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Sustainability Newsletter #51

 Publiée le 11/03/2024

#Le chiffre du mois - $1 000 milliards

Des émissions d'obligations durables à hauteur de $1 000 milliards en 2024?

Selon un nouveau rapport publié par S&P Global Ratings, les volumes d'émission d'obligations vertes, sociales, et liées à la durabilité (GSSB) devraient connaître une forte croissance pour atteindre près de $1 000 milliards en 2024. Cette expansion serait due aux différentes pressions macroéconomiques, à un désir de transparence accrue, ainsi qu’à la demande croissante de projets de transition environnementale et énergétique.

Outre la croissance des volumes, S&P prévoit également une expansion des différents types d'obligations. Bien que les obligations vertes devraient continuer de dominer le marché, les obligations de "transition" et les obligations "bleues" devrait davantage se répandre. Les obligations de transition sont des obligations permettant d'aider les émetteurs actifs dans les secteurs considérés comme polluants à financer leur transition vers des modes de fonctionnement plus propres. Les obligations bleues, quant à elles, sont des instruments d'emprunt émis afin de financer des projets marins et océaniques aux retombées positives pour l’environnement, l’économie et le climat. 

Dans l'ensemble, S&P prévoit que la trajectoire de croissance des volumes d’obligations durables reflétera étroitement le marché plus large des obligations conventionnelles à mesure que le marché des obligations durables arrivera à maturité. 

Sources : S&P Global,  ESG Today

Tendances et Initiatives

Les vols au départ de Singapour devront progressivement utiliser du carburant durable à partir de 2026

Le ministre des Transports de Singapour, Chee Hong Tat, a dévoilé la feuille de route du Hub aérien durable de Singapour, introduisant des mesures visant à décarboniser le secteur de l'aviation du pays. Cette feuille de route, élaborée par l'Autorité de l'aviation civile de Singapour (CAAS) du ministère des Transports, exige que les vols au départ utilisent du carburant d'aviation durable (SAF) à partir de 1% en 2026, avec pour objectif d'atteindre 3 à 5% d'ici 2030. Le plan vise à réduire les émissions d'aviation intérieure de 20% provenant des opérations aéroportuaires d'ici 2030, le SAF étant prévu pour contribuer de manière significative. Le ministre Chee Hong Tat a souligné l'approche équilibrée de Singapour pour la croissance et la durabilité environnementale dans l'aviation, dans l'intention de catalyser le développement mondial de l'aviation durable.

Généralement produit à partir de ressources durables telles que des huiles usagées et des résidus agricoles, le SAF est considéré comme l'un des principaux outils pour décarboniser l'industrie de l'aviation à moyen terme. Les producteurs de SAF estiment que ces carburants peuvent entraîner des réductions des émissions de gaz à effet de serre tout au long du cycle de vie pouvant atteindre 85% par rapport aux carburants conventionnels. Cependant, les efforts visant à accroître de manière significative l'utilisation du SAF par les compagnies aériennes sont confrontés à des défis importants, notamment la faible offre actuellement disponible sur le marché et des prix bien supérieurs à ceux des carburants fossiles conventionnels. Le SAF représente actuellement moins de 0,1% du volume de carburant d'avion.

Sources : Reuters, ESG Today, La Tribune

 

L'UE adopte une nouvelle directive pour protéger les consommateurs contre le greenwashing 

Le Conseil européen a annoncé avoir adopté une directive visant à protéger les consommateurs contre des allégations écologiques trompeuses et d'autres pratiques de greenwashing, notamment en interdisant des déclarations environnementales génériques non vérifiées telles que "respectueux de l'environnement" ou "biodégradable", ainsi que celles basées sur des schémas de compensation des émissions.

Une récente étude de la Commission a révélé que plus de la moitié des allégations écologiques des entreprises de l'UE étaient vagues ou trompeuses, et dont 40 % d’entre elles étaient complètement non fondées. Les aspects clés de la nouvelle directive comprennent donc des règles visant à rendre les étiquettes de produits plus claires en interdisant l'utilisation de déclarations environnementales génériques non étayées par des preuves et en limitant l’utilisation de labels non-officiels. Le texte final de la directive mentionne également l'interdiction de déclarations basées sur des schémas de compensation carbone indiquant qu'un produit a un impact neutre, réduit ou positif sur l'environnement. La surveillance du suivi des déclarations liées à la performance environnementale future des produits est elle aussi renforcée dans le dernier texte de loi.

Une fois publiées dans le Journal officiel de l'UE, les États membres auront 2 ans pour intégrer les règles dans leur législation nationale. À la suite de l'adoption, Pierre-Yves Dermagne, Vice-Premier ministre belge et ministre de l'Économie et de l'Emploi, a déclaré : « Grâce à la directive adoptée aujourd'hui, les consommateurs seront mieux informés, mieux protégés et mieux équipés pour devenir de véritables acteurs de la transition verte. »

Sources : ESG TodayAEF Info

Finance durable

Le géant néerlandais des fonds de pension PFZW se sépare de 98 % des compagnies pétrolières et gazières en raison de l'absence d'action en faveur du climat

Le PFZW, l'un des plus grands fonds de pension d'Europe basé aux Pays-Bas, a annoncé s’être désengagé de ses investissements dans plus de 300 entreprises du secteur des énergies fossiles, y compris Shell, BP et TotalEnergies, en raison du manque de plans de décarbonisation convaincants. Seules sept entreprises de ce secteur subsistent désormais dans son portefeuille.

Cette annonce marque la fin d'un processus d'engagement de deux ans mené par le fonds de pension. Ce processus comprenait une série de critères de plus en plus stricts pour les entreprises pétrolières et gazières de son portefeuille. Une première vague de 114 entreprises a été cédée après avoir échoué à communiquer des objectifs de réduction des émissions, suivie par des entreprises n'ayant pas pris d'engagement envers l'objectif de l'Accord de Paris, et enfin celles qui n'ont pas élaboré des plans suffisants à court, moyen et long terme pour atteindre leurs objectifs alignés sur Paris. Au total, le PFZW s'est désengagé de ses investissements dans 310 entreprises, vendant pour €2,8 milliards de titres. Avec la fin du programme d'engagement dans le secteur pétrolier et gazier, le PFZW a indiqué qu'il ciblera désormais les grands consommateurs d'énergies fossiles, tels que les entreprises de production d'électricité et les producteurs de matériaux à forte empreinte carbone, et qu'il demandera à ces entreprises d'adopter des stratégies de transition ambitieuses.

Sources : ESG TodayZone Bourse

 

BlackRock étend ses capacités de proxy voting (vote par procuration) aux investisseurs individuels

Le géant de l'investissement BlackRock a étendu son programme Voting Choice (proxy voting) aux investisseurs individuels, notamment aux investisseurs particuliers détenant environ 200 milliards de dollars d'actifs dans son iShares Core S&P 500 ETF. Le "proxy voting" (vote par procuration) est un processus par lequel un actionnaire autorise une autre entité, appelée "proxy", à voter en son nom lors d'une assemblée générale d'une société. Cette pratique est couramment utilisée lorsque les actionnaires ne peuvent pas assister physiquement à une réunion, mais souhaitent néanmoins exercer leur droit de vote sur les décisions soumises à l'approbation des actionnaires.

Le programme Voting Choice, initialement introduit en 2021 pour certains clients institutionnels, s'étend désormais à plus de trois millions de comptes d'actionnaires du fonds négocié en bourse S&P 500. Cette expansion donne aux investisseurs particuliers le pouvoir d'influencer les choix de vote par procuration sur des questions telles que la rémunération des dirigeants, les initiatives climatiques et la gouvernance. BlackRock vise à évaluer l'intérêt des investisseurs, l'infrastructure de vote par procuration et l'expérience globale des utilisateurs pendant la phase pilote. L'extension rend Voting Choice disponible pour 2,6 billions de dollars de l'actif total sous gestion d'actions indicielles de BlackRock, représentant environ la moitié de l'actif total sous gestion d'actions indicielles de la société à l'échelle mondiale. Joud Abdel Majeid, responsable mondial de BlackRock Investment Stewardship, a souligné: "L'élargissement de l'accès à Voting Choice est une façon d'autonomiser les investisseurs en rendant le vote par procuration plus facile et plus accessible. Je suis ravi que plus de trois millions de comptes d'actionnaires supplémentaires disposent d'une solution efficace s'ils choisissent de participer au vote par procuration."

Sources : Business Wire, ESG Today

 

 

Planète et société

Johan Rockström reçoit le "prix Nobel de l'environnement" pour avoir identifié les limites de l'espace vital de la Terre

En Février, le scientifique suédois Johan Rockström a remporté le prix Tyler, souvent appelé le "Nobel de l'environnement", pour sa recherche novatrice sur les systèmes de soutien de la vie sur Terre. Le cadre des Limites Planétaires de Rockström définit 9 systèmes planétaires cruciaux, tels que la couche d'ozone, les ressources en eau, la biodiversité et la stabilité climatique, qui contribuent à réguler les conditions environnementales. Ses travaux révèlent que l'humanité aurait déjà dépassé six des neuf limites, plaçant la Terre en dehors de son espace d'exploitation sûr.

Dans une interview, Rockström exprime également des inquiétudes quant à la montée des mouvements nationalistes et populistes à court terme, soulignant l'importance du leadership politique pour contrer cette tendance. Il met en garde en particulier contre la réélection de Donald Trump, évoquant son scepticisme envers la science. Rockström reconnaît également le rôle crucial des États-Unis dans l'action climatique et souligne l'importance des actions de la Chine, en tant que plus grand émetteur actuel de CO2. Par conséquent, le Suédois exhorte les gouvernements et les entreprises à jouer un rôle crucial dans l'action climatique, en appelant notamment à une transition loin des combustibles fossiles ainsi qu’à une transformation simultanée des systèmes alimentaires mondiaux. Reconnaissant le besoin de ressources économiques derrière la transition verte, Rockström salue des politiques telles que l'Inflation Reduction Act et le système d'échange de quotas d'émission en Europe. Le scientifique propose notamment de rémunérer les agriculteurs pour les « services écosystémiques » et de mettre en œuvre des politiques telles qu'un moratoire universel sur la déforestation des forêts tropicales et des prix mondiaux sur le méthane et les émissions CO2.

Sources : The Wall Street JournalEarth CommissionStockholm Resilience Center

 

Un recycleur cambodgien transforme des tonnes de bouteilles en plastique en balais

Dans un petit entrepôt de la capitale cambodgienne, un groupe de travailleurs transforme chaque jour des bouteilles en plastique usagées en bandes, les utilisant pour fabriquer des brins de balais, produisant ainsi environ 500 balais par jour. Depuis 11 mois, ils ont transformé environ 40 tonnes de bouteilles en plastique jetées, soit environ 5 000 bouteilles par jour, en les recyclant en balais qu'ils affirment être plus robustes que les brosses ordinaires. Ces balais se vendent entre 10 000 riel (2,50 $) et 15 000 riel (3,75 $) chacun. Les bandes de plastique provenant des bouteilles vides sont rassemblées sur une machine, puis ramollies dans de l'eau chaude et coupées uniformément pour être cousues avec des fils métalliques aux extrémités d'un bâton de bambou. Has Kea, entrepreneur cambodgien de 41 ans, souhaite réduire la pollution plastique dans sa communauté, dans une ville qui produit jusqu'à 38 000 tonnes de tous types de déchets chaque jour, selon son département de l'environnement. Kea achète des bouteilles en plastique vides auprès de collecteurs de déchets et de dépôts d'ordures. Avec cette source apparemment inépuisable, il est confiant dans la pérennité de son entreprise. L’entrepreneur est également ouvert à l'arrivée de concurrents sur le marché. "Cela contribue également à réduire la pollution de l'environnement et encourage les gens à collecter des bouteilles en plastique pour nous les vendre à un prix plus élevé, ce qui, en retour, pourrait leur permettre de gagner mieux leur vie", a-t-il déclaré.

Sources : RTBF, Reuters

News entreprises

Walmart atteint son objectif de réduire d'un milliard de tonnes les émissions de sa chaîne d'approvisionnement 6 ans avant la cible de 2030

-          Entreprise : Walmart Inc.

-          Secteur : FOOD & STAPLES RETAILING

-          Note trèfle : 4/10

Le géant de la vente au détail, Walmart, a annoncé en février qu'il avait atteint son objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 1 milliard de tonnes métriques dans l'ensemble de sa chaîne d'approvisionnement de produits, atteignant cet exploit six ans avant sa cible de 2030. L'objectif avait été initialement fixé par Walmart en 2017, lors du lancement du projet Gigaton de l'entreprise, son initiative visant à mobiliser les fournisseurs, ainsi que des ONG et d'autres parties prenantes, dans des actions climatiques visant à réduire ou éviter un gigaton d'émissions de GES de la chaîne de valeur mondiale de Walmart d'ici 2030. Walmart a signalé que, jusqu'à présent, plus de 5 900 fournisseurs ont adhéré à cette initiative. Dans un message mettant en avant cette réalisation, la directrice du développement durable de Walmart, Kathleen McLaughlin, a déclaré que l'entreprise travaillait à élargir le projet Gigaton. L'objectif serait d'améliorer les estimations de l'empreinte du Scope 3, d'identifier les émissions de la chaîne de valeur adressables et incontrôlables, et de déterminer des interventions rentables et techniquement réalisables pour réduire les émissions.

Sources : Wall Street Journal, ESG Today, Altivia

 

AXA IM incite les entreprises à rendre compte de leurs activités de lobbying climatiques dans sa politique de vote

-          Entreprise : AXA

-          Secteur : INSURANCE

-          Note trèfle : 7/10

En février, le gestionnaire d'actifs mondial AXA Investment Managers (AXA IM) a annoncé avoir mis à jour sa politique de gouvernance d'entreprise et de vote avec des attentes ESG plus strictes pour les entreprises, incluant un engagement à cibler les entreprises fortement émettrices faisant pression contre les objectifs de l'Accord de Paris. Selon AXA IM, cette nouvelle politique intervient dans un contexte de réaction politique croissante contre la réglementation liée au climat, contrastant avec la nécessité urgente d'une intervention politique efficace pour permettre une transition juste et ordonnée, soulignant l'importance des problématiques de lobbying climatique. Cette annonce marque un renforcement supplémentaire des attentes ESG d'AXA IM pour les entreprises, y compris l'établissement d'un calendrier pour se désinvestir des retardataires en matière climatique et des exigences pour que la rémunération incitative de la direction intègre des éléments ESG et climatiques. En plus des attentes de lobbying climatique, d'autres changements clés annoncés par AXA IM à sa politique incluent la promotion de structures de rémunération plus équitables, la firme ne soutenant pas les augmentations de salaire des cadres supérieurs lorsque celles-ci semblent être plus élevées que celles du personnel plus large. 

Sources : AEF Info, ESG Today

 

Apple condamné à une amende de $2 milliards par l'UE pour conditions commerciales déloyales

-          Entreprise : Apple Inc

-          Secteur : INFRASTRUCTURE & PLATFORM ENABLERS

-          Note trèfle : 5/10

En février, Apple s'est vu infliger une amende de 2 milliards de dollars par la Commission européenne pour avoir limité la concurrence de ses rivaux dans le domaine de la diffusion de musique en continu en imposant des restrictions sur son App Store. C'est la première fois qu’un fabricant de smartphone est sanctionné pour avoir enfreint les règles de l'UE en raison de conditions commerciales déloyales. L'amende initiale de 40 millions d'euros a été majorée d'une somme forfaitaire substantielle à titre dissuasif, une mesure inédite de la part des autorités antitrust de l'UE. La Commission a accusé Apple d'empêcher Spotify d'informer les utilisateurs des possibilités de paiement en dehors de l'App Store, sur la base d'une plainte déposée par Spotify en 2019. La Commission a ordonné à Apple de mettre fin à ces pratiques. Malgré l'intention d'Apple de faire appel, la décision du Tribunal de Luxembourg, la deuxième plus haute juridiction européenne, devrait prendre plusieurs années. Pendant cette période, Apple devra payer l'amende et se conformer aux directives de l'UE.

Sources : Zone Bourse, Reuters, Wall Street Journal

Etudes

Le soutien mondial à l'action climatique "systématiquement sous-estimé"

La recherche, récemment publiée dans Nature Climate Change, a mené une vaste enquête auprès de près de 130 000 participants dans près de 125 pays différents. Les résultats indiquent un solide soutien mondial à l'action climatique, avec 86 % des répondants approuvant des normes sociales pro-climat. De plus, une écrasante majorité de 89 % a exprimé le désir d'efforts accrus de la part des gouvernements pour lutter contre le changement climatique. Finalement, l’étude révèle que près de 69 % des participants se sont déclarés prêts à contribuer à hauteur de 1 % de leur revenu pour faire face au réchauffement planétaire.

[Graphe] La part des répondants qui déclarent vouloir contribuer jusqu’à 1 % de leurs revenus pour lutter contre le changement climatique :

Une découverte clé de cette étude réside dans "l’écart de perception" généralisé parmi les répondants. Malgré les niveaux élevés d'engagement personnel, les individus ont systématiquement sous-estimé la volonté de leurs pairs d'agir contre le changement climatique. Selon l'étude, 114 des 125 pays enquêtés se considèrent prêts à supporter un coût personnel pour lutter contre le changement climatique, pourtant 96 % d'entre eux pensent que moins de la moitié de leurs concitoyens ne seraient pas prêts à faire de même. Par conséquent, les chercheurs soutiennent que la correction de cet écart de perception est cruciale, car les individus sont des "coopérateurs conditionnels", à savoir qu’ils contribueraient davantage au bien public lorsqu'ils pensent que les autres en font autant.

L'entretien avec les auteurs met en avant leur surprise face à l'approbation généralisée de l'action climatique, surtout compte tenu du pessimisme mondial répandu. Ils soulignent que dans 114 des 125 pays interrogés, une majorité d'individus a exprimé son engagement à lutter contre le réchauffement climatique. Les chercheurs insistent sur la nécessité de déplacer le récit, passant de la focalisation sur les sceptiques du changement climatique à la communication efficace de la volonté de la vaste majorité d'agir contre le changement climatique et de leurs attentes envers les gouvernements du monde entier. Les auteurs soulignent que l’objectif de cette étude vise à initier un débat sur ce sujet et à sensibiliser au soutien mondial en faveur de l'action climatique.

Sources : Carbon Brief, Nature Climate Change

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