Nanz Chong-Komo: des podiums au conseil
Mannequin devenue entrepreneur en série, Nanz Chong-Komo s’engage pour l’environnement et accompagne les porteurs de projet.

« C’est seulement quand on a tout perdu qu’on devient libre de tout faire », proclame Tyler Durden, l’antihéros de Fight Club. Des paroles qui résonnent particulièrement avec le parcours de la Singapourienne Nanz Chong-Komo. A la tête d’un empire commercial, elle a connu la faillite avant de rebondir et de se réinventer en auteur de best-seller, militante des droits des femmes et environnementaliste.
Ancien mannequin, elle devient la coqueluche du milieu des affaires de Singapour, remportant plusieurs récompenses entrepreneuriales pour le lancement de ONE.99shop en 1997. A l’origine du succès populaire de cette chaine de boutiques, un concept simple : des produits vendus au prix unique de 1,99 dollar de Singapour. L’enseigne de développe rapidement, jusqu’à compter 21 boutiques dans la cité-État et génère alors chaque année plus de 14 millions de dollars de Singapour (10,4 millions de dollars américains).
Mais fin 2002, l’entreprise, dépendante des paiements en espèces, ne résiste pas à l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère). Par peur de contracter cette maladie mortelle, les locaux réduisent leurs sorties alors que la fréquentation touristique s’effondre. L’entreprise est alors liquidée et sa fondatrice, déclarée en faillite. Une expérience aussi traumatisante qu’humiliante qui en aurait incité beaucoup à se retirer de la vie publique. Mais pas Nanz Chong-Komo.
Cette pétillante mère de trois enfants décide plutôt de se nourrir de cet échec et s’emploie à relancer sa carrière autour de projets à visée responsable.Consciente que son expérience peut être utile aux entrepreneurs en devenir, elle raconte la grandeur et décadence de son empire commercial dans un livre, devenu un best-seller, One Business 99 Lessons.
Changer de vie
« On ne peut pas rester chez soi à se morfondre ; il faut continuer à avancer », explique la femme d’affaire, aujourd’hui âgée de 47 ans. « Il faut aussi être courageux, ne pas avoir peur des changements radicaux, quitte à faire des vagues. Aucune once de mauvaise expérience ne doit être gâchée. »
Deux autres livres suivront, Overcome et Bringing Out The Entrepreneur In You. Ce dernier est un guide qui explique pas à pas comment réussir en affaires, en adoptant le bon état d’esprit et en développant des compétences pratiques comme le marketing, mais aussi en s’appuyant sur l’intelligence émotionnelle pour tirer le meilleur parti des rapports professionnels.
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“Être entrepreneur, c’est faire preuve de créativité, faire bouger les choses et agir positivement sur la vie des gens et sur la société.”Nanz Chong-Komo
Et elle n’est pas la seule à voir ainsi les choses : 39 % des 2 706 entrepreneurs interrogés dans le cadre du "Global Entrepreneur Report 2018" de BNP Paribas affirment que la notion d’impact positif joue un rôle majeur dans l’évaluation qu’ils font du succès de leur entreprise, contre 10 % seulement il y a deux ans.
À cet égard, la réussite de Nanz Chong-Komo est indéniable. Parmi les projets qu’elle développe à la suite de sa faillite en 2009, il y a le lancement d’une plateforme en ligne qui permet aux entrepreneurs d’entrer en contact afin de trouver entraide et inspiration.
« Je ne voulais pas me répéter. Il existe de nombreuses opportunités de business. Le commerce n’est que l’un d’eux, explique-t-elle. Les entrepreneurs doivent chercher à s’entourer de personnes qui ont des forces différentes des leurs. Le monde de l’entrepreneuriat est un monde difficile. On ne peut pas pleinement y réussir en étant seul. Certaines personnes sont douées pour la vente, d’autres pour la stratégie, et certaines ont un talent pour l’encadrement et la formation du personnel. »
Défendre l'environnement
Nanz Chong-Komo ne se contente pas d’aider les entrepreneurs à distance. Elle conseille et accompagne également des femmes dans le cadre de la Young Women’s Leadership Connection depuis 2008, et de la Cherie Blair Foundation for Women depuis 2014. Elle est ainsi souvent sollicitée pour intervenir lors d’événements. En 2010, elle prononce un discours lors de la première édition de l’APEC Women Entrepreneur Summit, cofondé par Hillary Clinton, puis, en 2013, au Global Entrepreneur Summit initié par Barack Obama.
Nanz Chong-Komo est aussi à la tête d’une société de conseil, qui compte parmi ses clients de nombreuses marques à travers le monde, notamment Sony, Intel, IBM, Unilever et Prudential Insurance.
Par ailleurs engagée pour la préservation de l’environnement, elle défend l’idée que des changements simples de nos habitudes peuvent déjà avoir un impact positif.
« En Asie, l’environnement est rarement une préoccupation, déplore-t-elle. Et, bien que Singapour soit une nation riche, nous sommes très en retard sur la question. Je suis convaincue qu’il appartient à chacun de contribuer au changement et qu’il incombe à chaque entrepreneur de montrer l’exemple par les actes, plus que par les mots ! Dans mon entreprise, nous travaillons au quotidien pour changer les mentalités, une personne à la fois. »
Une philosophie qui lui a d’ailleurs ouvert des opportunités de business. Ainsi, en plus de concevoir et distribuer sa propre ligne d’accessoires, sa société est également le distributeur régional de SodaStream.
Elle estime qu’une bouteille réutilisable de SodaStream permet de réduire la consommation d’environ 2 000 canettes ou bouteilles par an. Les machines SodaStream gazéifient l’eau, que l’on peut aromatiser en ajoutant des fruits frais ou des mélanges fruités peu caloriques : ces boissons faibles en sucres peuvent ainsi remplacer les sodas.
Des profits responsables
Elle a fait construire d’énormes « cages de la honte » remplies de canettes et de bouteilles, afin d’attirer l’attention sur le volume de contenants que les consommateurs utilisent chaque jour sans y penser.
« Nous les plaçons bien en vue lors de nos événements pour susciter une prise de conscience quant à nos habitudes néfastes pour l’environnement », explique Nanz Chong-Komo. Et elle en est convaincue : cette recherche d’impact social positif peut doper les bénéfices.
« Nous recherchons des partenaires qui comprennent la nécessité d’utiliser moins de plastique ou d’avoir des employés en meilleure santé parce qu’ils consomment moins de sucres. Changer les habitudes est difficile mais nous avons déjà fait des progrès incroyables ! Si nous avons décidé d’agir dans l’espace public, c’est pour encourager un style de vie plus sain. »

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