablons sur un rendement de 1,90% pour les Gilts à dix ans dans un horizon de 12 mois, ce qui représente une hausse de 50 points de base par rapport à leurs niveaus actuels.
En conséquence, nous voyons plus de potentiel à la hausse sur les taux longs que sur les taux courts en Allemagne et au Royaume-Uni. Nous privilégions donc les CLN indexés sur les taux longs et les Newcits, lesquels devraient profiter d’une pentification haussière de la courbe des taux (voir la partie sur les États-Unis pour plus d’informations sur ces solutions d’investissement).
Risques pesant sur notre scénario central
Les stratégies mentionnées ci-dessus devraient porter leurs fruits en cas de rebond de l’économie, si tant est que le gouvernement de Donald Trump honore ses promesses de campagne. À défaut, les rendements pourraient se replier dans un contexte marqué par un regain d’aversion au risque. Les produits à taux variable pourraient offrir des coupons très faibles et, par conséquent, il y aurait un coût d’opportunité par rapport aux obligations à taux fixe. Les solutions d’investissement exposées au risque de crédit pourraient pâtir d’une révision à la baisse des prévisions de croissance. Nous ne pouvons pas exclure ces scénarios, mais le risque qu’ils se produisent est faible.