L’Obamacare n’est (toujours) pas mort – Acte III
La réforme américaine des soins de santé est longue et difficile. Les tentatives se succèdent, mais le Président Trump n’a pas dit son dernier mot.
Le feuilleton de la réforme des soins de santé se poursuit. Comme dans une tragédie shakespearienne, l’action se joue en plusieurs actes. En septembre, le troisième s’est terminé sur un nouvel échec, plusieurs propositions de réformes n’ayant pu aboutir. Les législateurs américains n’ont pas réussi à se mettre d’accord en grande partie à cause de la complexité à trouver un système alternatif satisfaisant. Le Président Trump n’a pourtant pas dit son dernier mot. Il souhaite affaiblir l’Obamacare, jugé trop coûteux, en signant un décret présidentiel qui autorisera plus de flexibilités dans la souscription d’assurance maladie pour les Américains et élargira ainsi le choix des options en dehors de l’Obamacare. Le Président Trump a également décidé que l’administration ne verserait plus d’aides pour les assurances maladie liées au programme Obamacare. Face à ce risque de début de démantèlement, hôpitaux et compagnies d’assurance-maladie ont corrigé sur les marchés boursiers.
En conclusion des deux actes précédents de ces atermoiements politiques (Acte I, une première tentative en mars 2017, et Acte II, un échec, faute de majorité), nous avions évoqué les conséquences des réformes éventuelles pour le secteur de la santé.
A chacune de ces tentatives de réforme, le secteur de la santé a consolidé sur les marchés boursiers pour finalement se renforcer. Nous restons convaincus que les valeurs pharmaceutiques en particulier bénéficient d’atouts sur le long terme : croissance vigoureuse de la demande, cycle de nouveaux médicaments, et fondamentaux solides. A plus brève échéance, les soins de santé pourraient profiter de la réforme fiscale, autre projet ambitieux du Président Trump. Même si celle-ci est encore floue et hypothétique, elle pourrait agir à plusieurs niveaux. Tout d’abord, les entreprises dont le marché est essentiellement domestique, devraient jouir de la réduction du taux d’imposition des entreprises de 35% à 20%. Ensuite, les multinationales pharmaceutiques américaines devraient bénéficier d’une fiscalité allégée pour le rapatriement du cash dont elles disposent en masse hors des Etats-Unis. Elles pourraient utiliser ces liquidités pour de nouvelles acquisitions ou bien le rachat de leurs propres actions. Enfin, les possibles réductions de déduction des intérêts par les entreprises devraient avoir un effet plutôt limité sur le secteur compte tenu de son faible endettement.
L’espoir de la réforme fiscale aux Etats-Unis laisserait donc augurer encore de beaux jours pour les soins de santé, mais, comme pour de nombreux autres secteurs, les valorisations sont relativement tendues, en particulier après le rally post-électoral. Le secteur global est aujourd’hui à son plus haut historique aux Etats-Unis et s’échange à 17 fois les bénéfices, soit bien au-dessus de sa moyenne de trois ans. La biotechnologie, quant à elle, est revenue, en quelques semaines seulement, à ses records de 2015.
Beaucoup de bonnes nouvelles sembleraient donc être déjà dans les cours.