#Vignobles — 23.12.2015

Les marchés du bois et de la forêt en France

Benoît Léchenault

Benoît Léchenault répond à nos questions sur les grandes tendances les marchés de la forêt et celui du bois en France

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Benoît, peu de gens savent que la France est le pays disposant de la plus grande surface de forêt de feuillus en Europe.

En effet, la France représente, avec 16 millions d’hectares de forêt, le 3ème pays européen pour la surface forestière après la Suède et la Finlande, et la première surface forestière de feuillus en Europe avec 10,7 millions d’hectares. Sur ces 16 Millions, les ¾ sont détenus par des propriétaires privés. Les propriétaires sont avant tout des particuliers souhaitant diversifier et transmettre leur patrimoine.

Comment le marché de la forêt a-t-il évolué ces dernières années ?

Tout d’abord, il faut savoir que le marché est étroit : les surfaces échangées en 2014 ont représenté seulement 113 100 hectares, soit 0,9% de la surface des forêts privées (15 000 transactions). Par ailleurs, ce marché concerne des surfaces inférieures à 10 hectares. Les forêts de plus de 100 hectares ont représenté seulement 1% des transactions, équivalent à environ un quart des surfaces échangées.

Et que pouvez-vous nous dire sur les prix ? Peut-on parler de points d’entrée comme sur les marchés financiers ?

Il faut compter en moyenne 4 000 € pour un hectare de forêt en France. Ce prix est étroitement lié aux volumes de bois sur pied et à la nature des essences. La valeur des essences est quant à elle dépendante de plusieurs facteurs : non seulement les débouchés offerts par le marché de chaque essence (ameublement, bâtiment, etc.), mais aussi et fortement la localisation et la qualité des sols.         Les plus beaux massifs sont valorisés cependant à des prix supérieurs à 10 000 € par hectare. Ces prix sont en hausse depuis 10 ans, à raison de 4% par an environ  Les zones les plus valorisées se situent dans la moitié Nord de la France (Normandie, Jura, Vosges, Centre Bourgogne...). À l’opposé, les zones les moins valorisées sont les régions de montagne, notamment celles du Sud de la France : Pyrénées, Provence. À la différence des marchés financiers, il est difficile d’établir un point d’entrée sur le marché de la forêt car celui-ci évolue sur des cycles très longs. On peut néanmoins constater que depuis les 5 dernières années, les prix ont fortement progressé. C’est notamment vrai sur le segment des forêts de grande qualité.

En quoi le marché du bois se distingue-t-il de celui de la forêt et comment évolue-t-il de son côté ?

Le marché du bois est en effet différent de celui de la forêt.  Depuis de nombreuses années, le prix du bois n’est pas directement corrélé à celui du prix du foncier forestier. D’autres facteurs entrent en ligne de compte pour la formation des prix sur le bois, notamment la dynamique de consommation. Les prix des feuillus sont influencés largement par le marché de l’ameublement, du parquet, de la tonnellerie, tandis que les prix des résineux sont principalement assujettis à la demande à des fins industrielles (bâtiment, construction, etc.).  En 2014, on a assisté à une hausse générale des prix, principalement du fait d’un phénomène de rattrapage : en effet, au cours des années précédentes, les acheteurs professionnels de la filière avaient privilégié l’utilisation de leurs stocks, en raison du ralentissement économique. Les dernières ventes ont confirmé la tendance haussière observée depuis 2 ans. Le marché reste ferme, avec une demande soutenue dans pratiquement toutes les catégories d’essence.

En conclusion, à qui s’adresse ces marchés ?

Le bois, marché de matière première, est un marché de professionnels. Néanmoins, à la différence d’autres marchés comme celui du vin ou de l’agriculture, un particulier intéressé pourra trouver aisément un professionnel pour faire exploiter sa production de bois.

La forêt, marché d’actifs immobiliers, est un investissement plus accessible aux particuliers. Votre motivation d’acquisition doit rester celle d’une diversification de patrimoine : la forêt est un actif réel dont la valeur est souvent sans corrélation avec celle des marchés financiers. En outre, les particuliers, qui ont une passion personnelle pour la nature ou la chasse, pourront être amenés aussi à investir sur un actif de jouissance.