#Stratégie d'investissement — 11.07.2019

Perspectives mensuelles sur les devises juillet 2019

Guy Ertz

Le dollar demeure fort malgré la baisse prévue des taux d'intérêt. Les choses pourraient changer…

Dollar américain (USD)

La tendance positive du dollar américain s'est inversée en juin. Le billet vert a enregistré sa moins bonne performance de l'année, affaibli par le changement de discours de la Fed, qui devrait baisser son taux directeur dès juillet de cette année. Nous anticipons une baisse du dollar car un certain nombre de facteurs devraient diminuer l’attractivité du billet vert. En effet, le ralentissement attendu de l'activité économique américaine devrait soutenir la tendance baissière du dollar. La diminution des rendements des bons du Trésor provoquée par la prudence de la Fed devrait se traduire par une baisse de l'écart de rendement et donc peser sur le dollar. En ce qui concerne le déficit de la balance courante et le déficit budgétaire, ils devraient exercer une pression à la baisse sur le dollar tandis que la balance extérieure de la zone euro continue d'afficher un excédent important. En outre, la convergence vers la juste valeur devrait, en tant que facteur fondamental, faire baisser le dollar surévalué. Nous avons révisé à la hausse notre objectif à 3 mois et voyons la paire EURUSD se négocier autour de 1,14 (objectif précédent à 1,12). A moyen terme, nous nous attendons à ce que l'euro se renforce. Nous maintenons notre objectif sur 12 mois à 1,18.
 

La livre sterling (GBP)

Le risque politique s'est considérablement accru et restera élevé au cours des mois à venir, avec la polarisation croissante de la politique sur le Brexit, la course à la tête du Parti conservateur et le temps limité dont dispose le nouveau Premier ministre pour négocier et ratifier un accord avec l'UE avant le 31 octobre. Le nouveau Premier ministre le plus probable ne devrait pas faciliter les choses, car il semble très hostile à l'égard de l'UE. Par conséquent, les risques d'un no-deal se sont intensifiés. La probabilité que cela se produise est de 4%. Toutefois, notre scénario de référence demeure un Brexit avec une entente, mais il sera probablement retardé. Nous maintenons nos objectifs pour le EUR/GBP inchangés à 3 et 12 mois, fluctuant autour de 0,88 (valeur d’un euro).
 

La devise japonaise (JPY)

Le yen japonais a poursuivi la hausse amorcée en mai, les banques centrales plus accommodantes et les faibles perspectives de croissance mondiales ayant soutenu la fuite vers la qualité. Malgré le fait que la BoJ a penché vers une politique accommodante, un certain nombre de facteurs soutiennent notre vision haussière pour le yen. L'affaiblissement de l'économie américaine au cours des prochains mois devrait pousser le dollar à la baisse et inciter les investisseurs japonais à retirer leurs actifs américains. La surévaluation du billet vert par rapport à sa valeur d’équilibre de long-terme (parité de pouvoir d’achat) devrait alimenter la tendance baissière. Nous prévoyons donc un yen plus fort que prévu à court terme, oscillant autour de 108 au lieu de 110 à 3 mois, et nous maintenons notre objectif à 12 mois à 106.
 

Le franc suisse (CHF)

Le franc suisse a continué de se renforcer face à l'euro, les tensions croissantes à l'échelle mondiale ayant réduit les perspectives de croissance de la zone euro et incité les investisseurs à rechercher des actifs sûrs. De plus, l'agitation politique européenne a poussé le franc suisse à la hausse. Nous pensons que les tensions autour du Brexit et les discussions concernant le budget italien vont inquiéter les marchés au cours des prochains mois et éviter que l'euro ne regagne du terrain. Nous avons donc revu à la baisse notre objectif à 3 mois et l'EURCHF se négocie autour des niveaux actuels, 1,11 (valeur de 1 euro) au lieu de 1,12. L'orientation monétaire devrait rester conforme aux orientations de la BCE. Le CHF reste très cher par rapport à sa valeur d’équilibre de long terme. De plus, l'environnement actuel de faible volatilité du marché des changes devrait soutenir les opérations de portage et rendre le franc suisse vulnérable si l'appétit pour le risque réapparaît plus tard cette année. Pour ces raisons, nous continuons d'envisager une hausse de l'euro à moyen terme, même si nous restons conscients des risques de baisse politique persistants. Par conséquent, nous maintenons notre objectif sur 12 mois pour l'EURCHF à 1,18.
 

Le dollar canadien (CAD)

Le dollar canadien s'est fortement redressé en juin, enregistrant une hausse de 3,2 %. Les perspectives de croissance ne cessent de s'améliorer. Les derniers indicateurs d’inflation suggèrent un chiffre au-dessus de la cible de la banque centrale et l'activité a semblé se redresser à mesure que le PIB augmentait plus vite que prévu en avril. Le marché du travail reste tendu. De plus, l'indice de surprise économique est plus positif au Canada. Nous maintenons notre objectif à 3 mois à 1,30 (valeur de 1 dollar). La probabilité croissante d'une baisse des taux d'intérêt américains suggère une réduction continue de l'écart de rendement des obligations en faveur de la devise canadienne. En ce qui concerne le marché pétrolier, notre prévision suggère des prix plus élevés au cours de l'année, ce qui est également favorable au dollar canadien. Sur le plan commercial, les tensions entre les États-Unis et la Chine et l'accord commercial USMCA non encore ratifié demeurent les principaux risques à la baisse. Nous maintenons notre objectif à 12 mois à 1,28. Nous entrevoyons donc un potentiel d'appréciation pour le dollar canadien.

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