Les profils et attentes des philanthropes ont évolué de façon significative ces dernières années. En 2023, qui sont les nouveaux philanthropes ? Nouveaux profils, nouvelles ambitions et nouveaux modes d’action, dans cette interview, Nathalie Sauvanet, notre Responsable des solutions philanthropiques, donne un aperçu des nouvelles tendances qu’elle a observées en philanthropie et de la manière dont nous guidons nos clients à chaque étape de leurs parcours philanthropique.
Quand est née l’activité de conseil en philanthropie de BNP Paribas Wealth Management ?
Nous avons créé en 2008 un département de conseil en philanthropie afin d’aider nos clientes et clients philanthropes à structurer leur projet et à traduire en actions concrètes le soutien aux causes qui leur tiennent à cœur. Nous avons été l’une des premières banques privées en Europe à proposer une telle offre de conseil en stratégie philanthropique. Nous sommes une petite équipe d’expertes dédiées : en Europe - basées à Paris - et en Asie - basées à Singapour et Hong-Kong -, avec des relais en Allemagne, Belgique, Italie, Luxembourg, Pologne et Suisse. En 2022, 63 % des clients privés que nous avons conseillés étaient en Europe et 37 % en Asie. Depuis 2008, nous avons accompagné plus de 1 600 clients ; et en moyenne 170 par an ces 3 dernières années - le nombre de demandes étant croissant depuis la pandémie.
"LE PHILANTHROPE D’AUJOURD’HUI N’EST DONC PLUS UN “SIMPLE” DONATEUR, IL EST DEVENU UN CHANGE MAKER"
Quelles évolutions constatez-vous dans le profil et les demandes de vos clients ?
Les profils et demandes ont fortement évolué ces cinq dernières années, et encore davantage depuis la crise du Covid. Il y a 15 ans, le client philanthrope-type était un homme de 70 à 85 ans désireux de léguer à son décès une partie de ses biens à une association ou une fondation, et qui s’interrogeait sur l’organisme à qui donner. Aujourd’hui, il s’agit davantage d’une femme, d’un homme, ou d’un couple, de 30 à 65 ans, qui veut transformer la société en bâtissant des solutions pérennes et voir, de son vivant, l’efficacité de son action. Le philanthrope d’aujourd’hui n’est donc plus un “simple” donateur, il est devenu un change maker : il sait de plus en plus précisément le changement sociétal auquel il entend contribuer et tient souvent à s’impliquer opérationnellement dans le projet, en donnant son temps et ses compétences. Nous rencontrons de plus en plus de philentrepreneurs, c’est-à-dire des personnes qui veulent gérer leur philanthropie avec des méthodes inspirées de l’univers entrepreneurial, voire du capital-investissement, en utilisant des méthodologies de sélection approfondie des organisations ou projets financés - avec un processus de due diligence -, de mesure et de reporting d’impact : une approche dénommée venture philanthropy. Par ailleurs, nous avons toujours des demandes de personnes plus âgées pour lesquelles la philanthropie est une réponse à une problématique patrimoniale : assurer la pérennité de leur patrimoine immobilier, naturel (forêts) ou mobilier (collection d’œuvres d’art). Même si désormais, elles s’en préoccupent souvent dès la soixantaine.