Risque : les entrepreneurs immunisés contre l'aversion aux pertes
La capacité à s'épanouir dans l'incertitude est une qualité essentielle de l'entrepreneur. Mais comment évolue-t-elle à mesure que le succès s'installe et que la fortune grandit ?
"Pour les entrepreneurs Elite, le risque n'est pas un facteur contre lequel il faut se prémunir"
BNP Paribas Wealth Management Global Entrepreneur Report

Sachant que plus de la moitié des nouvelles entreprises mettent la clé sous la porte dans les cinq premières années, qu'est-ce qui caractérise ceux prêts à tout risquer, à commencer par un emploi stable, pour monter leur propre affaire ?
Le courage, la confiance en soi mais aussi un rapport particulier au risque.
Si définir le risque dans le contexte spécifique de l'entreprise est un exercice délicat, ce qui distingue les créateurs d'entreprise des autres, c'est qu'ils sont volontiers prêts à l'accepter. Cela explique notamment que plus de neuf entrepreneurs sur 10 se disent confiants dans la réussite de leur projet.
« Les enjeux vient bien au delà du fait de monter une entreprise. En cas d'échec, la dépression, le divorce, le rejet font partie des risques auxquels s'exposent les entrepreneurs », analyse Mirjam van Praag, professeur d'entrepreneuriat à la Copenhagen Business School. Pour elle, la véritable caractéristique des entrepreneurs n'est pas tant une aversion moindre au risque qu'aux pertes. Ils ne se désespèrent pas davantage des pertes qu'ils ne se réjouissent d'un enrichissement du même montant.
Au moins autant à gagner qu'à perdre
Une observation concordante avec les conclusions du rapport « Entrepreneur BNP Paribas 2017 », qui a interrogé 2 650 entrepreneurs Elite dans le monde.
Plus des trois quarts de ces créateurs d'entreprise, dont le patrimoine moyen s'établit à 14,9 millions de dollars, estiment que leurs activités entrepreneuriales comportent un certain niveau de risque. Ils sont la même proportion à décrire leurs portefeuilles de placements dans des termes semblables.
« Pour ce public, le risque n'est pas un facteur contre lequel il faut se prémunir. Les entrepreneurs acceptent davantage le risque dans la mesure où, bien géré, ils savent que c’est la condition de résultats bien supérieurs », peut-on lire dans le rapport.
Si seuls 6 % des « Serialpreneurs », ceux qui détiennent ou ont créé au moins 4 entreprises en activité, interrogés dans le rapport estiment que la prise de risque était le facteur clé de la réussite de leur entreprise, 73 % déclarent qu'il n'en était pas moins un facteur important, voire très important.
Parmi les autres facteurs clés identifiés, 12 % ont cité l'intelligence, 11 % la chance et 10 % les compétences techniques.
« Quand j'étais bien plus jeune, le risque ne faisait pas partie de l'équation – je me lançais. Je pense que l'intrépidité de la jeunesse compte pour beaucoup », analyse Dany Farha, Serialpreneur, cofondateur et directeur général de BECO Capital, une société de capital-risque de Dubaï qui a investi dans certaines des start-ups technologiques les plus florissantes du Moyen-Orient. « Je ne pensais pas en termes de gestion du risque. Si j'étais vraiment passionné par quelque chose et par le fait de contribuer à régler un problème, je fonçais. »
73%
des Serialpreneurs déclarent que la prise de risque joue un rôle important ou très important