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Sustainability Newsletter #53

 Publiée le 13/05/2024

#Le chiffre du mois - 5 fois

Les déchets électroniques augmentent 5 fois plus vite que leur taux de recyclage

La planète croule sous les e-déchets. C’est la conclusion du dernier rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) publié en mars. Propulsé par une digitalisation et une électrification constante aux quatre coins du globe, la quantité d’équipements électriques et électroniques a atteint 96 millions de tonnes en 2022, entrainant dans son sillon une augmentation massive des déchets liés. En douze ans, ces derniers ont presque doublé : en 2022, le monde a ainsi produit 62 millions de tonnes de déchets électroniques.

Bien que l’Asie et l’Amérique représentent les régions produisant les plus grosses quantités de e-dechets au monde, ce classement change drastiquement lorsqu’on s’intéresse à la répartition par habitant. En effet, en termes de production de e-dechets par habitant, c’est l’Europe qui arrive en tête avec près de 17,6kg/habitant. Pourtant si les déchets explosent, le recyclage, lui, ne suit pas. Ces dernières années, seulement 22,3% des équipements mis au rebut ont été collecté et recyclés de manière écologique. Les auteurs du rapport soulignent que la production de déchets électroniques augmente cinq fois plus vite que le taux de recyclage. Derrière ce manque de traitement des e-déchets, les experts de l’ONU pointent “les progrès technologiques, une consommation plus élevée, des options de réparation limitées, des cycles de vie courts, une numérisation croissante et des infrastructures inadéquates de gestion des déchets électroniques.” Le recyclage des équipements électroniques mis au rebus représenterait pourtant une opportunité économique. Si les coûts associés sont aujourd’hui plus élevés que les bénéfices, la situation pourrait rapidement s’inverser, projettent les auteurs du rapport. Dans le cas où le taux de recyclage mondial atteindrait 60% en 2030, “l’amélioration de la gestion des déchets électroniques” pourrait même “se traduire par un bénéfice net mondial de $38 milliards”, souligne Ruediger Kuehr, responsable du programme Sustainable Cycles au sein de l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (Unitar).

Sources : The Straits Times, Novethic, UN Report

Tendances et Initiatives

Ultra fast-fashion : Shein et Temu passent en “mode avion” et mettent le fret aérien sous tension

La fast-fashion s’envole et son empreinte carbone aussi. Déjà critiquée pour son modèle basé sur la surconsommation, ses impacts sociaux et la toxicité de certains de ses produits, elle est également pointée du doigt pour son usage exponentiel du fret aérien. Une pratique qui permet aux deux nouveaux géants de l’e-commerce de réduire leurs délais de livraison entre la Chine, où sont conçus et produits les articles dans un temps record, et le reste du monde : de cinq à six semaines en bateau, l’expédition des colis est réduite à seulement quelques jours par les airs. Résultat, alors que les marques d’ultra fast-fashion chinoises gagnent progressivement des parts de marché en Europe et aux Etats-Unis, la demande explose depuis mi-2023, allant jusqu’à “bouleverser l’industrie mondiale du fret aérien” rapporte Reuters. Selon les chiffres collectés par Reuters auprès de l’organisme Cargo Facts Consulting, Shein expédierait ainsi près de 5 000 tonnes de produits par jour, tandis que Temu transporterait quotidiennement 4 000 tonnes de marchandises par les airs. Le phénomène est tel que la fast-fashion affréterait aujourd’hui 1/3 des avions-cargos longue distance mondiaux. Si la production des matières premières et la confection des vêtements représentent la source la plus importante d’émissions de gaz à effet de serre de l’industrie textile, la part des transports augmente largement lorsque le fret aérien est privilégié. Selon les auteurs du rapport publié par Public Eye, l’impact carbone d’un produit expédié par les airs serait alors 14 fois plus important qu’un vêtement transporté par bateau.

Sources : Reuters, Novethic, Public Eye

Finance durable

Le Parlement européen approuve une nouvelle loi pour stimuler la fabrication des technologies clés de décarbonisation

En avril, les législateurs du Parlement européen ont voté en faveur de l'adoption de la loi Net-Zero industry Act (NZIA), une nouvelle loi visant à soutenir la fabrication européenne des technologies clés nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques et énergétiques de l'Europe. La NZIA a été initialement proposée par la Commission européenne en mars 2023, constituant l'un des éléments clés de sa stratégie de Plan industriel pour le Green Deal et visant à renforcer la compétitivité des industries européennes. La nouvelle législation soutient une série de 19 technologies spécifiques, allant des technologies solaires photovoltaïques et thermiques, aux énergies renouvelables terrestres et offshore, en passant par les batteries et le stockage, les pompes à chaleur et les technologies de réseau. Le projet détaille une série d'actions ciblées pour soutenir le développement en Europe, notamment en simplifiant les processus d'autorisation, en fixant un objectif d'atteindre 50 millions de tonnes de stockage de CO2 annuel d'ici 2030, ainsi qu'en introduisant des critères de durabilité et de résilience dans les marchés publics et les appels d'offres. La NZIA fixe également des objectifs pour que l'UE produise au moins 40% de ses besoins annuels en déploiement pour les technologies nécessaires à l'atteinte des objectifs énergétiques d'ici 2030, ainsi que pour capturer 15% de la valeur marchande mondiale de ces technologies.

Sources : ESG Today, Jones Day

Planète et société

TikTok Lite suspend son nouveau système de récompenses dans la zone UE, accusé de susciter l’addiction aux écrans

En avril, le réseau social TikTok a annoncé suspendre « volontairement » la fonction de sa nouvelle application TikTok Lite, qui récompense les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans. Cette mesure fait suite à l’ouverture d’une enquête de la Commission européenne, qui a estimé que le mécanisme posait « des risques graves pour la santé mentale des utilisateurs » et a menacé de sanctionner le réseau social chinois. En effet, TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, avait lancé fin mars un nouveau service controversé en France et en Espagne. TikTok Lite récompense les utilisateurs avec des jetons s’ils se connectent quotidiennement pendant 10 jours, s’ils passent du temps à regarder des vidéos et s’ils accomplissent certaines actions, comme aimer des vidéos et suivre des créateurs de contenus. Ces pièces sont ensuite échangeables contre des cartes-cadeaux sur des sites partenaires, comme Amazon.

La Commission européenne souligne pourtant que la plate-forme n’a pas communiqué à Bruxelles, avant son lancement, une évaluation des risques, conformément à ses obligations dans le cadre du nouveau règlement européen sur les services numériques (DSA). La plate-forme chinoise était déjà sous le coup d’une enquête de la Commission, ouverte en février, pour des manquements présumés en matière de protection des mineurs. Ainsi, le commissaire européen au numérique a précisé que les procédures engagées concernant « le risque d’addiction » à la plate-forme se poursuivaient.

Sources : Le Monde, CNN, Yahoo Finance

 

Les compagnies low-cost « dopent » les émissions carbones du secteur aérien

Le trafic aérien repart de plus belle. Freiné durant plusieurs mois par la crise sanitaire et les confinements successifs, le secteur a vite su rebondir, se rapprochant l’année dernière des niveaux historiques relevés en 2019. Une “reprise incontrôlée” boostée par les compagnies low-cost selon une étude de Transport & Environment (T&E) publiée en Avril. “Ce rebond de l’aérien est dopé par les compagnies low-cost, qui ont augmenté leur nombre de vols de +13% l’année dernière”, souligne dans un communiqué la directrice Aviation à T&E. Trois compagnies sont particulièrement pointées du doigt par cette croissance : Ryanair, easyJet et Wizz Air. Résultat, sans surprise, les émissions de gaz à effet de serre explosent elles aussi, atteignant près de 20,3 millions de tonnes de CO2 l’année dernière. Dans le top 10 des compagnies les plus polluantes, T&E classe ainsi easyJet, Transavia et Ryanair parmi les pires élèves européens. A noter qu’au niveau européen, la compagnie britannique occupe la première position du classement avec près de 15 millions de tonnes de CO2 émises en 2023, avec une hausse de 48% de ses émissions CO2 par rapport à 2019. La tendance ne devrait pas s’inverser dans les prochains mois. L’association du transport aérien international (IATA) attend pour 2024 un nouveau record de trafic aérien mondial. Selon les prévisions de l’organisme, il pourrait pour la première fois dépasser les niveaux pré-covid avec 4,7 milliards de voyageurs.

Sources : Novethic, The Brussels Times, Transport & Environment

News entreprises

Nestlé détruit 2 millions de bouteilles de Perrier suite à une contamination bactérienne

-          Entreprise : Nestlé

-          Secteur : Food & Beverages

-          Note trèfle : 5/10

Les scandales se succèdent à un rythme effréné pour le géant suisse de l’alimentaire, qui voit ses évaluations de durabilité s’affaiblir d’année en année. En avril, le géant de l’alimentaire a été contraint par arrêté préfectoral de détruire deux millions de bouteilles de sa marque Perrier, pour cause de présence de bactéries d’origine fécale dans l’un de ses puits d’exploitation. À la suite de l’annonce, Nestlé a dévissé en Bourse à -3,3%, son action étant en chute de -22% sur un an. Ces nouvelles révélations vont sans aucun doute encore fragiliser le groupe qui avait déjà dû admettre publiquement en début d’année avoir eu recours en France et en Suisse à des traitements interdits sur les eaux minérales (désinfection par lampe UV, filtration sur charbon actif), pour garantir une consommation sans risque. Déjà mis sous pression par ses actionnaires sur les aliments sains lors de sa dernière AG, le groupe qui a vu ses ventes chuter au premier trimestre et pourrait bien être davantage chahuté face aux nombreuses révélations qui voient le jour. En avril, une étude de l’ONG suisse Public Eye avait également montré que les produits pour bébé Nestlé vendus dans les pays émergents, contenaient plus de sucre que les mêmes vendus dans les pays occidentaux.

Sources : Le Monde, Public Eye, Novethic

 

Apple s’engage à utiliser 100 % d’énergie renouvelable dans sa chaine d’approvisionnement d’ici 2030

-          Entreprise : Apple

-          Secteur : Technology Hardware & Equipment

-          Note trèfle : 5/10

Apple a annoncé des progrès significatifs vers son objectif de décarbonisation de sa chaîne de valeur, notamment en révélant que plus de 320 fournisseurs - représentant 95% des dépenses directes de fabrication de l'entreprise - se sont engagés à utiliser 100% d'énergie renouvelable pour la production d'Apple d'ici 2030. Les émissions liées à la fabrication des produits représentent près des 2/3 de l'empreinte carbone d'Apple, l'utilisation d'électricité étant le principal contributeur. En octobre 2022, Apple a exhorté sa chaîne d'approvisionnement à décarboner l'ensemble de son empreinte carbone liée à Apple pour les scopes 1 et 2, et a informé les fournisseurs que les progrès vers ces objectifs seraient l'un des critères clés pris en compte lors de l'attribution des contrats. Depuis lors, l'utilisation d'énergie propre dans la chaîne d'approvisionnement d'Apple a augmenté rapidement, atteignant actuellement 16,5 GW, soit une hausse de 20% par rapport à l'année dernière et de plus de 55% par rapport à 2022. Apple a déclaré que sa chaîne d'approvisionnement avait généré plus de 25,5 millions de MW d'énergie propre l'année dernière, évitant ainsi plus de 18,5 millions de tonnes métriques d'émissions de carbone.

Sources : ESG Today, Energy Digital, Seneca

 

SSAB investie $5 milliards dans une nouvelle usine d'« acier vert », sans recours à l'énergie fossile

-          Entreprise : SSAB

-          Secteur : Materials

-          Note trèfle : 6/10

La société sidérurgique mondiale suédoise SSAB a annoncé son projet de construction d’une petite usine en Suède, capable de produire 2,5 millions de tonnes d’acier par an, sans émission de CO2. L’investissement total dans la nouvelle usine est estimé à €4,5 milliards, et le projet pourrait réduire les émissions de CO2 de la Suède à hauteur de 7%. La sidérurgie est l’un des plus grands émetteurs de CO2 au monde, les émissions totales de gaz à effet de serre du secteur représentant environ 8 % des émissions directes provenant de l’utilisation mondiale des combustibles fossiles. Selon SSAB, la nouvelle usine fonctionnera sans électricité fossile et n’utilisera que des sources d’énergie fossile. Le projet consistera en deux fours à arc électrique à la place des hauts fourneaux. Le démarrage de la nouvelle usine est prévu à la fin de 2028 avec une pleine capacité un an plus tard.

Sources : Reuters, ESG Today, Bloomberg

Etudes

Un début historiquement chaud pour l'année 2024

Les températures mondiales ont été exceptionnellement élevées au cours des quatre derniers mois, atteignant environ 1,6 °C au-dessus des niveaux préindustriels, suite au pic de l'actuel phénomène El Niño* début 2024. Bien que les marges restent faibles, les 11 derniers mois ont tous établi de nouveaux records de température. Le graphique ci-dessous montre comment la température mondiale jusqu'à présent en 2024 (ligne violette) se compare à chaque mois des différentes années depuis 1940 (avec des lignes colorées par décennie) dans l'ensemble de données de température de surface Copernicus.

 

Températures pour chaque mois de 1940 à 2024, Copernicus/ECMWF ERA5

Chaque mois à partir de juin 2023 - soit 11 mois consécutifs - a établi un record clair. Les quatre derniers mois ont chacun été environ 0,1 °C plus chauds que le précédent record établi lors de l'événement super El Niño de 2016.

Sources : Copernicus, RTBF, CarbonBrief

*El Niño : phénomène naturel qui affecte périodiquement diverses régions du monde, en particulier la région tropicale du Pacifique. Il se caractérise par un réchauffement inhabituel des eaux de surface de l'océan Pacifique équatorial, qui a un impact significatif sur le climat et l'environnement de la planète. Ce réchauffement passager perturbe les courants marins, ce qui entraîne aussi un bouleversement du climat.

Sustainability Newsletter 53