Back to Top
Sustainability Newsletter #48

 Publiée le 12/12/2023

COP28 - Points clés à retenir - cliquer ici

COP est l’abréviation pour désigner la conférence annuelle des Nations Unies consacrée aux changements climatiques, appelée “ Conférence des Parties ”, qui se tient depuis 1995. Cette année, la 28e édition de cette conférence s’est tenue à Dubaï, aux Émirats arabes unis (EAU), du 30 novembre au 12 décembre. Jusqu’ici, ces conférences ont permis de réaliser de grandes avancées, telles que le Protocole de Kyoto (COP3), qui a fixé les premiers objectifs de réduction des émissions juridiquement contraignants pour les pays développés, ou encore l’Accord de Paris (COP21), par lequel les états membres se sont engagés à limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels. Cette année, la COP28 est l’occasion de faire le point sur les progrès réalisés, soit le « Bilan mondial » sur le chemin parcouru par le monde dans la lutte contre la crise climatique. Retrouvez les points clés de le COP28 dans notre édition dédiée.

#Le chiffre du mois - 4%

Plus de 4 % du PIB mondial menacé chaque année par le changement climatique d’ici 2050, selon S&P

Selon une nouvelle étude publiée par S&P Global en novembre, plus de 4 % du PIB mondial pourraient être perdus chaque année en raison de l’impact physique du changement climatique. Pour le rapport, « Lost GDP : Potential Impacts Of Physical Climate Risks », S&P Global a examiné une série de scénarios climatiques pour les émissions projetées de gaz à effet de serre et les changements de température, évaluer l’exposition potentielle de 137 pays aux pertes économiques causées par les impacts physiques du changement climatique, en se concentrant sur sept principaux dangers climatiques. S&P Global souligne qu’à l’heure où le rapport est publié, les catastrophes naturelles ont déjà un impact économique plus important que les prévisions annoncées. En effet, les statistiques fournies par Swiss Re révèlent une croissance de 5 % à 7 % des pertes annuelles entre 1992 et 2022. Bien que dans un scénario de transition lente, « seulement » 4,4 % du PIB mondial pourrait être perdu sur base annuelle au cours des prochaines années, l’Asie du Sud serait quant à elle exposée à des pertes s’élevant à près de 12 % du PIB chaque année d’ici 2050. La majeure partie de l’impact est causée par le stress hydrique et la chaleur extrême, qui, combinés, pourraient entraîner une diminution des ressources en eau, une augmentation de la demande énergétique, une perturbation de la production agricole et un risque accru de feux de forêt. Le rapport a également constaté que les régions en développement seraient considérablement plus touchées par les aléas climatiques, les pays à faible revenu étant 4,4 fois plus exposés aux risques climatiques que leurs homologues les plus riches, et moins préparés à faire face aux pertes économiques.

Sources: ESG Today, S&P500 Global

Tendances et Initiatives

Pour la première fois, un avion de ligne commercial réalise un vol transatlantique alimenté à 100 % avec du « carburant aviation durable » 

En novembre, la compagnie aérienne britannique Virgin Atlantic a annoncé la réussite du premier vol transatlantique propulsé intégralement aux carburants dits « durables » (SAF). Le vol Flight100 effectué sur un Boeing 787, doté de moteurs Rolls-Royce Trent 1000, a donc relié Londres et New York en moins de 8 heures. Produits à partir d'huiles de cuisson usagées, résidus de bois ou d'algues, les carburants d'aviation durables (CDA) ou SAF (Sustainable Aviation Fuels) sont habituellement utilisables en complément du kérosène (jusqu'à 50%) dans les avions actuels. Pour le projet Flight100, les moteurs de l’appareil ont donc été remplacés pour permettre à l'avion de voler uniquement à l’aide de ce nouveau type de carburant. Bien que ces carburants soient considérés comme le principal levier de décarbonation du secteur pour les décennies à venir, leur production inquiète faute de filières industrielles suffisamment développées, et faute de prix 4 à 8 fois plus élevés que ceux du kérosène fossile.

Cette première n'a pas convaincu les associations écologistes telles que "Stay Grounded" qui a qualifié l'opération de "greenwashing". L’association a notamment cité les propos de Finlay Asher, un ingénieur aérospatial anciennement employé chez Rolls-Royce, expliquant que la technologie des CDA était une "impasse technologique" car elle ne pouvait pas, à priori, être développée à grande échelle.  Le fondateur du projet, Richard Branson, s’est tout de même dit très fier de cette première réalisation et s’est confié : « Il faut parfois montrer au monde qu’il est possible de faire quelque chose pour ensuite stimuler l’action. J’espère que ce vol y parviendra. C’est le défi déterminant du secteur de l’aviation et nous devons continuons sans cesse d’encourager l’innovation ». En plus de présenter les capacités du SAF, Virgin Atlantic a déclaré que le vol permettra également d’évaluer l’utilisation du carburant sur les émissions non carbonées, améliorant ainsi la compréhension des effets du SAF sur les trainées de condensation et les particules, avec des recherches soutenues par les partenaires ICF, Rocky Mountain Institute (RMI), Imperial College London et University of Sheffield.

Sources : RTS, ESG Today

Finance durable

« Pollueur payé » : d’anciens traités internationaux ralentiraient la transition écologique 

À la suite du concept de "pollueur-payeur" en droit de l’environnement, il y émerge désormais celui du "pollueur payé". C’est ainsi que le Rapporteur Spécial des Nations-Unies sur les Droits de l'Homme et l'Environnement, David R. Boyd, qualifie certains investisseurs qui dégainent sans scrupule une arme peu connue du grand public pourtant redoutable pour faire frémir les gouvernements : le "Investor-state dispute settlement" (ISDS). Cette procédure d’arbitrage international permet, entre autres, aux investisseurs qui se sentent lésés de réclamer des sommes astronomiques à un État dès que celui-ci prend des mesures environnementales. Dans un rapport publié en juillet 2023, David R. Boyd démontre l’ampleur du phénomène et le risque que ces règlements font peser sur la transition écologique. D’après les Nations-Unies, près de 1’257 affaires sont à dénombrées, dont 127 réclamants au moins $1 milliard de dommages et intérêts. "Le mécanisme de ISDS détient le record de la plus haute moyenne de dommages et intérêts et d’indemnités accordées", note le rapport. À l’origine, le ISDS créé dans les années 1960, visait à protéger les investisseurs contre l’expropriation de leurs actifs, sans indemnisation, principalement dans les pays en développement. Aujourd’hui, la grande majorité des demandes concernent les combustibles fossiles et sont introduits par des investisseurs du Nord (Australie, Canada, USA, Pays-Bas et UK) contre des pays du Sud qui tentent d’introduire des mesures en faveur du climat.

À l’heure actuelle, les 3/4 des centrales à charbon mondiales sont détenues par des capitaux étrangers et donc soumises au ISDS. Ce qui fait craindre une certaine frilosité de la part des États à l'heure où ils devraient prendre des mesures de sortie du charbon. Selon le rapport, les gouvernements qui respecteront leurs engagements, au titre de l’Accord de Paris, risquent de devoir payer près de $340 milliards aux sociétés pétrolières et gazières dans le cadre de futures affaires de ISDS, un facteur majeur de dissuasion pour une action climatique ambitieuse. Selon Lauge Poulsen, professeur au département de science politique de l’University College London et président du programme de travail intergouvernemental de l’OCDE sur le changement climatique et le droit de l’investissement, des discussions seraient en cours. De son côté, l’ONU appelle donc les Etats à se retirer unilatéralement de ces accords.  

Sources : The Lancet, UN Environnement Programme, United Nations, IEL , IISD, Novethic

Planète et société

L’Union Européenne ne pourra plus exporter ses déchets plastiques en dehors de l’Europe

D’ici 2026, l’Union européenne (UE) ne pourra plus exporter ses déchets plastiques en dehors des frontières de l'OCDE. Fruit d’un accord entre les États membres, la décision permet de responsabiliser les pays européens. Cet accord devrait permettre de fixer un nouveau règlement quant à la production et au traitement des déchets au sein de l’UE. Ces derniers sont encore envoyés en grande partie vers des pays tiers ne disposant pas nécessairement des infrastructures adéquates, devenant alors une source de pollution environnementale.   

Si l’association Zéro Waste salue "une avancée dans la lutte contre le colonialisme des déchets", c’est-à-dire "le processus par lequel les pays riches renforcent leur domination sur les pays à revenus faibles ou intermédiaires, (…) par le biais d’exportations de déchets toxiques ou difficiles à recycler", l’association s’inquiète pour le cas de la Turquie. Selon l’Agence d’investigation environnementale (EIA), l’UE a en effet exporté un million de tonnes de déchets plastiques en 2022, dont plus d’un tiers vers la Turquie, pays appartenant à l’OCDE et qui ne sera donc pas concerné par l’interdiction. Pourtant, dans une enquête publiée en septembre 2022, l’ONG Human Rights Watch a constaté d’importantes violations des droits humains au sein des usines de recyclage turques. Exploitation de travailleurs mineurs ou sans papiers, conditions de travail dangereuses, pollution, absence de contrôles... La situation est alarmante et pourrait donc s’aggraver avec les nouvelles règles décidées par l’UE.

Sources : NovethicThe GuardianReuters

News entreprises

Mitsubishi rate son virage vers la voiture électrique et perd le marché chinois 

-          Entreprise : Mitsubishi Motors

-          Secteur : Automobiles

-          Note trèfle : 3/10

C’est une course que Mitsubishi Motors (MMC) vient de perdre. La marque automobile japonaise a décidé, selon le journal Nikkei, de quitter le marché chinois en raison de la chute de ses ventes dans le pays. Il faut dire que le trop lent virage vers l’électrique de Mitsubishi dans un pays où l’appétit grandit pour ce type de voiture a été fatal pour l’entreprise qui a vu ses ventes chuter de près de 60% l’an dernier. En effet, les véhicules électriques deviennent très populaires sur le marché chinois avec un record de 6,8 millions de nouvelles ventes l’année dernière. Cette année, les prévisions montent à 9 millions de véhicules électriques vendus sur le marché chinois. Sur l’électrique, les marques nationales représentent ainsi les 3/4 des ventes dans le pays. Par ailleurs, les exportations des véhicules électriques chinois ne cessent d’augmenter, tirées par des prix défiants toute concurrence. L’année dernière, le pays est ainsi devenu le premier exportateur au monde de voitures électriques, avec un prix moyen de $10 000 pour un petit véhicule, contre $30 000 en Europe.

Sources : Novethic, CNN, Electrive

 

Initiatives de développement durable d’Amazon : une nouvelle ferme solaire aux États-Unis et des emballages de livraison 100% recyclables en Europe

-          Entreprise : Amazon.com

-          Secteur : Internet, Content, Software & Services

-          Note trèfle : 4/10

En novembre, Amazon a annoncé son nouveau projet d’approvisionnement en énergie à partir du plus grand parc solaire du Maryland prévu dans une ancienne mine de charbon, l’ « Amazon Solar Farm Maryland – CPV Backbone ». Une fois terminé, le projet devrait être le plus grand parc solaire du Maryland, avec plus de 300’000 panneaux solaires, et éviter plus de 133’000 tonnes de CO2 chaque année, selon le développeur du projet Competitive Power Ventures. L’Environmental Protection Agency (EPA) des États-Unis estime qu’il y a plus de 450 000 sites industriels abandonnés aux États-Unis, représentant de nouvelles possibilités pour les projets d’énergie solaire. Les friches industrielles — qui peuvent comprendre des usines abandonnées, des mines ou des sites d’enfouissement — sont souvent situées près des lignes électriques et des routes publiques, ce qui facilite le raccordement d’un projet au réseau et la transformation de terres inutilisées en débouchés économiques pour les collectivités locales. Depuis 2020, Amazon a acheté plus d’énergie renouvelable que toute autre entreprise, selon le cabinet d’études de marché BloombergNEF. La société a maintenant un total de 479 projets éoliens et solaires dans le monde, et une fois opérationnels, ils devraient générer plus de 71’900 gigawattheures (GWh) d’énergie propre chaque année. Simultanément, la société a annoncé désormais utiliser 100% d’emballages de livraison recyclables en Europe. Ceci comprend toutes les boîtes, sacs et enveloppes de tous les articles vendus par Amazon, ainsi que les partenaires de vente tiers qui utilisent 'Fulfilment' par Amazon. La société a déclaré économiser plus de 60’000 tonnes de carton par an. 

Sources : ESG Today, Commercial Observer, Bloomberg

 

IBM lance des cours gratuits pour aider à combler le déficit de compétences en économie verte

-          Entreprise : International Business Machines Corporation (IBM)

-          Secteur : Internet, Content, Software & Services

-          Note trèfle : 7/10

La société technologique mondiale IBM a annoncé le lancement de cours gratuits sur la durabilité afin d’améliorer les compétences en matière d’économie verte. Les nouveaux cours seront dispensés par IBM SkillsBuild, une formation gratuite qui aide les étudiants à développer de nouvelles compétences et à accéder à des opportunités de carrière. Selon IBM, l’annonce s’accompagne d’une nouvelle recherche de Morning Consult, avec un sondage mené auprès de plus de 3000 dirigeants d’entreprise mondiaux indiquant un manque de compétences en matière de durabilité chez leurs employés. Selon l’étude, 71 % ont déclaré souhaiter mettre en œuvre davantage de critères d’embauche en lien avec le développement durable au cours des deux prochaines années. Le lancement des nouveaux cours s’inscrit dans la lignée de l’engagement d’IBM annoncé en 2021 à fournir à près de 30 millions de personnes la possibilité de développer de nouvelles compétences pour répondre aux besoins d’emploi futurs. 

Sources : ESG Today, Nasdaq

Etudes

L'inclusion des personnes en situation de handicap stimule les revenus et la rentabilité, révèle une étude d'Accenture

Les entreprises leaders en matière d'inclusion des personnes handicapées génèrent davantage de revenus, de revenus nets et de bénéfices, selon un nouveau rapport de recherche d'Accenture en partenariat avec Handicap: IN et l'Association américaine des personnes handicapées (AAPD). Le rapport indique qu'au cours des cinq dernières années, les arguments économiques en faveur de l'embauche de personnes handicapées sont devenus encore plus solides. Plus précisément, les entreprises qui ont été en tête sur les principaux critères d'inclusion du handicap au cours de cette période ont enregistré 1.6 fois plus de revenus, 2.6 fois plus de bénéfice net et 2 fois plus de bénéfices économiques que les autres entreprises étudiées (étude sur plus de 340 entreprises). En outre, les dirigeants sont plus susceptibles de surpasser de 25 % leurs pairs du secteur en termes de productivité.

Depuis 2018, le nombre de personnes handicapées sur le marché du travail est passé de 29 % à près de 37 %, la plupart des progrès ayant eu lieu depuis février 2020, au début de la pandémie. Cette augmentation peut être attribuée à l'augmentation des opportunités de travail à domicile, facilitant la participation des personnes handicapées au marché du travail, ainsi qu'à une sensibilisation accrue de l'accessibilité numérique et de l'inclusion dans le processus d'embauche. De plus, les technologies plus récentes et émergentes constituent d’excellentes sources pour faire progresser l’inclusion des personnes handicapées, notamment les plateformes basées sur l’intelligence artificielle.

"Depuis trop longtemps, les personnes handicapées – des personnes parfaitement qualifiées et extrêmement disposées à travailler – se heurtent à d'énormes obstacles pour se voir proposer un emploi," a déclaré Ted Kennedy, Jr., avocat spécialisé dans les droits des personnes handicapées, ancien sénateur de l'État du Connecticut et président sortant du conseil d'administration de l'AAPD. "Le récent rapport d'Accenture fournit des preuves irréfutables que l'inclusion des personnes handicapées accélère réellement les performances des entreprises, la fidélité à la marque et les rendements pour les actionnaires. » 

Sources: Accenture, Forbes, ESG News

Sustainability Newsletter 48