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Sustainability Newsletter #52

 Publiée le 12/04/2024

#Le chiffre du mois - 1ère fois

Pour la première fois, la Cour européenne des droits de l’Homme condamne l’inaction climatique  

La Cour européenne des droits de l’Homme a rendu un avis “historique” en se prononçant pour la première fois sur la responsabilité des Etats en matière de lutte contre le changement climatique. La grande instance condamne la Suisse pour violation de la Convention des droits de l'homme, donnant raison à l'association "Aînées pour le climat" qui attaquait l'inaction de la Suisse face au changement climatique. Ce jugement historique est une décision juridiquement contraignante qui devrait faire jurisprudence dans les 46 Etats membres du Conseil de l'Europe. La Cour a notamment condamné la violation de l'article 8 qui consacre le droit à une protection effective, par les autorités de l'Etat, contre les effets néfastes graves du changement climatique sur la vie, la santé, le bien-être et la qualité de vie. En mai 2020, le Tribunal fédéral suisse avait quant à lui rejeté le recours de l'association "Aînées pour le climat". Il avait estimé notamment que les femmes âgées n'étaient pas davantage concernées par les conséquences du changement climatique que d'autres groupes de la population.

Autour du globe, les recours contre les Etats et les entreprises se cessent de se multiplier. La France fut également condamnée en 2021 par le tribunal de Paris dans “l’Affaire du siècle” à réparer son manque d’action climatique. Le Programme des Nations unies pour l’environnement souligne qu’entre 2017 et 2023, le nombre d’affaires judiciaires liées au changement climatique ont plus que doublé.

Sources : The Guardian, RTS, Novethic, BBC

Tendances et Initiatives

Eco-score : l’affichage d'un score environnemental pour les vêtements déployé en France dès l’automne 2024

Après plusieurs mois de dialogue entre experts et représentants du secteur, la construction de l’éco-score textile touche à sa fin. En mars, le ministère de la Transition écologique française a dévoilé la méthode de calcul permettant de déterminer le futur affichage environnemental auquel les entreprises de la mode pourraient être contraintes dès 2025.

Concrètement, ce score se décompose en deux volets. Le premier prend en compte “l’ensemble des impacts environnementaux tout au long du cycle de vie du produit”. Parmi les critères retenus, on retrouve ainsi les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’eau, mais aussi les atteintes à la biodiversité comme les rejets de microplastiques. Le second volet intègre la durabilité extrinsèque du vêtement, c’est-à-dire “la durabilité non-physique liée aux pratiques des marques”. Ici, l’analyse se concentre sur les matières utilisées, les incitations à la réparation ou encore le nombre de références commercialisées. A l’arrivée, l’indicateur prend la forme d’un score allant de 0 à l’infini, plus la note étant haute, plus l’impact étant important.

Déployé dans un premier temps auprès des entreprises sur la base du volontariat, ce nouvel affichage environnemental pourrait devenir obligatoire à partir de 2025. Rappelons qu’en 2020, le secteur représentait la 3ème source de dégradation de l’eau et d’utilisation des sols en Europe. Cette même année, les vêtements consommés au sein de l’UE étaient à l’origine de 121 millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre, soit 3,5% des émissions du continent.

Sources : Teller Report, Novethic, Le Matin

Finance durable

La Corée du Sud dévoile un plan de financement vert de $313 milliards pour lutter contre le changement climatique

La Corée du Sud s’est engagée financièrement à lutter contre le changement climatique, annonçant un plan de financement vert de $313 milliards. Cette initiative vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % par rapport aux niveaux de 2018 d’ici 2030. En effet, ces mesures devraient permettre d’atteindre une réduction de 86 millions de tonnes métriques de gaz à effet de serre d’ici 2030, soit près de 30 % de l’objectif ambitieux du gouvernement. Les principaux éléments du plan comprennent des prêts stratégiques pour inciter les entreprises à transitionner vers des processus de production à faible émission de carbone, ainsi que des fonds dédiés aux énergies vertes pour investir dans les énergies renouvelables. Cette initiative témoigne de l’engagement ferme de la Corée du Sud dans la lutte contre le changement climatique et la transition vers un avenir plus durable. En s’associant au secteur bancaire et en mettant en œuvre une approche multidimensionnelle, la Corée du Sud ouvre la voie à un avenir plus durable.

Sources: Bloomberg, Reuters

 

L’administration Biden établit des normes "historiques" de régulation en matière de pollution automobile 

L’Environmental Protection Agency (EPA) américaine a annoncé la publication de nouvelles normes nationales de pollution régulant les futurs modèles de voitures commercialisées à partir de 2027. Ces normes permettraient d’éviter plus de 7 milliards de tonnes d’émissions de carbone et pourraient générer près de $100 milliards de bénéfices nets annuels à la société. Cette recette se décomposerait en $13 milliards de bénéfices annuels pour la santé publique en raison de l’amélioration de la qualité de l’air et de $62 milliards de réduction des coûts annuels du carburant et d’entretien pour les conducteurs. Les normes définitives devraient également permettre d’accélérer l’adoption de technologies de véhicules plus propres, tout en augmentant les emplois dans le secteur de la fabrication automobile aux États-Unis. Par le passé, la rigueur du pays a toujours contribué à ce que les États-Unis soient à l’avant-garde mondiale en matière d’approvisionnement en technologies propres, tout en conservant leur compétitivité mondiale et les emplois dans le pays. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Biden, les entreprises ont annoncé des nouveaux investissements à hauteur de $160 milliards dans la fabrication de véhicules propres aux États-Unis, et le secteur de la fabrication automobile aux États-Unis a créé plus de 100 000 emplois dans le pays.

Sources: The Guardian, CNN

Planète et société

Des microbes « mangeurs de méthane » : une solution pour réduire les émissions liées au réchauffement climatique

D’après de récentes études, le méthane a été estimé comme 83 fois plus dangereux pour l’atmosphère que le CO2 au cours des 20 dernières années. Alors que certains des plus grands producteurs de pétrole et de gaz du monde se sont engagés à réduire considérablement les émissions de méthane d’ici 2030, la plus grande source d’émission reste l’agriculture, en particulier la production bovine et laitière. Néanmoins, ces émissions se sont avérées difficiles à éviter. Ainsi, la start-up Windfall Bio a lancé une nouvelle technologie de capture du méthane qui convainc désormais de grands investisseurs comme le Climate Pledge Fund d’Amazon et Breakthrough Energy Ventures. Fondée en 2022, l’entreprise californienne vend en réalité des microbes mangeurs de méthane, appelés « mems », à de grands producteurs comme des fermes, des installations de traitement des déchets, des sites d’enfouissement et des producteurs de pétrole et de gaz. En plus de détruire le méthane, le procédé produit également des engrais organiques que les clients peuvent utiliser sur leurs propres fermes ou revendre. Les mems peuvent donc être un moyen de transformer les émissions nocives en une substance utile et une source de revenus, a déclaré Josh Silverman, co-fondateur et directeur général de Windfall Bio. D’autres start-ups travaillent également sur la lutte contre les émissions de méthane, avec de nouvelles solutions comme de nouveaux vaccins pour les élevages. 

Sources : Bloomberg, Financial Post, RTBF

News entreprises

Iberdrola investit $45 milliards dans l’expansion de son réseau et des énergies renouvelables d’ici 2026

-          Entreprise : Iberdrola 

-          Secteur : UTILITIES

-          Note trèfle : 6/10

En mars, le fournisseur mondial d’énergie et d’électricité Iberdrola a annoncé un important programme d’investissement axé sur l’électrification, s’engageant à allouer €41 milliards à son réseau et aux énergies renouvelables de 2024 à 2026, et à embaucher près 10’000 personnes. Le plan stratégique met l’accent sur la croissance du réseau, qui représente 60 % des investissements prévus, dont environ les 2/3 cibleront la distribution et un tiers le transport. Iberdrola estime que les investissements se traduiront par une augmentation de sa base d’actifs de réseau de 38% en 2026, et par une diversification géographique accrue, avec plus de 40 % des investissements prévus aux États-Unis. Le plan prévoit également des investissements de près de €15 milliards dans les énergies renouvelables, dont plus de la moitié dans des projets éoliens offshores aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France et en Allemagne. Les investissements comprennent également €2,8 milliards pour l’acquisition annoncée précédemment par Iberdrola des 18,4% de sa filiale américaine Avangrid, avec €5 milliards de dépenses renouvelables à contribuer par les partenaires dans les projets déjà identifiés.

Sources: Reuters, ESG Today

 

Phillips 66 transforme une ancienne raffinerie de pétrole pour la production de carburant renouvelable

-          Entreprise : Phillips 66

-          Secteur : ENERGY

-          Note trèfle : 4/10

Le raffineur indépendant américain Phillips 66 a déclaré qu'il en était aux dernières étapes de la conversion d'une raffinerie de pétrole en Californie en une usine de carburants renouvelables d'une capacité de 30 000 barils par jour d'ici la fin du deuxième trimestre 2024. L'installation de Rodeo Renewed Project représente désormais l’une des plus grandes installations de carburant renouvelable au monde. En 2022, le groupe avait annoncé son intention de convertir la raffinerie en complexe d’énergie renouvelable Rodeo, qui ne traiterait plus de pétrole brut au profit des huiles usées, des graisses et des huiles végétales pour produire plutôt 800 millions de barils par année de carburants de transport renouvelables, y compris le diesel renouvelable, l’essence renouvelable et les carburants d’aviation durables (SAF).

Sources: Yahoo!Finance, ESG Today

 

Nestlé lance des nouveaux projets pour réduire les émissions dans sa chaîne d’approvisionnement du cacao

-          Entreprise : Nestlé

-          Secteur : FOOD, BEVERAGE & TOBACCO

-          Note trèfle : 5/10

Nestlé, qui détient les plus grandes marques de chocolat dont Kit Kat et Nesquick, est l’un des plus grands consommateurs de cacao au monde, approvisionnant environ 430’000 tonnes par an en majeure partie en provenance du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Selon l’entreprise, l’approvisionnement en ingrédients représente plus de 70 % des émissions de gaz à effet de serre de Nestlé, dont environ 25 % à 35 % des émissions totales d’ingrédients causées par la dégradation de la biodiversité. En 2024, Nestlé a donc lancé deux nouveaux projets visant à réduire les émissions CO2 de sa chaîne d’approvisionnement du cacao afin d’atteindre son objectif de réduction des émissions CO2 de 20 % d’ici 2025. Développés avec ses fournisseurs, les nouveaux projets à horizon 5 ans favoriseront l’agroforesterie, accéléreront la transition vers une agriculture régénératrice et soutiendront le reboisement des terres dégradées autour des communautés cacaoyères. Les nouveaux projets viseront également à planter plus de deux millions d’arbres d’ombrage sur des terres gérées par près de 20 000 agriculteurs au Ghana et en Côte d’Ivoire, et devraient permettre de réduire les émissions CO2 de plus de 500 000 tonnes sur 20 ans.

Sources: ESG Today, Carbon Credits

Etudes

A Medellín, en seulement trois ans des "corridors verts" font leurs preuves pour rafraichir la ville

Parfois appelée la "ville du printemps éternel", le climat tempéré de Medellin a longtemps attiré les touristes du monde entier tout au long de l’année, mais l’urbanisation croissante l’a également exposée à l’effet d’îlot de chaleur urbain, où les bâtiments et les routes retiennent la chaleur. En 2016, Medellin, soit la deuxième plus grande ville de Colombie après Bogotá, a lancé son programme de "corridors verts" en raison des préoccupations concernant la pollution atmosphérique et la hausse de la chaleur. Composé de plus de 30 couloirs verts, ce programme comprend des bordures de routes nouvellement végétalisées, des jardins verticaux, des ruisseaux et des parcs. Au départ, le projet consistait à planter près de 2,5 millions de nouvelles plantes et 880 000 arbres dans la ville d’ici 2021, en vue de relier les espaces verts de la ville à travers des avenues entourées d’arbres et d’ombre. L’investissement initial du projet fut chiffré à un total de $16,3 millions, avec entretien annuel a estimé à près de $625 000 en 2022, selon le gouvernement local.

Le projet est maintenant bien connu dans le monde entier en raison de ses résultats frappants dans le refroidissement de la ville. En plus de réduire la chaleur, les experts disent qu’il est prometteur pour améliorer la qualité de l’air et qu’il a ramené la faune dans la ville. Grâce au programme Green Corridors, les températures de Medellin ont chuté de près de 2 °C au cours des 3 premières années, et les autorités prévoient une nouvelle baisse de 4 à 5 °C au cours des prochaines décennies, tout en prenant compte des changements climatiques. Les experts saluent également la réduction du besoin de climatisation énergivore. Une autre étude a également estimé qu’un couloir végétalisé, comme ceux installés à Medellin, permettait en moyenne d’absorber près de 160 700 kg de CO2 par an et qu’au cours du siècle prochain, 2 308 500 kg de CO2 seraient absorbés (soit à peu près l’équivalent de 500 voitures retirées du trafic routier).

Sources: Reasons to Be Cheerful, Karuna News, C40 Cities

Sustainability Newsletter 52