Quels marchés boursiers recèlent le meilleur potentiel de hausse ?
Neutres sur les Etats-Unis en raison d'un potentiel limité
Le marché actions américain est parvenu à se hisser à de nouveaux sommets historiques grâce à la dépréciation de 8% du billet vert en termes pondérés des échanges commerciaux, et ce malgré l'évanouissement des espoirs de voir se concrétiser les larges mesures de relance de la croissance annoncées par l'administration Trump. Toute chute de 10 points de pourcentage du dollar américain correspond à une augmentation de la croissance bénéficiaire d'environ 4 points de pourcentage. Selon nous, le dollar devrait à l'avenir reconquérir une partie du terrain cédé et les marges devraient commencer à être mises sous pression en raison de la hausse des salaires. Fort heureusement, la meilleure croissance des ventes devrait atténuer l'impact des salaires sur les marges. Ainsi, il est fort probable que la croissance bénéficiaire soit comprise entre 7% et 9% en 2018 et que les cours boursiers battent une nouvelle fois les records. Nous maintenons néanmoins notre positionnement neutre sur les titres américains en raison de leurs valorisations. Ces valeurs intègrent déjà un scénario optimiste. Si, en regard des obligations, les valorisations ne semblent pas onéreuses, c'est uniquement car celles des titres obligataires le sont encore plus.
Opinion positive à l'égard des marchés actions de la zone euro en raison du potentiel de rattrapage des bénéfices et des valorisations intéressantes
A la mi-mai, les marchés actions de la zone euro avaient renoué avec leur plus haut de 2015. Depuis, cette bonne performance a été considérablement entamée par la hausse de 8% de l'euro en termes pondérés des échanges commerciaux. Une appréciation de 10% de l'euro soustrait environ 6 points de pourcentage à la croissance du bénéfice par action dans la zone euro ; les révisions bénéficiaires sont par ailleurs fortement corrélées à la monnaie unique. Les circonstances idéales pour une surperformance des titres de la zone euro sont les suivantes : anticipation d'une période de faiblesse de l'euro, signes de tendances économiques robustes tant au niveau domestique que des exportations, levier d'exploitation élevé et conditions monétaires durablement accommodantes. Les rachats d'actions et les activités de fusions-acquisitions représentent également des facteurs positifs, de même que les valorisations. L'on doit également s'attendre à de forts afflux de capitaux en provenance des investisseurs étrangers dès lors que le contexte politique s'est sensiblement amélioré.
Potentiel de surperformance au Japon sur fond de valorisations attrayantes et de fondamentaux solides
Les dernières actualités indiquent que la demande domestique est désormais le principal moteur de performance et que le commerce reste prometteur. Il est de plus en plus manifeste que la période déflationniste se termine enfin. Le Japon étant le marché le plus pro-cyclique, ces tendances apportent un grand soutien à une croissance bénéficiaire solide et à la conviction selon laquelle le pays est bien positionné pour surperformer. Par ailleurs, les tendances des différentiels de taux d’intérêt devraient entraîner la valeur du yen à la baisse, ce qui, par le passé, s'est avéré favorable aux titres nippons. Une autre grande corrélation positive est celle qui existe entre la hausse des rendements obligataires, que nous anticipons, et celle du marché actions japonais. Notons enfin que les valorisations sont attrayantes et renforcent le potentiel de surperformance.
Neutres sur le Royaume-Uni en raison de fondamentaux médiocres
La sous-performance devrait rester de mise. Les tendances domestiques sont préjudiciables : la confiance des consommateurs s'est effritée et la croissance des salaires réels est passée en territoire négatif, la confiance des entreprises étant pour sa part victime des incertitudes liées au Brexit. Dans l’ensemble, les perspectives bénéficiaires sont médiocres pour les secteurs tournés vers la consommation intérieure. Etant donné que 70% des revenus du FTSE 100 sont générés en dehors du Royaume-Uni, ces tendances domestiques importent moins que les activités dans le reste du monde, qui incitent à l'optimisme compte tenu notamment de la faiblesse de la livre sterling. Nous restons cependant neutres en raison de la ventilation sectorielle de l'indice, plus défensive que pour d'autres pays ; cela se traduit par un potentiel de croissance des bénéfices plus tempéré pour les trimestres à venir, mais aussi par un rendement du dividende plus élevé que la moyenne (4,2% contre 2,4%). Les valorisations sont en ligne avec leurs moyennes de long terme.
Neutres sur la Suisse en raison de sa nature défensive
Les perspectives économiques sont favorables, l'indice PMI ayant atteint un nouveau plus haut cyclique et l'indicateur avancé KOF correspondant à une période de croissance robuste. Mais, tout comme pour le Royaume-Uni, ce sont les perspectives de l'économie mondiale et la nature plus défensive du marché actions suisse qui prévalent. Au rayon des bonnes nouvelles, le récent affaiblissement du franc viendra soutenir les ventes et les bénéfices. Côté mauvaises nouvelles, le levier d'exploitation est limité, 59% du marché relevant de secteurs défensifs, ce qui limite le potentiel haussier de la croissance bénéficiaire, qui se situe par ailleurs en deçà de la moyenne mondiale. Les valorisations absolues étant supérieures aux moyennes à long terme (sauf le rendement du dividende, à un joli 3%) et le ROE légèrement inférieur, nous maintenons notre position neutre.
Maintien du positionnement neutre sur les marchés émergents
La plupart des indicateurs (resserrement de la liquidité, hausse des taux d'intérêt, détérioration des tendances générales et plus ciblées au niveau des devises, repli prochain de l'immobilier et autres investissements, etc.) témoignent d'un certain ralentissement de la croissance en Chine. Les carnets de commandes s'allègent en Amérique latine et en Asie émergente. Les exportations dans les marchés émergents sont en perte de vitesse. Ces tendances appellent à une certaine prudence à court terme. A moyen terme, nous sommes toujours convaincus que le ralentissement en Chine sera contenu et que l'écart de croissance entre les marchés émergents et développés finira par se creuser une nouvelle fois, au profit des premiers. D'un point de vue historique, il s'agit d'un moteur clé de performance relative des marchés émergents. Pour l'heure cependant, l'excès de confiance du marché quant au nombre de relèvements de taux de la Fed, les anticipations de hausse des rendements obligataires et du dollar américain (les marchés émergents sous-performent 72% du temps lorsque le dollar se raffermit) et les perspectives de stabilisation des cours des matières premières sont autant de facteurs qui nous poussent à rester neutres, avec une préférence pour l'Asie à moyen terme. Dans notre dernier commentaire, nos perspectives tablaient sur un second semestre en deux temps : une phase de consolidation suivie d’une phase de reprise de la tendance haussière. Cette dernière devrait être alimentée par les marchés actions dits à bêta élevé et pro-cycliques. Ce scénario ne signifie pas que de nouveaux plus hauts sont exclus sur le marché actions américain.
Conclusion
Dès lors que nous anticipons un environnement économique parfaitement favorable dans un avenir prévisible, nous sommes convaincus que la zone euro et le Japon, à savoir les marchés les plus pro-cycliques, présentent le meilleur potentiel de hausse.